L’ex-producteur star d’Hollywood Harvey Weinstein a été condamné, jeudi 23 février, à seize ans de prison à Los Angeles pour viol et agressions sexuelles en 2013 d’une actrice et mannequin italienne dans un hôtel de Beverly Hills.
Le tribunal a fait savoir qu’il devra purger cette peine à la suite de celle de vingt-trois ans d’emprisonnement décidée après sa condamnation à New York en 2020 pour des faits similaires et dont il a fait appel. Il risque ainsi de finir ses jours derrière les barreaux.
L’ancien faiseur de rois du cinéma hollywoodien, âgé de 70 ans, a également fait appel pour sa condamnation jeudi à Los Angeles.
Comparaissant en fauteuil roulant, Harvey Weinstein avait imploré la « clémence » du juge. « S’il vous plaît, ne me condamnez pas à la prison à vie. Je ne le mérite pas. Il y a tellement de choses qui ne sont pas normales dans cette affaire », a-t-il dit. « Je maintiens que je suis innocent, je n’ai jamais violé ou agressé sexuellement [la plaignante]. »
« J’étais une femme heureuse »
Un peu auparavant, l’actrice, dont l’identité n’a pas été révélée, avait demandé à la juge Lisa Lench « la plus haute peine possible » pour M. Weinstein, assurant que ses « actes égoïstes et dégoûtants » avaient eu « d’importantes conséquences » sur sa vie.
« Avant cette nuit-là, j’étais une femme heureuse et sûre d’elle. J’avais de l’amour-propre et j’accordais de la valeur à ma relation avec Dieu », a-t-elle dit. « J’étais enthousiaste quant à mon avenir. Tout a changé quand [M. Weinstein] m’a brutalement agressée. Aucune peine de prison n’est assez longue pour réparer les préjudices. »
Ce deuxième procès pour l’ex-producteur, dont la chute en 2017 a libéré la parole de nombreuses femmes et engendré le mouvement #metoo, a vu quatre femmes témoigner de manière anonyme contre lui. Pendant plusieurs semaines d’une audience âpre et éprouvante, parfois interrompue par les sanglots des plaignantes, celles-ci ont accusé l’ancien titan d’Hollywood de les avoir contraintes à des relations sexuelles dans des hôtels de Beverly Hills et de Los Angeles entre 2004 et 2013.
L’accusation avait dépeint Harvey Weinstein comme un ogre tout-puissant, un « prédateur » dont la mainmise et l’aura sur Hollywood freinaient toute possibilité de parler pour ses victimes, par peur de répercussions sur leur carrière. Ses avocats se sont eux employés à jeter le doute sur la parole des quatre plaignantes, en soulignant notamment l’absence d’éléments médico-légaux pour étayer leurs récits.
Verdict partagé
Le procès s’est soldé par un verdict partagé. Les jurés ont déclaré M. Weinstein coupable de toutes les accusations portées par l’actrice italienne, mais lui ont épargné une peine plus lourde encore en l’acquittant d’accusations d’atteinte sexuelle contre une masseuse, et en échouant à parvenir à une décision dans des affaires concernant deux autres femmes.
Après la condamnation de l’ex-producteur au pénal, l’actrice, reconnue comme victime à l’issue du procès, a déposé plainte début février devant un tribunal de Los Angeles afin d’obtenir des dommages-intérêts au civil. Consultée par l’Agence France-Presse, cette plainte ne spécifie pas le montant réclamé.
En 2021, un accord au civil avait attribué 17 millions de dollars (16 millions d’euros environ) à plusieurs dizaines de femmes accusant l’ancien producteur, mais cette femme n’en faisait pas partie.
Depuis que le scandale concernant M. Weinstein a éclaté en 2017, près de 90 femmes, dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette, l’ont accusé de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires, qui remontent pour certaines jusqu’à 1977.
Outre ses déboires judiciaires aux Etats-Unis, l’ex-producteur est également inculpé au Royaume-Uni pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.
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