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Énergie

Le G7 s’engage contre le charbon : les experts sont mitigés

La centrale thermique de Niederaussem, en Allemagne, était considérée en 2019 comme le troisième plus gros pollueur d'Europe en CO2.

Réunis à Turin, les pays du G7 ont annoncé une fermeture partielle des centrales à charbon d’ici 2035. Un engagement encore largement insuffisant pour respecter l’objectif de l’accord de Paris.

« Décennie critique », « triple crise mondiale », « urgence à agir »… Les pays du G7 [1] utilisent des mots forts dans leur déclaration finale (en anglais) publiée le 30 avril, à l’issue d’une rencontre de leurs ministres du climat, de l’énergie et de l’environnement, organisée à Turin.

Parmi les engagements pris par les sept puissances, figure celui d’ « éliminer progressivement la production actuelle d’électricité au charbon » et de fermer leurs centrales à charbon « au cours de la première moitié des années 2030 », soit avant 2035. C’est la première fois qu’un tel accord collectif est pris. Avec une exception pour les centrales adossées « à des dispositifs de captage et de stockage du CO2 », une technologie dont l’efficacité divise. Les pays du G7 ont également rappelé leur engagement à tripler les énergies renouvelables et à doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030, comme cela avait été acté lors de la COP28.

Et le gaz ?

Mais le compte n’y est pas. L’ONG 350.org estime que cet accord ne répond pas à l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. « Les experts affirment que les pays du G7 et de l’OCDE doivent éliminer progressivement le charbon dans tous les secteurs d’ici à 2030 et prendre des mesures urgentes pour éliminer progressivement le pétrole et le gaz fossile », souligne-t-elle dans un communiqué (en anglais).

En effet, une étude de Climate Analytics, publiée le 23 avril (en anglais), estime que les pays du G7 sont « considérablement en retard » en matière d’action climatique. « Ils sont en passe de réaliser à peine la moitié des réductions d’émissions de gaz à effet de serre nécessaires d’ici 2030 pour atteindre l’objectif de 1,5 °C de l’accord de Paris », constate l’organisation.

Pour rester dans les clous, l’institut mondial de science et de politique climatique, Climate Analytics, a calculé que les pays du G7 devraient réduire collectivement leurs émissions de gaz à effet de serre « d’au moins 58 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019, et d’au moins 75 % d’ici 2035 ». Or, en l’état actuel de leurs politiques, ils ne devraient atteindre que de 19 à 33 % de baisse d’ici à 2030. Arrêter les centrales à charbon ne peut suffire, il faudrait aussi arrêter le recours au gaz, et ce d’ici 2035. Mais là, il n’en est pas question.

Au contraire. Pour mettre fin à la dépendance au gaz russe, les pays du G7 estiment que « les investissements publics dans le secteur gazier peuvent être appropriés comme réponse temporaire […] s’ils sont mis en œuvre d’une manière compatible avec nos objectifs climatiques ». Et d’ajouter qu’il faut veiller à ce que ces projets gaziers « soient intégrés dans les stratégies nationales de développement de filières bas carbone ». Le gaz n’est même plus mis au rang des énergies fossiles dans cette déclaration.

Réduire la production et consommation de plastique

Le G7 a toutefois avancé sur deux autres thématiques qui tiennent particulièrement aux autorités françaises. « Pour la première fois, sous l’impulsion de la France, les pays du G7 s’engagent ensemble à réduire la production et la consommation de plastique et rendre le secteur du textile plus circulaire et durable », s’est félicité Christophe Béchu dès le 29 avril sur X (ex-Twitter).

Alors que les débats au sein de la 4ᵉ session de négociations pour un Traité international contre la pollution plastique viennent de se terminer à Ottawa, le groupe des Sept — dont les États-Unis — s’engage à prendre « des mesures ambitieuses tout au long du cycle de vie des plastiques pour mettre fin à la pollution plastique », et appelle la communauté mondiale à l’imiter, avec « une aspiration » à réduire la production de plastique vierge (appelé polymères plastiques primaires). Un engagement qui peut surprendre quand les États-Unis ont tergiversé sur cette même question durant toutes les négociations à Ottawa. Un « double jeu » que des ONG n’ont pas manqué de dénoncer.

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