Réchauffement climatique : 91 % des stations de ski européennes en péril, selon une étude

La station de Megève confrontée au manque de neige, en janvier 2023.

La station de Megève confrontée au manque de neige, en janvier 2023.  J-F TRIPELON-JARRY / ONLY FRANCE VIA AFP

En cas de hausse de la température de 3 °C en 2100, 93 % des stations alpines françaises pourraient être concernées par une pénurie d’enneigement, selon une étude publiée ce lundi dans « Nature Climate Change ».

Y aura-t-il demain encore assez de neige en Europe pour skier ? Une nouvelle étude scientifique, publiée ce lundi 28 août dans « Nature Climate Change », s’est intéressée à la questions et les réponses qu’elle livre donnent le vertige.

Si la hausse de la température devait atteindre les 3 °C en 2100, soit la trajectoire sur laquelle nous placent peu ou prou les politiques actuelles de réduction des gaz à effet de serre, 91% des stations de ski européennes seront en péril, faute d’un approvisionnement en neige suffisant, affirment les six auteurs, qui ont passé au crible 2 234 stations de ski se trouvant dans 28 pays européens.

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Selon leurs calculs, l’ampleur des conséquences du changement climatique va varier suivant les régions montagneuses du continent. Mais toutes vont subir un bouleversement colossal. Environ 93 % des stations alpines françaises, 94 % des stations autrichiennes et 87 % des stations suisses risquent d’être confrontées demain à un risque très élevé d’approvisionnement en neige insuffisant.

Dans les Alpes italiennes et allemandes, les perspectives sont encore plus sombres, puisque la totalité des stations seront menacées. L’impact de la hausse de la température sera manifeste en Scandinavie aussi, où 70 % des stations pourraient ne pas disposer d’assez de neige pour maintenir la pratique du ski.

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« En Europe, toutes les régions de montagne vont être confrontées à des conditions d’enneigement dégradées par rapport aux dernières décennies, résume Samuel Morin, chercheur au CNRS et à Météo France et coauteur de l’étude.

« Cela ne signifie pas la fin immédiate du tourisme de ski en Europe, mais les conditions seront de plus en plus difficiles pour toutes les stations. Certaines vont atteindre en quelques décennies un niveau d’enneigement critique pour fonctionner. »

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Ne pas renoncer à l’objectif de 1,5 °C

Dans leur étude, les six chercheurs démontrent qu’il en serait tout autrement si nous parvenions à réduire drastiquement et rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Avec un réchauffement climatique contenu à 1,5 °C – l’objectif cible de l’accord de Paris –, « seulement » 4 % des stations alpines françaises, 5 % des stations suisses et 7 % des stations autrichiennes seraient ainsi concernées par un risque élevé de pénurie d’enneigement.

Pour ce qui est des stations allemandes et italiennes, toutes en péril en cas d’un réchauffement supérieur à 3 °C, les risques seraient également nettement moindres. Selon les calculs des chercheurs, 20 % des stations allemandes et 69 % des stations italiennes atteindraient alors un niveau d’enneigement critique.

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Deux autres chiffres donnent la mesure de l’urgence et de notre intérêt à agir. En cas de réchauffement climatique limité à 2 °C, les chercheurs estiment que 53 % des 2 234 stations de ski étudiées seront confrontées à un manque de neige. Si la hausse de la température venait à atteindre les 4 °C, ce serait alors 98 % des stations qui seraient en péril…

« Des réductions plus rapides des émissions de CO2 limiteraient le risque concernant l’approvisionnement en neige pour le tourisme de ski, mais aussi la demande d’enneigement artificiel et les externalités associées, comme la consommation d’eau et d’électricité », avertit Samuel Morin.

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Les limites de la neige artificielle

Alors qu’un nombre croissant de stations de ski se tournent justement vers l’enneigement artificiel pour faire face à la diminution de la ressource, les scientifiques rappellent que cette pratique n’a rien de la solution miracle.

Certes, y avoir recours peut permettre de limiter quelque peu cette saignée. En recourant à la production de neige artificielle, la proportion de stations à risque baisserait à 27% dans un scénario de réchauffement de 2°C et à 71% dans un scénario de hausse de 4°C. Mais, dans de très nombreuses stations, même la présence d’infrastructures d’enneigement artificiel ne sera pas suffisante pour maintenir l’activité, les températures devenant trop élevées pour fabriquer de la neige de manière efficace.

Si la hausse des températures atteint 3 °C ​​et si 75 % des stations venaient à se doter d’infrastructures de fabrication de neige artificielle, 42 % des stations alpines françaises, 49 % des stations italiennes et 26 % des stations suisses seraient ainsi toujours confrontées à un risque très élevé de pénurie, préviennent les auteurs de l’étude.

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Là encore, contenir le réchauffement climatique sous les fameux 1,5 °C a son importance. Dans un tel scénario, et avec un taux de couverture en infrastructures d’enneigement artificiel de 75 %, seulement 11 % des stations alpines françaises, 4 % des stations suisses et 17 % des stations italiennes seraient alors en péril.

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« Avec un niveau de réchauffement faible, l’enneigement artificiel conduit à une amélioration des conditions d’enneigement dans les stations de ski, décrypte Hugues François, chercheur à l’Institut national de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (Inrae) et auteur principal de l’étude. Mais quand le niveau de réchauffement est élevé, le gain en fiabilité de l’enneigement n’est plus toujours garanti. »

Sur le sujet EcoloObs

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