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Iran : la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah est sortie de prison

Retenue en Iran depuis 2019, la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah a été libérée ce vendredi, annonce son entourage.
par LIBERATION et AFP
publié le 10 février 2023 à 21h34

La chercheuse Fariba Adelkhah est enfin libérée de sa prison iranienne, annonce ce vendredi son entourage. «Elle est libre mais on ne sait rien de son statut», souligne un de ses proches sous couvert d’anonymat. Cette anthropologue franco-iranienne de 63 ans a été arrêtée par les Gardiens de la révolution à l’aéroport de Téhéran, en juin 2019, avec l’universitaire Roland Marchal, libéré lors d’un échange de prisonniers après neuf mois d’incarcération. Directrice de recherches à Sciences-Po Paris, cette spécialiste du chiisme et de l’Iran post-révolutionnaire a été condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison pour «atteinte à la sécurité nationale» et «propagande contre le système» politique de la République islamique – ce que ses proches ont toujours farouchement nié. Pour protester contre son incarcération, Fariba Adelkhah a mené une grève de la faim de 49 jours, conjointement avec l’universitaire australo-britannique Kylie Moore-Gilbert, libérée depuis.

Assignée à résidence en octobre 2020 avec l’obligation de porter un bracelet électronique et l’interdiction de sortir au-delà d’un périmètre de 300 mètres autour de chez elle, elle a été réincarcérée en janvier 2022 dans la prison d’Evin, connue pour ses mauvais traitements des prisonniers politique. Dans un entretien publié en juin 2021, Roland Marchal décrivait Fariba Adelkhah comme une «Iranienne jusqu’au bout des ongles mais éprouvant un vrai amour pour la France et sa culture» : «Comme les autorités iraniennes ne reconnaissent pas la double nationalité, elle ne sera pas échangée contre un Iranien détenu en France ou en Belgique. Elle-même, pour l’instant, ne désire pas quitter son pays d’origine. Elle veut retrouver sa liberté en Iran.»

Otages d’Etat

Plusieurs dizaines d’Occidentaux sont détenus en Iran, décrits par leurs soutiens comme des innocents utilisés par Téhéran comme leviers de négociation. L’Iran, sous sanctions internationales, et les grandes puissances essaient de ressusciter un accord international conclu en 2015 qui garantit le caractère civil du programme nucléaire de Téhéran, accusé, malgré ses démentis, de chercher à se doter de l’arme atomique. Des pays comme la France, dont sept ressortissants étaient jusqu’ici détenus en Iran, n’hésitent plus à accuser Téhéran d’en faire des «otages d’Etat». Téhéran a fait valoir que tous les étrangers sont détenus en vertu des lois intérieures de l’Iran et s’est dit prêt à des échanges de prisonniers.

Outre Fariba Adelkhah, le Français Benjamin Brière a été arrêté en mai 2020 et condamné à huit ans et huit mois d’emprisonnement pour espionnage. Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris ont été arrêtés en mai alors qu’ils faisaient du tourisme en Iran. Plus récemment, c’est l’identité du Franco-irlandais Bernard Phelan, détenu dans une prison iranienne depuis octobre, qui a été rendue publique. Le nom des deux autres ressortissants français emprisonnés n’est pas connu. Fin décembre, le ministère français des Affaires étrangères avait assuré que la mobilisation des autorités françaises pour faire libérer les sept ressortissants restait «totale».

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