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Le Népal ouvre la voie au mariage homosexuel avec l’enregistrement des noces d’une femme transgenre

La Cour suprême de ce petit pays himalayen avait légalisé le mariage entre personnes du même sexe en juin. Dans la région Indo-Pacifique, seul Taïwan autorise ce type d’union.

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Publié le 01 décembre 2023 à 09h34, modifié le 01 décembre 2023 à 16h31

Temps de Lecture 2 min.

Les premiers mariés de même sexe, Surendra Pandey et Maya Gurung, lors de l’enregistrement officiel de leur mariage, le 29 novembre 2023, à Dordi, un village au centre du Népal.

A l’échelle de cette petite nation himalayenne, et surtout à l’aune des valeurs morales de l’ensemble du sous-continent indien, l’événement qui vient d’avoir lieu dans une région reculée du Népal central, située au pied des hauts sommets de l’Annapurna, fera date : mercredi 29 novembre, un Népalais de 27 ans du nom de Surendra Pandey a officiellement été uni à Maya Gurung, une femme transgenre de 41 ans.

Maya n’ayant pas changé ses papiers d’identité la désignant comme appartenant au genre masculin, il s’agit donc là du premier mariage homosexuel jamais enregistré en Asie du Sud. En juin, une décision historique avait ouvert la voie au mariage gay au Népal : la Cour suprême avait statué sur la légalité de l’union civile entre « personnes du même sexe et non hétérosexuelles ». Une révolution dans un sous-continent indien largement conservateur, où l’importance dévolue aux rôles des familles traditionnelles dans la société reste cardinale.

Dans le reste de l’Asie, seul Taïwan autorise le mariage homosexuel. Mais le 12 décembre, les députés thaïlandais débattront d’un amendement qui devrait également, s’il est approuvé, permettre le mariage entre personnes du même sexe.

« C’est un grand jour pour nous. Se battre pour nos droits, ça n’a pas été facile », a réagi Maya Gurung après que les autorités municipales d’un village du district de Lamjung ont enregistré l’acte de mariage. Les deux jeunes gens, en couple depuis une dizaine d’années, avaient dû surmonter un dernier obstacle avant que leurs désirs puissent être exaucés. Mariés religieusement dans un temple hindou de Katmandou, ils avaient essuyé, en juillet, le refus d’une cour de justice de la capitale du Népal : on leur avait signifié qu’un tel mariage était impossible car les lois adéquates, consécutives à la décision de la Cour suprême, n’avaient pas encore été votées…

Audace sociétale

Il leur a donc fallu retourner dans le district dont Maya est originaire, dans les collines subhimalayennes du centre Népal où vit son ethnie, les Gurung. Là-bas, le responsable de l’administration locale a décidé d’ignorer les arguments présentés à Katmandou, déclarant que le mariage gay était légal, « conformément à l’esprit de la décision » prise par la plus haute juridiction népalaise. La même Cour avait par ailleurs reconnu, dès 2017, les droits des personnes transgenres à se déclarer homme, femme ou appartenant à un « troisième genre ».

Contrairement à son grand voisin indien, le Népal fait ainsi preuve d’une audace sociétale peu commune dans la région : le 17 octobre, la Cour suprême de la République indienne a rejeté les requêtes d’une vingtaine de couples gays et de personnes trans demandant à faire légaliser le mariage homosexuel, laissant au Parlement le loisir de légiférer sur la question. Et comme le premier ministre, Narendra Modi, chantre du nationalisme hindou, défend les « valeurs acceptées par la société », il y a donc peu de chances que les députés indiens se prononcent en faveur de la légalisation de telles unions.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Cour suprême indienne refuse de légaliser le mariage homosexuel

A n’en pas douter, de telles « valeurs » restent également défendues dans ce Népal qui fut, jusqu’au passage à un système de démocratie parlementaire républicaine en 2008, l’une des dernières monarchies absolues de l’Himalaya. Même si, à la marge, les mentalités évoluent depuis un certain temps, comme l’a montré, en 2012, la diffusion d’un film népalais, Soongava, la danse des orchidées, de Subarna Thapa, qui narrait les amours contrariées de deux jeunes femmes refusant le mariage arrangé avec des hommes. « Les 900 000 membres de la communauté LGBTQ font l’objet de discriminations, concède Rukshana Kapali, une militante gay. Mais comparé à il y a dix ans, de plus en plus de gens queers sortent du placard. »

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