Le Parlement de Singapour a révoqué, mardi 29 novembre, une loi pénalisant les rapports sexuels entre hommes datant de l’époque coloniale. Cette loi discriminatoire et stigmatisante prévoyait une peine maximale de deux ans d’emprisonnement, mais n’était plus appliquée.
Roy Tan, un médecin qui était au nombre des plaignants ayant contesté la loi devant la justice, a salué « la naissance d’un nouveau chapitre dans l’histoire de la communauté LGBT de Singapour ». « Avec la révocation de cette loi, nous pouvons démanteler progressivement tous les obstacles à la visibilité et aux progrès pour les citoyens queers puisqu’il n’y a plus de raison pour un traitement discriminatoire », a-t-il estimé.
Le Parlement singapourien a cependant également modifié la Constitution locale pour préciser qu’un mariage ne pouvait être que l’union d’un homme et une femme, empêchant les couples de même sexe d’obtenir l’égalité pour le mariage.
Vestige du régime colonial britannique
Le premier ministre de la cité-Etat, Lee Hsien Loong, avait annoncé cette abrogation à la fin du mois d’août. « Je crois que c’est la bonne chose à faire et quelque chose que la plupart des Singapouriens accepteront désormais », avait-il alors déclaré lors d’un discours. Le premier ministre avait estimé que la situation avait changé par rapport à 2007, quand les autorités avaient décidé de conserver cette loi.
A l’époque, la législation avait été réformée une première fois, levant l’interdiction uniquement sur les relations entre femmes et la sodomie entre hétérosexuels. Les hommes homosexuels « sont aujourd’hui bien plus acceptés », à Singapour, avait souligné le premier ministre à l’été. L’abrogation de la loi « mettra la législation en accord avec l’évolution des mentalités », avait encore estimé Lee Hsien Loong.
La loi, vestige du régime colonial britannique, prévoyait une peine maximale de deux ans d’emprisonnement pour les actes homosexuels. Elle n’est pas appliquée dans les faits, mais les défenseurs des droits des homosexuels affirment qu’elle prive toujours les membres de la communauté gay de leurs droits, malgré la culture de plus en plus moderne de la cité-Etat.
Les relations homosexuelles réprimées dans 69 pays
Le ministre de la justice, Kasiviswanathan Shanmugam, a déclaré à la fin des débats au Parlement que la révocation de la loi était « la bonne chose à faire, parce qu’on ne peut plus considérer que les rapports sexuels consentants entre hommes sont un crime ». Il avait encore relevé lundi que cette législation était « un rappel quotidien » aux homosexuels que « chaque fois qu’ils se livrent à des actes sexuels, dans l’intimité de leur chambre à coucher, ils sont néanmoins des criminels ».
Le ministre aux affaires sociales et familiales, Masagos Zulkifli, dont l’administration a proposé l’amendement à la Constitution bloquant les unions de personnes du même sexe, a souligné que la définition traditionnelle de la famille devait rester le socle de la société. « Il n’y a pas de projet de changer cette définition pour inclure les mariages entre personnes de même sexe », a-t-il déclaré mardi. Il a prévenu que toute célébration d’une union entre personnes du même sexe « était contraire à la loi ». Il est possible néanmoins que le Parlement modifie à l’avenir la définition du mariage, a-t-il convenu.
Selon un rapport publié en décembre 2020 par l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes, l’ILGA, les relations entre personnes de même sexe sont réprimées par la loi dans 69 pays sur 193, et passibles de la peine de mort dans onze d’entre eux – notamment en Iran, en Arabie saoudite ou au Yémen.
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