Réchauffement climatique

L’éléphant d’Afrique aide aussi à lutter contre le réchauffement climatique, par son appétit et ses dégâts dans les forêts

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Le pachyderme favorise le développement de plus gros arbres, qui stockent davantage de gaz à effet de serre. Il est toutefois classé en risque critique d’extinction, ayant perdu 86 % de sa population depuis les années 90.
par LIBERATION
publié le 24 janvier 2023 à 10h01

Les éléphants, alliés des écologistes dans la lutte contre les gaz à effet de serre ? Une étude repérée par France Info et publiée lundi dans la revue Proceedings of the national academy of sciences (Pnas) met en lumière le rôle des pachydermes dans la structure des forêts d’Afrique et leur capacité à absorber le dioxyde de carbone, un puissant gaz à effet de serre. Via leur consommation alimentaire – des dizaines de kilos de végétaux par jour –, les éléphants des forêts tropicales d’Afrique centrale favorisent le développement d’arbres «utiles».

Dans le bassin du Congo, les forêts africaines stockent davantage de carbone que celles d’Amazonie, en partie grâce à la présence de plus gros arbres qui absorbent beaucoup plus de CO2. Et c’est notamment grâce à l’activité des éléphants que les végétaux peuvent atteindre cette taille supérieure. «Lorsque ces animaux sont présents en densité normale, ils font beaucoup de dégâts dans les forêts, détaille François Bretagnolle, un des auteurs de l’étude au sein du laboratoire Biogéosciences de l’Université de Bourgogne et du CNRS. Ces perturbations diminuent la compétition entre les jeunes arbres et favorisent l’émergence de très gros arbres… ce qui contribue au stockage du carbone.»

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Et ce n’est pas tout. L’appétence des éléphants pour les fruits et les graines de ces gros arbres se trouve être un avantage supplémentaire. «Grâce à leurs excréments, les éléphants dispersent des graines à des distances de plusieurs kilomètres à la ronde, ce qui n’est pas le cas avec d’autres espèces», explicite le scientifique.

Un rôle primordial donc, mais qui risque bien de s’amoindrir. L’éléphant d’Afrique, présent dans 37 pays, est classé en danger critique d’extinction. Sur le continent, l’espèce compte environ 415 000 individus, contre 3 à 5 millions au début du XXe siècle et a perdu 86 % de sa population au cours de ces trente dernières années. En cause, le braconnage, mais également la disparition de leur habitat : la conversion des zones forestières à des fins agricoles, la construction de routes, de barrages, de mines et de complexes industriels ont fragmenté l’habitat des éléphants, diminuant ainsi considérablement leurs chances de survie.

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