En Cisjordanie, Emmanuel Macron estime que "rien ne saurait justifier" les "souffrances" des civils à Gaza

par Maëlane LOAËC
Publié le 24 octobre 2023 à 20h46, mis à jour le 24 octobre 2023 à 20h56

Source : TF1 Info

Après sa visite à Jérusalem, Emmanuel Macron s'est entretenu avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Ramallah, en Cisjordanie.
Tout en maintenant le soutien de Paris à Israël, il a adressé ses pensées aux victimes tuées à Gaza et plaidé pour une "protection humanitaire" sur place.
Il a aussi estimé qu'il n'y aurait "pas de paix durable" sans reconnaître "un territoire" palestinien.

Un crochet "essentiel", dans l'espoir de peser dans le conflit. Après une rencontre ce mardi 24 octobre avec les dirigeants israéliens à Jérusalem, Emmanuel Macron a pris la direction de Ramallah en Cisjordanie, pour rencontrer le président de l'Autorité palestinienne, faisant de lui le premier dirigeant occidental à se rendre au siège de l'institution depuis le début de la guerre, le 7 octobre, entre Israël et le Hamas. Tout en réaffirmant son soutien à l'État hébreu et son droit à se défendre, il a déclaré pour autant que "rien ne saurait justifier" les "souffrances" des civils à Gaza, pilonnée sans relâche par Tsahal en riposte. 

Si l'Autorité palestinienne n'exerce plus aucun pouvoir dans l'enclave palestinienne depuis que le Hamas l'en a chassée en 2007, et que le pouvoir de Mahmoud Abbas ne cesse de décliner, Emmanuel Macron a tenu à venir à sa rencontre. Rappelant qu'il avait présenté ses "condoléances" au peuple israélien quelques heures plus tôt, et insistant sur le fait que "rien ne justifie la violence terroriste", il a aussi exprimé ses condoléances "pour toutes les victimes de la spirale de violence engendrée par l'attaque terroriste du Hamas" et déploré une "situation de très grande détresse" à Gaza. 

"Une vie palestinienne vaut une vie israélienne"

"L'attaque du 7 octobre a été une tragédie pour les Israéliens, elle est aussi une catastrophe pour les Palestiniens", a insisté le président. "Le Hamas ne représente pas le peuple palestinien. (...) Je vois, j'entends la souffrance des civils à Gaza. Pour la France, rien ne saurait le justifier. (...) Une vie palestinienne vaut une vie israélienne, qui vaut une vie française", a encore souligné Emmanuel Macron, appelant à "porter le deuil de chaque mort"

Le chef de l'État a par ailleurs plaidé pour une "initiative forte pour la paix et la sécurité", pour éviter un "embrasement de toute la région". Il a détaillé "trois piliers" pour ce faire, à commencer par "la lutte sans ambiguïtés contre tous les groupes terroristes", en réinsistant sur la proposition lancée quelques heures plus tôt, à Jérusalem, d'une "coalition" internationale de lutte contre le Hamas, sur le modèle de celle initiée en 2014 contre l'État islamique.

"Je souhaite que l'on travaille ardemment avec tous nos alliés et les partenaires de la région pour qu'une telle coalition puisse se monter, qui permette de cibler les terroristes, partager les informations entre les services de renseignements et d'intelligence, cibler les profils et procéder aux sanctions requises de manière précise sans jamais menacer les populations civiles", a-t-il déroulé, défendant une "coopération indispensable pour la paix et la sécurité dans la région".

Emmanuel Macron a également appelé à mettre en œuvre une  "protection humanitaire" et un "accompagnement économique et social" à Gaza, assurant notamment qu'un "travail va s'engager" pour le retour du courant à Gaza dans les hôpitaux. Enfin, ce processus de paix doit inclure la "reprise d'un processus politique", en vue de mener à une solution à "deux États en capacité à cohabiter", a-t-il plaidé. "Il n'y aura pas de paix durable s'il n'y a pas la reconnaissance légitime du droit du peuple palestinien à disposer d'un territoire et d'un État, et la reconnaissance assumée de la part du peuple palestinien et de ses autorités d'État d'Israël et de l'importance de son existence et de sa sécurité", a défendu le président français.

"Agression sauvage" et "génocide"

De son côté, Mahmoud Abbas a eu "des propos très clairs pour condamner cette attaque terroriste et pour condamner le Hamas", a assuré Emmanuel Macron. Le président de l'Autorité palestinienne a pris la parole pour appeler à tout faire pour "arrêter cette agression contre notre peuple", exhortant à mettre sur pied une "coalition internationale pour faire la paix". Il a accusé des "colons terroristes" de "génocide" et fustigé une "agression de l'occupation israélienne" qui se déploie "de façon sauvage à Gaza". Selon lui, "6000 Palestiniens" sont morts depuis le 7 octobre, dont 2200 enfants et 1200 femmes, avec jusqu'à 800 personnes tuées ces dernières 24 heures. 

Il a aussi reproché à Tel-Aviv de s'être "éloigné de la paix" et d'avoir "torpillé la solution à deux États" pour mettre en place "une politique de colonisation", appuyée sur "des politiques d'annexion, de nettoyage ethnique et d'apartheid à Jérusalem et en Cisjordanie, et un blocus à Gaza". À l'inverse, l'Autorité palestinienne a "condamné fermement l'assassinat de civils des deux côtés", a appelé à libérer les otages "des deux côtés", et reconnaît "l'État d'Israël et son droit à exister depuis plus de 40 ans", a-t-il assuré. "Nous espérons qu'Israël à son tour reconnaisse le droit de la Palestine à vivre côte à côte avec l'État israélien", a-t-il insisté, disant fonder "beaucoup d'espoir" dans l'action de la France. 

Emmanuel Macron doit désormais prendre la route de la Jordanie, étant attendu mercredi à Amman, où il s'entretiendra avec le roi Abdallah II. Il pourrait échanger avec d'autres dirigeants de la région, mais rien n'est encore confirmé.


Maëlane LOAËC

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