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Crash du Rio-Paris: Airbus et Air France relaxés, les proches des victimes «écœurés»

EN IMAGES- La justice française a tranché ce lundi dans le procès d'Air France et d'Airbus pour le crash du vol A330 Rio-Paris d'Air France du 1er juin 2009.

Le constructeur européen Airbus et la compagnie Air France, poursuivis pour homicides involontaires après le crash en 2009 du vol AF447 Rio-Paris qui a fait 228 morts, ont été relaxés ce lundi à Paris. Près de quatorze ans après la catastrophe, le tribunal correctionnel de Paris a mis hors de cause les deux entreprises, jugeant que, si des «fautes» avaient été commises, «aucun lien de causalité certain» avec l'accident n'avait «pu être démontré».

Peu après 13H30, la vaste salle d'audience était remplie de proches des victimes, des équipes d'Air France et d'Airbus ainsi que de journalistes. À l'annonce de la relaxe, certaines parties civiles se sont levées comme stupéfaites, avant de se rasseoir, alors que la présidente continuait sa lecture dans un lourd silence.

«Nous attendions un jugement impartial, ça n'a pas été le cas. Nous sommes écœurés», a réagi Danièle Lamy, présidente de l'association Entraide et Solidarité AF447. «Il ne reste de ces 14 années d'attente que désespérance, consternation et colère». «On nous dit: 'responsable mais pas coupable'. Et c'est vrai que nous, on attendait le mot 'coupable'», a déclaré Me Alain Jakubowicz, un de leurs avocats. Air France «prend acte du jugement», selon un communiqué. «La compagnie gardera toujours en mémoire le souvenir des victimes de ce terrible accident et exprime sa plus profonde compassion à l'ensemble de leurs proches». Airbus a estimé que cette décision était «cohérente» avec le non-lieu prononcé à la fin de l'instruction en 2019. Le groupe «exprime» lui aussi sa «compassion» aux proches des victimes, et «réaffirme (son) engagement total (...) en matière de sécurité aérienne».

Avocats et proches des victimes devant la salle d'audience du procès à Paris, le 17 avril 2023. GONZALO FUENTES / REUTERS

Accident le plus meurtrier de l'histoire des compagnies françaises

Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s'est abîmé en pleine nuit dans l'Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d'équipage. À bord de l'A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens. Il s'agit de l'accident le plus meurtrier de l'histoire des compagnies françaises.

Les enquêteurs du BEA (le bureau français chargé de l'enquête sur le crash) inspectent les débris du crash du vol 447 d'Air France au milieu de l'Atlantique, le 24 juillet 2009, au laboratoire aéronautique du CEAT à Toulouse. ERIC CABANIS

Les premiers débris ont été retrouvés dans les jours suivants le crash. Mais l'épave n'a été localisée que deux ans plus tard, après de longues recherches, à 3900 mètres de profondeur. Les boîtes noires ont confirmé le point de départ de l'accident: le givrage des sondes de vitesse Pitot alors que l'avion volait à haute altitude dans la zone météo difficile du «Pot au noir», près de l'équateur.

L'empennage récupéré de l'avion A330 d'Air France perdu en plein vol au-dessus de l'océan Atlantique le 1er juin est déchargé de la frégate Constituicao de la marine brésilienne dans le port de Recife le 14 juin 2009. EVARISTO SA
Épave de l'avion d'Air France, photo transmise le 17 juin 2009. HO

Déstabilisé par les conséquences de cette panne, l'un des copilotes a adopté une trajectoire ascendante et, dans l'incompréhension, les trois pilotes n'ont pas réussi à reprendre le contrôle de l'avion qui a décroché et heurté l'océan 4 minutes et 23 secondes plus tard. Les investigations ont montré que des incidents de sondes similaires s'étaient multipliés dans les mois précédant l'accident.

Les débris de l'avion d'Air France perdu en plein vol au-dessus de l'océan Atlantique le 1er juin 2009 à bord d'une corvette de la marine brésilienne au port de Recife le 19 juin 2009, sur une photo publiée par la marine brésilienne. HO

«Quatre imprudences ou négligence»

Pour le tribunal, Airbus a commis «quatre imprudences ou négligences», notamment ne pas avoir fait remplacer le modèles des sondes Pitot dites «AA», qui semblait geler plus souvent, sur la flotte A330-A340, et le fait d'avoir fait preuve de «rétention d'information» par rapport aux compagnies. Air France a commis deux «imprudences fautives», liées aux modalités de diffusion d'une note d'information adressée à ses pilotes sur la panne des sondes.

Néanmoins, selon le tribunal, sur le plan pénal, «un lien de causalité probable n'est pas suffisant pour caractériser un délit. En l'espèce, s'agissant des fautes, aucun lien de causalité certain n'a pu être démontré avec l'accident». Lors du procès qui s'est déroulé du 10 octobre au 8 décembre, le parquet avait requis la relaxe, estimant que la culpabilité des entreprises était «impossible à démontrer».


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260 commentaires
  • icds001

    le

    Erreur pilote certaine et fatale, mais Airbus a choisi une architecture de sécurisation des informations de sonde Pitot bien trop pauvre.
    Sans doute aurait-t-on pu utiliser une altitude inertielle élaborée et présentée à l’équipage seulement quand la vitesse air élaborée à partir de la sonde Pitot est subitement nulle ou très différente de l’instant d’avant.

  • Herbert Von Detarte

    le

    Les enregistreurs permettent d’analyser ce qui s’est passé et en tirer les responsabilités, mais pas ce qui se passe dans la tête des pilotes car je ne crois pas un seul instant que des pilotes de ce niveau ne sache pas dans quel sens on bouge le manche pour descendre ou monter, il y a autre chose.

  • PIERRE SCHULLER

    le

    «Nous attendions un jugement impartial, ça n'a pas été le cas.» Ce sont les plaidants qui décident de ce qui est "impartial".
    Dans la rue, ce sont les manifestants qui "exigent" le retrait de la loi.
    Tous se plaignent que "la démocratie est bafouée".
    Vieux républicain, j'avoue avoir du mal à comprendre.

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