L’Essequibo : cet eldorado que le Venezuela veut annexer au Guyana

La rivière Essequibo coulant dans une section de la forêt amazonienne dans la région de Potaro-Siparuni, 24 septembre 2022. ©AFP - Patrick FORT / AFP
La rivière Essequibo coulant dans une section de la forêt amazonienne dans la région de Potaro-Siparuni, 24 septembre 2022. ©AFP - Patrick FORT / AFP
La rivière Essequibo coulant dans une section de la forêt amazonienne dans la région de Potaro-Siparuni, 24 septembre 2022. ©AFP - Patrick FORT / AFP
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Les Vénézuéliens étaient appelés aux urnes hier pour se prononcer au sujet d’un territoire, l’Essequibo. Celui-ci appartient au Guyana — d’après les conventions actuelles et les traités internationaux — mais Caracas revendique la souveraineté.

Avec
  • Luis Alejandro Avila Gomez Chercheur en géopolitique, spécialiste du continent Latino-américain. Il est le responsable du programme Amérique Latine de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe – IPSE.

Le référendum s’est tenu en dépit d’une mise en garde de la Cour Internationale de Justice émise vendredi. Pourquoi ce territoire fait-il l’objet d’une telle controverse entre le Guyana et le Venezuela ? Quelles pourraient être les conséquences de ce référendum, après des années de tensions latentes entre les deux pays ?

Un référendum à sens unique

Selon Luis Alejandro Avila Gomez, le référendum s’est déroulé “normalement” : “si nous n’avons pas de chiffres concernant la participation, il y a environ 95% d’approbation”. Cela signifie ainsi que le Venezuela pourrait annexer l’Essequibo, qui deviendrait le vingt-quatrième État vénézuélien. “L’Essequibo est un territoire d’un peu moins de 160 000 kilomètres carrés, situé entre le fleuve Essequibo et une frontière que le Vénézuela revendique aujourd’hui, déterminée en 1899 avec le Royaume-Uni”.

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L’idée pour le gouvernement serait alors de s’approprier ce territoire, appelé également la "Guyana Esequiba", pour réussir à en tirer profit. En effet, les ressources pétrolières de ce territoire seraient supérieures à celles du Koweït ou de l’Arabie Saoudite. Cela s’ajouterait aux réserves pétrolières du pays qui sont déjà proprement faramineuses.

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Un consensus en temps de crise

Le “oui” était largement attendu dans le cadre de ce référendum. “L’appartenance de la Guyana Esequiba fait consensus tant au Venezuela qu’au Guyana. Les gens font bloc pour dire qu’il appartient au territoire national. Le gouvernement en profite aussi pour souder la population autour d’une question nationale en temps de crise”, d’après Luis Alejandro Avila Gomez. Si les sanctions économiques de l’administration Joe Biden se sont récemment atténuées, la situation dans le pays reste aujourd'hui extrêmement délicate.

Une annexion militaire possible ?

“Je ne vois pas de scénario dans lequel il y a un conflit armé entre le Guyana et le Venezuela. L’asymétrie de pouvoir est trop importante. Le discours exprimé de part et d’autre ne va pas non plus dans ce sens”, explique Luis Alejandro Avila Gomez, qui note toutefois le risque que revêt une possible ingérence des États-Unis, compte tenu de la proximité entre le Venezuela et la Russie.

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