Des combattants du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP) marchent dans un tunnel dans le sud de la bande de Gaza, le 19 mai 2023.

Des combattants du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP) marchent dans un tunnel dans le sud de la bande de Gaza, le 19 mai 2023.

AFP

Une véritable "toile d’araignée". C’est par ces mots que Yocheved Lifshitz, l’une des quatre seules otages israéliennes libérées par le Hamas, a décrit le réseau de souterrains de l’organisation terroriste, évoquant "beaucoup, beaucoup de tunnels", et expliquant avoir "marché sous terre sur plusieurs kilomètres".

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Démanteler ce réseau de tunnels creusés dans la bande de Gaza par le Hamas devrait être l’un des plus grands défis de l’armée israélienne pour pouvoir priver l’organisation terroriste de toutes ses "capacités d’action". Tsahal est convaincue que le mouvement islamiste dirige et organise ses opérations depuis ce gigantesque enchevêtrement de souterrains. L’état-major de l’État hébreu estime que c’est également là que le Hamas stocke ses armes et ses munitions, et surtout qu’il y détient les otages kidnappés le 7 octobre dernier, rendant encore plus complexe toute opération d’ampleur.

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A l’heure d’intensifier son offensive, l’armée israélienne a donc spécifiquement ciblé ce réseau. Tsahal annoncé ce samedi 28 octobre que ses avions de combat avaient frappé dans la nuit "150 cibles souterraines dans le nord Gaza, dont des tunnels utilisés par les terroristes, des sites de combat et d’autres infrastructures souterraines".

"Plus de 500 kilomètres" de tunnels

Pourtant, le succès de cette opération revendiqué par Israël pourrait bien rester largement insuffisant face à l’ampleur de ce dédale souterrain. Sa construction a débuté en 2007, pour contourner le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza après la prise de pouvoir du Hamas dans ce territoire. Les Palestiniens avaient alors commencé à ouvrir des centaines de galeries sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler des personnes, des biens, mais aussi des armes et des munitions entre Gaza et le monde extérieur.

Si ces tunnels ont toujours été la cible prioritaire de l’armée israélienne lors de chaque résurgence du conflit, ce réseau n’a fait que grossir. Il est même aujourd’hui difficile de juger de la longueur exacte de ces galeries pouvant s’enfouir jusqu’à 30 ou 40 mètres de profondeur. Le chef du groupe islamiste à Gaza, Yehya al Sinwar, avait déclaré en 2021 que l’organisation terroriste disposait de "plus de 500 kilomètres" de souterrains, alors même qu’un responsable militaire israélien cité par l’AFP chiffre à 500 000 dollars le coût de construction de chaque kilomètre de tunnel.

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"C’est une véritable ville souterraine", décrit quant à lui John Spencer, auteur d’une étude publiée ce 17 octobre pour l’Institut de la guerre moderne de l’académie militaire américaine West Point. Il évoque un réseau de près de 1 300 galeries sur 500 kilomètres. La bande de Gaza, pourtant, ne s’étend que sur 41 kilomètres de long pour une largeur qui varie de 6 à 12 kilomètres.

Une intervention terrestre indispensable ?

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Ce réseau tentaculaire rend particulièrement complexe la mission affichée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou d'"éradiquer le Hamas". Selon des sources sécuritaires israéliennes citées par l’agence de presse américaine Reuters, "les bombardements aériens sans précédent menés par Tsahal depuis l’attaque du Hamas ont échoué à réellement endommager l’infrastructure souterraine" de l’organisation terroriste.

Pour pouvoir réellement déloger définitivement le Hamas du "métro de Gaza", comme il est surnommé, difficile d’imaginer une autre solution qu’une intervention militaire terrestre. Une mission qui s’annonce extrêmement périlleuse : selon le secrétaire à la Défense des États-Unis Lloyd Austin, envahir Gaza pourrait s’avérer plus difficile que les neuf mois de bataille livrés en Irak pour reprendre la ville de Mossoul à l’organisation Etat islamique en 2017. Avec en premier lieu la probable présence de pièges et d’engins explosifs dans l’enclave et notamment dans ses souterrains, ainsi qu’une bien meilleure connaissance du terrain. Alors que le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant a affirmé ce samedi que la guerre avec le Hamas était "entrée dans une nouvelle phase", celle-ci s’annonce donc particulièrement périlleuse.

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