LETTRE DE DJAKARTA
Les grandes vacances du Lebaran, qui marquent en Indonésie la rupture du jeûne du ramadan les 2 et 3 mai, donnent lieu, chaque année, à de vastes migrations à travers l’immense archipel aux 13 500 îles. Après deux ans de restrictions dues au Covid-19, près de 85 millions de personnes, sur les 279 millions que compte le pays, participent cette année au mudik, le grand mouvement des retours à la campagne pour voir la famille, qui commence dès le mois d’avril et s’étend jusqu’à la fin de la première semaine de mai.
Si 78 % des Indonésiens en âge d’être vaccinés ont reçu deux doses, ils n’étaient qu’une fraction au début de l’année à avoir bénéficié d’un rappel. Soucieux d’augmenter ce taux au moment du mudik, propice aux contaminations, le gouvernement a décidé de permettre aux personnes ayant reçu une troisième dose de vaccin d’échapper à l’obligation de montrer un test antigénique négatif pour les voyages interrégionaux.
Cette proposition n’a pas été du goût de la Fondation du consommateur indonésien musulman (YKMI), contrariée par l’absence d’option halal pour cette troisième dose, alors que 230 millions d’Indonésiens s’identifient comme musulmans. Début avril, la YKMI a contesté devant les tribunaux une circulaire du ministère de la santé datée de janvier précisant les trois types de vaccins autorisés pour la dose de rappel, au motif qu’aucun d’eux n’était halal.
AstraZeneca déclaré haram
C’est le cas des vaccins à ARN messager de Pfizer et Moderna, qui n’ont pas été certifiés – leur statut n’a pas pu être déterminé en raison d’un manque de données. AstraZeneca a été déclaré haram (« interdit »), car soupçonné de contenir de la trypsine de pancréas de porc, malgré les démentis de sa filiale indonésienne en mars 2021. Le vaccin chinois de Sinopharm a subi le même sort.
Or, tous ces vaccins ont bénéficié d’une exemption (appelée « mubah ») pour les vaccinations de première et deuxième doses par le Conseil des oulémas indonésiens, qui regroupe les organisations islamiques du pays, en raison de l’urgence et de la gravité de la pandémie.
Seul le vaccin chinois de Sinovac a été certifié halal en 2021 – au côté d’un autre vaccin chinois, ZifivaxTM, peu utilisé, et du vaccin indonésien Merah Putih, toujours en phase d’essais cliniques. Fin 2020, l’Indonésie a été l’un des premiers pays à recevoir des livraisons de Sinovac, dont l’avatar local, CoronaVac, est fabriqué par une coentreprise entre le laboratoire d’Etat BioPharma et la société chinoise Sinovac Biotech.
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