Ce n’est pas un hasard, les trois pays évoqués ici sont tout proches d’échéances électorales. Un temps, pour le politologue Thierry Braspenning-Balzacq, professeur à l’université de Namur et spécialiste des politiques de sécurité, qui en démocratie est celui où les divergences de vues dans la société réapparaissent :
"Il y a eu à un moment donné un consensus au sein de la plupart des États de l’Union européenne, mais c’est un consensus qui cache mal le fait qu’au sein de la plupart de ces États, il y a des gens qui considèrent que l’aide apportée à l’Ukraine ne devrait pas être inconditionnelle, que ça ne doit pas être indéfini et qu’il aurait fallu toujours garder une main tendue vis-à-vis de la Russie", explique l'expert.
Pour le professeur de l'UNamur, il n'y a donc rien d'exceptionnel : "Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est l’expression de l’opposition qui existait déjà. Ce n’est pas un fait nouveau, c’est simplement que le contexte permet maintenant, à l’occasion d’une décision ou d’un vote, de donner la main à une des parties. Cette division dans les démocraties occidentales entre les pros et antis ou ceux qui sont pour un soutien inconditionnel et d’autres qui veulent un soutien limité, ça a toujours existé de mon point de vue".
Avec les différents rendez-vous électoraux, l'Ukraine va devoir compter ses alliés, ceux du moins dont l'opinion publique ne risque pas de mettre en cause les aides accordées jusqu'à présent.
Mais, selon Thierry Braspenning-Balzacq, l’aide à l’Ukraine bénéficie aussi d’une forme de sécurisation des programmes d'aides au travers du mode de décision qui les précède.
"Si l’Ukraine est soutenue par des États individuellement, les décisions de la soutenir sont encore prises dans certaines enceintes, comme l’OTAN dans le cas des membres de l’Alliance atlantique. Il y a encore quand même une émulation morale", estime l'expert.
"Prenons l'exemple de la Pologne : elle est membre de l’Alliance atlantique. Même si elle brandit la menace d’une aide moins inconditionnelle, on n’ose pas imaginer cette Pologne, au sein de l’Alliance atlantique, continuer à tenir cette position après les élections".
Pour Thierry Braspenning-Balzacq, le fait que les institutions telles que l'OTAN et l'UE restent sur une ligne de soutien de l'Ukraine dans son effort de guerre constituent une garantie, du moins à court terme, pour son financement.