Macron exprime sa solidarité au maire démissionnaire de Saint-Brevin

Après l’incendie du domicile de Yannick Morez, maire de Saint-Brevin, le chef de l’État s’est dit solidaire de l’édile et condamne des attaques indignes.

Par N.J. avec AFP

Temps de lecture : 5 min

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« Ce mardi 9 mai, j'ai adressé à Monsieur le Préfet de Loire-Atlantique un courrier informant ce dernier de mon souhait de démissionner de mon mandat de maire de Saint-Brevin-les-Pins. » Après l'incendie criminel de son domicile en mars dernier, Yannick Morez (DVD) a décidé de jeter l'éponge. Il l'explique dans un communiqué publié sur la page Facebook de la commune, confirmant une information d'Ouest-France. « J'ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l'incendie […] et au manque de soutien de l'État, et après une longue réflexion menée avec ma famille », poursuit-il. Il a également annoncé qu'il quitterait la ville.

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Le projet de déplacement d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile, qui a suscité une vive opposition, est à l'origine de cette attaque. Si l'incendie dont il a été victime n'a pas fait de blessé, deux véhicules ont été détruits et une partie du bâtiment a été endommagée. Une enquête a été ouverte.

« J'ai toute confiance en mon équipe, une équipe compétente […] qui continuera à agir au service de notre ville et de ses habitants. Après quinze ans de présence dans le conseil municipal, dont six ans en tant que maire, je pars en étant confiant dans l'avenir », conclut le maire démissionnaire.

Sollicitée par l'AFP mercredi soir, la préfecture de Loire-Atlantique n'était pas en mesure de confirmer avoir reçu la démission de Yannick Morez.

L'extrême droite contre ce projet

Saint-Brevin-les-Pins est, depuis plusieurs mois, le centre de tensions consécutives à un projet de déplacer près d'une école élémentaire le Centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) qui avait ouvert dans la station balnéaire en 2016 après le démantèlement de la « jungle de Calais ».

Plusieurs manifestations contre ce projet y ont été organisées à l'appel de l'extrême droite, en particulier de la mouvance de Reconquête !, le parti d'Éric Zemmour. Bernard Germain, un candidat de Reconquête aux législatives de 2022 dans les Côtes-d'Armor, figurait parmi les intervenants de la dernière manifestation en date, fin avril. Il était le porte-parole d'un comité hostile à un projet de centre d'accueil pour réfugiés en situation régulière à Callac, dans les Côtes-d'Armor.

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« Jamais eu le moindre souci »

Face aux pressions de l'extrême droite et aux tensions dans la commune, la municipalité de Callac avait finalement renoncé en janvier à ce projet, porté par une fondation privée, contrairement à Saint-Brevin où le projet contesté est porté par l'État.

Interrogé par l'AFP fin mars, le maire de Saint-Brevin avait rappelé que 400 demandeurs d'asile ont été au total accueillis sur la commune depuis l'ouverture du Cada il y a sept ans. Et, soulignait-il, « il n'y a jamais eu le moindre souci ».

« Mieux protéger les élus »

« Ce qui s'est produit est très choquant et je voudrais assurer le maire de tout mon soutien », a réagi Élisabeth Borne, la Première ministre, qui a promis de « mieux protéger » les élus afin de « répondre plus efficacement quand il y a des menaces », de « renforcer notre action pour intervenir plus tôt, pour pouvoir soutenir les maires pour repérer leurs difficultés et mieux les accompagner face à des violences dont ils peuvent être victimes ». Matignon a annoncé qu'elle le recevrait « dans le courant de la semaine prochaine ».

Le fait que cet incendie soit lié au déménagement d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile « montre qu'il y a une montée d'extrémismes dans notre pays et évidemment il faut qu'on soit très, très vigilant sur ce sujet », a également estimé la cheffe du gouvernement.

Parallèlement, Dominique Faure, la ministre chargée des Collectivités, a affirmé qu'elle dévoilerait, également la semaine prochaine, « de nouveaux moyens pour prévenir et lutter contre les atteintes aux élus ». Emmanuel Macron, de son côté, a réaffirmé « [sa] solidarité et celle de la nation » à « cet élu de la République, à son épouse et ses enfants », dénonçant des attaques « indignes ».

Indignation générale

Élisabeth Borne a également ajouté que « l'extrémisme, il vaut des deux côtés », provoquant l'indignation à gauche, mécontente de se voir renvoyée « dos à dos » avec l'extrême droite : « incroyable, dangereux », a réagi Chloé Ridel, porte-parole du PS. 

« L'Assemblée nationale se lève en hommage à Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, qui vient de démissionner après l'incendie de son domicile et des menaces de l'extrême droite. Mais les députés du Front national restent assis. La honte », a rapporté sur Twitter le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard, tandis que l'Assemblée nationale se penchait mercredi soir sur la création d'une commission d'enquête sur les groupuscules violents.

David Samzun, le maire PS de Saint-Nazaire, une ville proche de Saint-Brevin, a fait part de sa tristesse et a déploré que « pour avoir servi la République et soutenu les peuples en détresse, il a été contraint de démissionner pour protéger sa famille ». « La fonction d'élu serait-elle devenue dangereuse au point de risquer sa vie et celle de nos proches ? Je ne m'y résous pas », a-t-il ajouté.

« L'inaction de l'État est une honte absolue. Qu'attend-il pour agir ? » a tweeté Fabien Roussel (PCF), tandis que Marine Tondelier (EELV) jugeait que « la République recule ». 

De son côté, Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, qui ne se sont pas joints mercredi soir aux applaudissements de l'Assemblée nationale en soutien à Yannick Morez, a qualifié jeudi sur Twitter d'« inadmissibles » les « agressions et intimidations à l'égard des élus ». « En République, les désaccords politiques se règlent dans les urnes ou devant les tribunaux. Cette règle ne souffre aucune exception », a-t-elle ajouté.

« Inacceptable. Les violences, les menaces envers les élus doivent être le combat de tous. Soutien amical et républicain au maire de Saint-Brevin-les-Pins Yannick Morez », a pour sa part réagi sur le même réseau social la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et élue (MoDem) nantaise, Sarah El Haïry.

Chez Reconquête !, on se refuse à tout commentaire. L'entourage d'Éric Zemmour a rappelé toutefois que le parti avait pris ses distances ces dernières semaines avec la mobilisation, estimant que « ça allait trop loin ».

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Commentaires (91)

  • agur

    Il parle bien, hein, le président !

  • dryvesbleu

    Ces habitants perdent « en même temps » leur maire ET leur médecin généraliste dans un désert médical. C’est ça qui fait réagir très tardivement EM. Deux graves problèmes dont la responsabilité incombe uniquement à tous les gouvernants depuis 1981 malgré les appels au secours incessants des associations de petits élus et de médecins généralistes, chacun pour des raisons différentes mais avec le même sentiment d’abandon. EM n’a rien fait de plus que ses prédécesseurs pour améliorer ces situations annoncées et prévue décennie après décennies qu’il entrevoit de très haut.

  • Mjoke

    Il ferait bien d'en faire autant puisque globalement 75% des Français le désavoue !
    Pire que son prédécesseur il faut le faire !