Pas d'eau potable deux jours sur trois : que se passe-t-il à Mayotte ?

par F.R avec AFP
Publié le 24 août 2023 à 22h51, mis à jour le 18 novembre 2023 à 0h56

Source : JT 20h WE

Depuis des mois, les habitants de Mayotte sont rationnés en eau potable.
Le préfet va imposer de nouvelles restrictions, alors que Mayotte est frappée par une grave sécheresse.
Dès lundi, les Mahorais devront composer avec des coupures de 48 heures toutes les 24 heures.

Victime d'une grave sécheresse, Mayotte n'a plus assez d'eau. Conséquence : depuis des mois, l'eau potable est rationnée. Les 30.000 habitants du département n'ont accès à l'eau potable qu'au compte-gouttes : le robinet d'une partie d'entre eux est coupé tous les jours de 16h à 8h du matin, celui des autres trois fois par semaine pendant vingt-quatre heures.

Et pour tenter de préserver les maigres réserves de l'île de l'océan Indien, jusqu'à la prochaine saison des pluies en fin d'année, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, va imposer de nouvelles restrictions d'accès. Dès ce lundi 28 août, il y aura "des coupures de quarante-huit heures toutes les vingt-quatre heures" dans l'ensemble de l'île, a-t-il annoncé.

Pour réussir à passer le mois d'octobre, nous sommes obligés de prendre de nouvelles mesures
Thierry Suquet, préfet de Mayotte

À Mamoudzou, Koungou ainsi qu'en Petite-Terre, l'eau sera coupée toutes les nuits, de 16h à 8h avant une coupure de trente-six heures une fois par semaine "afin de garantir la continuité de l'activité économique sur ces zones", a détaillé Thierry Suquet. L'approvisionnement de Mayotte dépend essentiellement des eaux pluviales : 80% de l'eau provient de deux retenues collinaires et des cours d'eau, et le reste de l'approvisionnement est assuré par des forages en eaux souterraines et une usine de dessalement, qui ne produit actuellement qu'au tiers de ses capacités prévues. 

"On s'aperçoit aujourd'hui que les prélèvements faits dans les retenus collinaires sont trop importants", a expliqué le préfet, ajoutant que les travaux d'urgence lancés par le syndicat des eaux, notamment pour augmenter la production de l'usine de dessalement, ne seraient effectifs qu'au début du mois de novembre. "Donc pour réussir à passer le mois d'octobre, nous sommes obligés de prendre de nouvelles mesures", a insisté le préfet. Les écoles et les établissements de santé ne seront pas soumis aux coupures, a précisé le préfet.

En 2017, un plan d'urgence avait déjà été lancé à l'initiative du gouvernement à l'issue d'une sécheresse qui avait causé un rationnement drastique de l'eau. Il prévoyait la réhabilitation de huit forages, la construction d'une usine de désalinisation dans les dix-huit mois et une troisième retenue collinaire, attendue depuis des années, devait voir le jour fin 2020. Mais "ce plan a été réalisé beaucoup plus lentement que prévu", a expliqué sous couvert d'anonymat à l'AFP un ingénieur, spécialisé en gestion de l'eau. 

Il y a quelques semaines, l'Agence régionale de santé (ARS) avait averti que l'eau courante était "impropre à la consommation" juste après les coupures. Selon l'ingénieur, leur multiplication "favorise la prolifération de bactéries". 


F.R avec AFP

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