CONSOMMATION - Ouvrir un paquet de lardons, de bonbons ou de chocolats... et découvrir qu’il n’est qu’à moitié rempli. Peut-être vous êtes-vous déjà retrouvé dans cette situation, perplexe, voire un peu énervé. Ce mardi 27 juin, deux associations environnementales lancent une action pour tenter de mettre fin à cette pratique.
Reprenons du début. Si certains paquets ne sont remplis qu’à moitié, c’est pour conserver au mieux les aliments qu’ils contiennent. C’est du moins l’explication donnée par les industriels qui les dessinent. L’exemple le plus parlant reste celui du paquet de chips : il est gonflé d’air pour éviter justement qu’elles ne s’écrasent entre elles. Mais est-ce justifié pour tous les aliments ?
Certains paquets contiennent plus d’air que d’aliments
Les associations Food Watch et Zero Waste France comptabilisent par exemple que les paquets de noisettes décortiqués de la marque Daco Bello contiennent 68 % de vide. Pour les raviolis de la marque Rana ou les carrés de chocolat noir de la marque Côte d’Or, on trouve 60 % de vide. Les paquets de bonbons Krema ou les lardons Herta sont eux à moitié remplis.
Devant ce constat, les deux associations somment ces marques de changer leurs pratiques. Elles estiment qu’il s’agit d’une méthode trompeuse pour les consommateurs, et surtout une aberration écologique. « Ces emballages vont à l’encontre des efforts urgents que doivent faire les industriels pour réduire l’impact de leur production sur l’environnement et leurs déchets » estiment-elles.
La production d’emballages plus grands que nécessaire implique une consommation inutile de matières premières, d’énergie et d’eau. À cela s’ajoute le fait que ces emballages en plastique sont forcément polluants pour l’environnement car ce matériau est obtenu grâce au pétrole dont la production émet des gaz à effet de serre. Si le plastique était un pays, en prenant en compte tous les impacts de son cycle de vie, il serait le 5e plus gros émetteur mondial.
Trente jours pour agir ou une attaque en justice
Même s’ils sont recyclables, ces emballages posent donc un problème environnemental majeur : celui de la pollution plastique. « De recyclage en recyclage le plastique continue de se dégrader et alimente le réservoir de micro et de nano plastique dans l’air et l’eau qui nous entoure » indique Nathalie Gontard, chercheuse à l’Inrae. Les associations assurent avoir comparé les produits épinglés avec des produits similaires pour voir si des emballages mieux remplis existaient quand cela était possible.
D’après le code de l’environnement, « l’emballage doit être conçu, fabriqué et commercialisé de manière à réduire au minimum son incidence sur l’environnement ». Pour l’avocat de Zero Waste France, Me Alexandre Faro, « ces pratiques abusives contreviennent donc à la réglementation ». Les associations laissent 30 jours aux entreprises pour changer leurs emballages, sans quoi ils saisiront la justice.
« Nous avons déjà dénoncé cette situation à maintes reprises : face à l’inaction des marques, c’est sur la voie de la justice que nous nous orientons désormais » menacent Audrey Morice, chargée de campagnes chez foodwatch et Alice Elfassi, juriste de Zero Waste France. Pour le moment il n’y a eu aucun cas de jurisprudence sur le sujet en France.
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