L’assaut du Capitole, « une tentative de coup d’État » fomentée par Trump

Cette nuit, les parlementaires américains ont présenté les premiers résultats de l’enquête diligentée après l’invasion du siège politique américain.

Source AFP

Temps de lecture : 3 min

Un homme aux cornes de bison déambulant dans les couloirs du Congrès américain, des élus rampant au sol avec des masques à gaz… L'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 a marqué l'Histoire. Dix-huit mois plus tard, une question reste, cependant, sans réponse. Quel était le rôle de Donald Trump dans cette invasion ? Après de longs mois d'enquête, une commission parlementaire présente dans la nuit du jeudi 9 juin au vendredi 10 (heure française, NDLR) les premières conclusions. Les manifestants ont pris d'assaut le siège du Parlement après « les encouragements » de l'ancien président, a déclaré Bennie Thompson, le chef de la commission dite du « 6 janvier », en ouverture d'une série d'auditions censées prouver l'existence d'une campagne délibérée pour renverser le résultat de la présidentielle de 2020, remportée par Joe Biden.

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« Le 6 janvier a été la culmination d'une tentative de coup d'État », a affirmé Bennie Thompson. « Donald Trump était au centre de ce complot ». Pour appuyer ses conclusions, la commission du « 6 janvier » a diffusé des images inédites des violences de cette froide journée d'hiver lors de laquelle des milliers de partisans de Donald Trump s'étaient réunis à Washington pour dénoncer le résultat de l'élection de 2020, qui avait vu perdre l'ex-magnat de l'immobilier. Ces vidéos montrent des foules attaquant le siège du Congrès, appelant notamment à « pendre » le vice-président Mike Pence, et un manifestant lisant des tweets de Donald Trump au mégaphone.

Depuis près d'un an, ce groupe d'élus – sept démocrates et deux républicains – a entendu plus de 1 000 témoins, dont deux enfants de l'ancien président. Par ailleurs, ils ont épluché 140 000 documents pour faire la lumière sur les faits et gestes de Donald Trump avant, pendant et après cet événement qui a fait trembler la démocratie américaine. Le complot à l'origine de l'assaut du Capitole « n'est pas terminé », a alerté le chef d'une commission parlementaire. « Notre démocratie est toujours en danger. Le complot visant à contrer la volonté du peuple n'est pas terminé », a déclaré l'élu Bennie Thompson.

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Sept auditions d'ici à la fin du mois de juin

Une agente de la police du Capitole, Caroline Edwards, « la première membre des forces de l'ordre à avoir été blessée par les émeutiers » le 6 janvier, ainsi qu'un auteur de documentaire, Nick Quested, dont l'équipe suivait la milice des « Proud Boys » pendant l'assaut, sont les premiers témoins de cette audition. La policière Caroline Edwards a témoigné de la violence de cette journée, au cours de laquelle elle a été victime d'une commotion cérébrale lorsqu'elle s'est blessée à la tête sur les marches du Capitole après avoir été renversée par le déferlement de la foule. Elle a parlé du « sang, de la sueur et des larmes » qu'elle a versés « ce jour-là pour défendre le bâtiment ».

Cinq autres auditions, tout au long du mois de juin, viendront compléter l'exposé de jeudi. Signe de l'importance que la commission veut attribuer à ses révélations, la première audition a été organisée à une heure de grande écoute. Elle sera retransmise sur de nombreuses chaînes d'information en continu, mais boudée par Fox News, la chaîne préférée des conservateurs. Une nouvelle illustration de la profonde ligne de fracture politique qui divise les États-Unis depuis le « 6 janvier ».

Un an et demi après l'assaut du Capitole, des millions de partisans de Donald Trump restent fermement convaincus que l'élection de 2020 fut entachée de fraudes. Et ce, malgré les innombrables preuves du contraire. La commission du 6 janvier a donc aussi promis d'exposer les « menaces en cours pour la démocratie américaine ». L'idée est de « montrer qu'il y a un pattern (un schéma, NDLR) qui a commencé avant l'élection, jusqu'au 6 janvier » 2021. Ce pattern « continue à ce jour », a assuré une source parlementaire.

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Les républicains parlent de « chasse aux sorcières »

Les partisans de cette commission jugent son travail essentiel afin de garantir que l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire américaine ne se répète jamais. Mais la majorité des républicains dénoncent les travaux de ce groupe d'élus, le principal intéressé Donald Trump fustigeant une « chasse aux sorcières ». Le chef des républicains à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, lui a emboîté le pas jeudi, assurant que cette commission était « la plus politique et la moins légitime de l'histoire des États-Unis ».

« Je ne vois pas d'audition aux heures de grande écoute sur les prix de l'essence, sur comment combattre l'inflation, nourrir nos enfants et rendre nos rues plus sûres », a-t-il tancé lors d'une conférence de presse. Son parti a d'ores et déjà promis d'enterrer les travaux de cette commission s'il venait à prendre le contrôle de la Chambre lors des législatives de mi-mandat en novembre.

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Commentaires (35)

  • Freedom

    Bonjour et je suis en accord avec votre commentaire. Le grand écart. Certains vont même avoir une rupture de ligament. Le parti Républicain de Lincoln était contre l’esclavage. Celui des Démocrates pour. Les « choses» s’inversent au cours de l’Histoire. Il ne faut pas croire aussi que seuls les red-necks votent pour Trump. Je connais des tonnes d’ingénieurs très bien éduqués qui votent pour lui. Le phénomène combine les mêmes maux qu’en France : rejet des médias et des élites avec pertes de repères dans un monde qui bouge très vite. Manipulation de l’information de masse. Répulsion de certaines minorités qui en ont marre de toujours prendre les coups, le tout, monté en mayonnaise par l’extrême gauche. Les deux extrêmes finissent par pendre en étranglement ceux du milieu. Comme un Bernie Sanders et son incroyable succès auprès des jeunes, un Melenchon est l’autre face de la même pièce. Les personnalités politiques qui avaient encores le sens de l’honneur et mettaient l’intérêt du pays au-dessus de la mêlé, comme un McCain, ont disparus. Nos démocraties sont en crises. Pour les US, je reste optimiste car c’est une démocratie toujours vibrante qui en a connue d’autres. Quels autres pays peuvent se targuer d’avoir une commission publique rendant ses conclusions sur le fonctionnement leurs institutions et attitudes de leurs propres confrères ? Pour la France, je suis beaucoup moins optimiste.

  • Marion De Lorme

    Si Trump ne va pas en prison pour haute trahison, il sera élu en 2024. L’Amérique est vraiment la Nation du grand écart. Comme cela doit être difficile de voter chez vous : avec d’un côté des démocrates wokistes, qui sombrent dans la folie du politiquement correct et de l’autre des républicains qui ne sont plus que la caricature d’eux-mêmes, des lourdauds texans incultes et vulgaires. Les premiers sont soutenus par les classes aisées et cultivées, en gros toute la bourgeoisie des mégalopoles ; les seconds sont soutenus par les paysans, les rednecks, oubliés et déchus de la Nation, bref les laissé-pour-compte du système. Tout est inversé ! Quel chaos ! C’est la confusion la plus totale. Les révoltés et défenseurs de la liberté souhaitent la victoire de Trump, leur parole est décomplexée tandis que ceux qui judiciarise la société, la cadenasse et la corsète sont plutôt à gauche dans le camp des démocrates. C’est dingue non ? Que pensez-vous de ce renversement des valeurs ? (qui pointe déjà le bout de son nez en France).

  • Freedom

    C’est bien entendu totalement faux ne serait-ce que pour la simple et bonne raison que le gagnant de l’élection de l’époque ne fut connu qu’une fois les votes de Floride recomptés et la cours suprême qui rendit son avis. Le jour même, en fait le soir même, Al Gore se fendit d’un message pour reconnaître Bush en vainqueur. A propos, ça fait bientôt deux ans que Trump conteste l’élection et il l’a contestera toute sa vie. Record mondial.