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Elon Musk annonce une « amnistie » et le rétablissement des comptes suspendus sur Twitter

Après un simple sondage sur le réseau social, le nouveau PDG a annoncé que tous les comptes seraient rétablis, « à condition qu’ils n’aient pas enfreint la loi ou envoyé des spams de façon scandaleuse ».

Le Monde

Publié le 24 novembre 2022 à 22h20, modifié le 20 avril 2023 à 16h59

Temps de Lecture 3 min.

Elon Musk, le nouveau patron de Twitter.

Le nouveau patron de Twitter, Elon Musk, a annoncé, jeudi 24 novembre, qu’il allait rétablir dès la semaine prochaine les comptes suspendus sur la plate-forme, « à condition qu’ils n’aient pas enfreint la loi ou envoyé des spams de façon scandaleuse ».

Le milliardaire avait lancé mercredi sur son réseau un sondage, à l’issue duquel une majorité s’est dégagée en faveur de cette mesure. « Le peuple a parlé, l’amnistie débute la semaine prochaine », a tweeté M. Musk, jeudi, jour férié aux Etats-Unis pour la fête de Thanksgiving, accompagnant sa publication du message « Vox Populi, Vox Dei ». Une grande majorité des votants s’est en effet dite favorable à un rétablissement des comptes suspendus. Ainsi, 72,4 % des quelque 3,16 millions de personnes s’étant exprimées ont répondu « oui » à la question de M. Musk.

Chute des dépenses publicitaires

Quelques jours auparavant, samedi, Elon Musk avait procédé de la même manière pour le compte de Donald Trump, banni du réseau social après l’assaut contre le Capitole à Washington, en janvier 2021. Le dirigeant de Tesla et de SpaceX avait pris cette décision à la suite d’une consultation similaire sur Twitter, une méthode à la représentativité incertaine. Une courte majorité (51,8 %) des quinze millions de votants s’était exprimée en faveur d’un retour du milliardaire républicain, qui n’a pas tweeté depuis le rétablissement de son compte.

Elon Musk a expliqué à maintes reprises avoir racheté Twitter parce qu’il considère la plate-forme comme la « place publique numérique » essentielle à la démocratie dans le monde.

L’homme le plus riche au monde juge la modération des contenus trop restrictive, mais sa vision absolutiste de la liberté d’expression fait craindre un déferlement d’abus (désinformation, discours de haine) sur le réseau social. Malgré ses dénégations – il assurait encore jeudi que les discours de haine étaient en baisse sur la plate-forme –, plusieurs études indépendantes ont montré une augmentation préoccupante du degré de toxicité des discours qui y étaient tenus.

Le recours à des sondages pour définir certaines orientations de Twitter va par ailleurs à l’encontre d’un engagement exprimé peu après le rachat de l’entreprise. Elon Musk avait en effet annoncé la formation imminente d’un « conseil de modération avec des points de vue très divers ». « Aucune décision majeure concernant les contenus ou le rétablissement de comptes ne sera prise avant la réunion de ce conseil », avait-il tweeté.

Mais il est revenu sur cette promesse, accusant des « militants “sociaux et politiques” » de chercher à « tuer Twitter en asséchant [ses] recettes publicitaires », qui représentent 90 % des revenus de l’entreprise. Cette stratégie équivaut, selon le tempétueux entrepreneur, à une rupture de l’accord visant à établir un conseil de sages. De nombreuses marques ont déjà suspendu leurs dépenses publicitaires sur Twitter – dont Volkswagen, General Motors ou encore General Mills.

Elon Musk semble néanmoins avoir une limite : il a indiqué qu’il ne rétablirait pas le compte du complotiste américain d’extrême droite Alex Jones, poursuivi depuis plusieurs années par des parents de victimes de la tuerie de l’école de Sandy Hook, à Newton (Connecticut), pour avoir affirmé que le massacre n’était qu’une mise en scène pilotée par des opposants aux armes à feu. Ayant vécu la mort de son premier enfant, il a expliqué être « sans merci vis-à-vis de quiconque utiliserait les décès d’enfants pour [engranger des] gains financiers, politiques ou de renommée ».

Une décision qui soulève de multiples questions

« Ce que Musk est en train de faire représente une menace existentielle pour de nombreuses communautés marginalisées, a réagi auprès du Washington Post Alejandra Carabello, enseignante au sein de la Cyberlaw Clinic de Harvard et activiste transgenre. Cela revient à ouvrir les porte de l’enfer. » Des personnes exerçant des professions particulièrement exposées, comme certains journalistes, se sont aussi inquiétés publiquement de l’impact qu’un rétablissement massif des comptes bannis pourrait avoir pour la sécurité de leurs confrères et consœurs. 

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Procéder à la restauration générale des comptes expulsés de la plate-forme représente par ailleurs un véritable défi sur le plan pratique : comment les équipes de Twitter, grandement réduites par les différentes vagues de licenciements et de démissions ces dernières semaines, comptent-elles passer en revue tous les comptes supprimés afin de diagnostiquer qui a vocation à revenir ? Les lois en vertu desquelles les comptes ont été bannis varient, en effet, d’un pays à l’autre et nécessitent donc, en théorie, d’avoir un historique clair, pour chacun, de ce qui a mené en premier lieu à la sanction.

Plus largement, Elon Musk est critiqué pour ses décisions impulsives à la tête de Twitter, des licenciements massifs au lancement chaotique de nouvelles fonctionnalités. Il écarte les critiques plusieurs fois par jour sur son compte aux 118 millions d’abonnés à coups de mèmes (images parodiques), d’émoticônes, de provocations, d’attaques personnelles et de pirouettes. Mais le milliardaire risque d’être rattrapé par les régulateurs.

Twitter doit en effet respecter des lois européennes, dont celle sur les services numériques (DSA), qui devrait obliger les plates-formes à retirer rapidement les contenus illicites et à lutter contre la désinformation.

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), le gendarme français des médias, avait rappelé lundi au groupe californien ses « obligations » et lui avait demandé de lui « confirmer » d’ici à jeudi être « en mesure » d’y faire face et « de lui faire part de l’évolution à brève échéance des moyens humains et technologiques » qui y sont consacrés.

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