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En Argentine , deuxième grève générale contre le président ultralibéral Javier Milei

Cette nouvelle mobilisation contre le programme d’austérité du gouvernement s’annonce plus suivie que celle du 24 janvier. Mais le président Milei compte maintenir le cap, cinq mois après son arrivée au pouvoir.

Le Monde avec AFP

Publié le 09 mai 2024 à 05h46, modifié le 09 mai 2024 à 07h51

Temps de Lecture 2 min.

Le président argentin, Javier Milei, à Buenos Aires, le 8 mai 2024.

Ni train, ni bus, ni métro durant vingt-quatre heures : la capitale argentine, Buenos Aires, devrait sonner creux, jeudi 9 mai, sans une grande partie des 3 millions de personnes qui y transitent chaque jour, la majorité en transports en commun. Quelque 400 vols seront annulés, affectant 70 000 passagers, selon l’Association latino-américaine du transport aérien.

Après cinq mois de gouvernance du président Javier Milei, marqués par le lancement d’un programme d’austérité, la deuxième grève générale « contre un ajustement brutal, en défense du droit du travail, syndical, et pour un salaire digne », lancée par plusieurs syndicats, dont la puissante CGT péroniste, s’annonce suivie. Bien plus que celle du 24 janvier (douze heures seulement), un semi-échec raillé par le gouvernement comme la grève « la plus rapide de l’histoire » car annoncée en décembre 2023, dix-huit jours après l’investiture de M. Milei.

Cette fois encore, la présidence argentine dénonce une grève « strictement politique » et des syndicats « battant des records de rapidité et du nombre de grèves », face à un gouvernement « à peine entré en fonctions ». Des syndicats qui vont « à l’encontre de ce que les gens ont voté il y a cinq mois », ajoute-t-elle.

L’impact politique, pourtant, pourrait être moindre que celui des grandes marches pour la défense de l’université du 24 avril (un million de manifestants à travers le pays), plus forte mobilisation hostile à M. Milei à ce jour, et « une leçon pour lui : la première fois qu’il a heurté un mur dans l’opinion publique, car ce qui était en jeu était un bien collectif, transversal », estime le politologue Gabriel Vommaro.

Mais, « pour cette raison, cela ne doit pas être surinterprété », s’empresse d’ajouter l’analyste. Car, élu comme un « homme providentiel arrivé pour résoudre des problèmes que les élites d’avant avaient laissé traîner », M. Milei « conserve dans l’opinion des noyaux de soutien indemnes, ou du moins assez solides ».

Une image qui reste positive

De fait, malgré une légère inflexion en avril, plusieurs sondages récents voient M. Milei osciller entre 45 % et 50 % d’image positive – il avait été élu avec 56 % des suffrages exprimés. Une forme de stabilité spectaculaire pour un gouvernant qui a infligé, en peu de mois, entre dévaluation, prix libérés, dépenses et aides publiques « tronçonnées », « l’ajustement le plus grand de l’histoire de l’humanité », comme il aime à le dire.

En plus, « sans pour autant changer sa personnalité et son discours agressif », M. Milei est en train de vivre « un apprentissage politique », considère Rosendo Fraga, politologue de l’Académie des sciences morales et politiques.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Argentine, Javier Milei à l’épreuve des réalités économiques

A ce titre, l’adoption, à la fin d’avril – du moins à la Chambre basse –, de son train de réformes dérégulatrices, un projet amendé, rétréci, raboté, est « importante » : elle montre un président « plus flexible dans la pratique, assouplissant l’idéologie », et qui « peut articuler une coalition pour gouverner, malgré sa faible force » de trente-sept députés sur 257.

Inquiétudes sur « l’après-Milei »

Inflation en décélération (de 25 % pour le seul mois de décembre 2023 à 9 % prédits pour celui d’avril) ou récession inquiétante, avec − 3,2 % de recul d’activité sur un an ? « Exploit historique », dixit le président argentin, d’un budget à l’excédent au premier trimestre, inédit depuis 2008, ou sombre record de la pauvreté (41,7 % officiellement), à des niveaux qu’on n’avait plus vus depuis 2006 ?

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Selon qu’ils se focalisent sur l’équilibre des comptes, la baisse du « risque pays », ou sur l’impact microsocial, les pertes d’emplois, opposition et gouvernement s’envoient les indices à la figure : « Sacrifice inutile du peuple », dénonce l’ex-présidente Cristina Kirchner. « Notre plan fonctionne », claironne M. Milei.

Lire aussi l’analyse (2023) : Article réservé à nos abonnés L’Argentine, un pays dans l’impasse faute de vision politique

Mais des économistes, y compris libéraux, s’inquiètent de « l’après ». « Milei a (…) une seule variable en tête : l’inflation, estime Carlos Rodriguez, économiste, jadis proche du nouveau président. Le plan d’ajustement est simplement de ne rien payer, avec, ces premiers mois, une réduction des coûts dans tous secteurs. Mais je ne vois pas de plan. »

Au-delà de la grève, il est difficile de prédire si c’est la reprise ou le ras-le-bol qui se fera sentir le premier. « La limite à l’ajustement, ce sont les ajustés et leur capacité de résistance qui l’imposent », concède Carlos Heller, un ex-banquier et député d’opposition.

Le Monde avec AFP

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