Manifestation contre une retenue d'eau dans les Deux-Sèvres, à Sainte-Soline, le 25 mars 2023.
Manifestation contre une retenue d'eau dans les Deux-Sèvres, à Sainte-Soline, le 25 mars 2023. THIBAUD MORITZ

Méga bassines à Sainte-Soline: retour en images sur les affrontements qui ont viré au chaos

La manifestation interdite contre une retenue d'eau dans les Deux-Sèvres a rassemblé samedi 30.000 personnes selon ses organisateurs et 6000 personnes selon la préfecture.

Une nouvelle manifestation interdite contre les bassines a donné lieu à de violents affrontements samedi à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, où des milliers de personnes ont convergé, dont de nombreux militants radicaux, éclipsant le débat sur le partage de l'eau.

Des manifestants regardent un véhicule de gendarmes brûler ce samedi 25 mars 2023. THIBAUD MORITZ
Un véhicule de la gendarmerie française brûle lors d'affrontements ce samedi 25 mars 2023. PASCAL LACHENAUD

La première ministre Élisabeth Borne a dénoncé, sur twitter, un «déferlement de violence intolérable», mettant en cause «l'irresponsabilité des discours radicaux qui encouragent ces agissements».

La jambe d'un manifestant blessé. PASCAL LACHENAUD

Selon un dernier décompte fourni par le parquet de Niort, les secours ont pris en charge sept manifestants blessés, dont trois traités en urgence absolue et hospitalisés ; 28 gendarmes ont été blessés, dont deux hospitalisés en urgence absolue. Deux journalistes ont été touchés.

Les organisateurs évoquent, eux, un bilan beaucoup plus lourd, avec 200 manifestants blessés. Le parquet qui a ouvert une enquête a pour la première fois indiqué qu'un manifestant dans le coma était entre la vie et la mort.

Des gendarmes se tiennent à côté de voitures de gendarmes en feu. PASCAL LACHENAUD

Au moins 6000 personnes selon la préfecture, jusqu'à 30.000 selon les organisateurs - le collectif d'associations «Bassines non merci», le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne - ont convergé vers une bassine en chantier à Sainte-Soline, dans le but de «stopper» la construction de ce réservoir à ciel ouvert, destiné à l'irrigation agricole, contesté de longue date.

Ils ont trouvé face à eux plus de 3000 gendarmes et policiers mobilisés pour défendre le site, les autorités dénonçant la présence dans le cortège «d'au moins un millier d'activistes violents», «prêts à en découdre».

Des gendarmes mobiles en quad tirent des grenades lacrymogènes en direction des manifestants. THIBAUD MORITZ

Autorités et organisateurs se renvoient la responsabilité des affrontements. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé la violence «inexcusable» de «l'extrême gauche», tandis que les organisateurs ont mis en cause une «violence absolument criminelle» des forces de l'ordre.

La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier, présente dans le cortège dont la majeure partie est restée pacifique, a dénoncé auprès de l'AFP des tirs de grenades vers des personnes blessées et l'intervention de quads, «une sorte de BRAV-M des champs», allusion à une unité de police motorisée controversée.

Affrontements entre gendarmes et manifestants. THIBAUD MORITZ
Affrontements entre gendarmes et manifestants. YOHAN BONNET

À l'approche du site, aux allures de bastion médiéval avec son talus entouré par les forces de l'ordre, de violents affrontements se sont produits durant une heure, transformant l'endroit en scène de guerre, avec de fortes détonations et des véhicules en feu.

Les assaillants ont fait usage «de mortiers d'artifices, de chandelles romaines et de cocktails molotov de forte contenance» parmi d'autres projectiles, selon la gendarmerie qui a riposté avec 4000 grenades de gaz lacrymogènes et de désencerclement, et en utilisant des LBD.

Aucune interpellation n'a pu être réalisée durant la manifestation, selon le parquet. Onze personnes avaient été interpellées en amont lors de contrôles qui ont permis la saisie de nombreuses armes.

De violents affrontements se sont produits ont transformé la manifestation en scène de guerre, avec de fortes détonations et des véhicules en feu. THIBAUD MORITZ

Avant de quitter les lieux, les manifestants affirment avoir endommagé une pompe et une canalisation de la bassine. «Nous continuerons le combat», ont affirmé les organisateurs dans le village voisin de Melle, où un «forum international de l'eau» se tient parallèlement jusqu'à dimanche.

La bassine de Sainte-Soline fait partie d'un ensemble de 16 retenues, d'une capacité totale de six millions de mètres cubes, programmées par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l'État.

Elles visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations face à la menace de sécheresses récurrentes.

Méga bassines à Sainte-Soline: retour en images sur les affrontements qui ont viré au chaos

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