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Cyclone Mocha en Birmanie : le bilan s’établit à au moins 145 morts, dont une majorité de Rohingya

La junte au pouvoir a annoncé vendredi qu’elle « prendrait des mesures » contre les médias qui ont fait état de bilans plus élevés, tandis que l’ONU a alarmé sur les « quelque 800 000 personnes » qui se trouvaient sur le trajet du cyclone et qui « ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence ».

Le Monde avec AFP

Publié le 19 mai 2023 à 10h33, modifié le 19 mai 2023 à 11h58

Temps de Lecture 3 min.

Le bilan mortel du cyclone Mocha, la plus grosse tempête enregistrée depuis plus d’une décennie dans le golfe du Bengale, ne cesse de s’alourdir en Birmanie. Il a ainsi été revu à la hausse vendredi 19 mai par la junte au pouvoir ; il est désormais de 145 morts, dont une majorité de Rohingya. La junte a toutefois annoncé qu’elle « prendrait des mesures » contre les médias qui ont fait état de bilans plus élevés.

« Au moins 800 000 personnes [qui se trouvaient] sur le trajet du cyclone ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence », a de son côté alerté l’ONU vendredi, par la voix d’Anthea Webb, directrice adjointe du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Asie et le Pacifique, lors du briefing régulier de l’organisation à Genève.

Le bilan provisoire du passage du cyclone Mocha dressé trois jours plus tôt faisait état de 81 morts. Avec des vents allant jusqu’à 195 kilomètres par heure, il a déferlé dimanche entre Sittwe, capitale de l’Etat de Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, et Cox’s Bazar, dans le Bangladesh voisin – où il n’a fait aucune victime.

Il a ravagé des villages, déraciné des arbres, coupé les communications et transformé les rues en rivières dans une grande partie de l’Etat de Rakhine, où des centaines de milliers de Rohingya vivent dans des camps de déplacés à la suite de décennies de conflit interethnique et des massacres dont ils ont été la cible en 2017.

Un bilan de 400 morts selon certains médias locaux

Sur les 600 000 Rohingya vivant en Birmanie, privés d’accès à la santé et à l’éducation, « sous un régime d’apartheid », selon Amnesty International, 140 000 ont le statut de déplacé interne dans l’Etat de Rakhine. Tous sont assimilés à des étrangers et doivent même demander une autorisation avant tout déplacement en dehors de leur village.

« Selon les informations que nous avons obtenues, 4 soldats, 24 habitants et 117 Bengalis ont été tués dans la tempête », a détaillé l’équipe d’information de la junte vendredi, « bengali » étant un terme péjoratif utilisé dans le pays pour désigner la minorité musulmane.

Mais certains médias locaux font état d’un bilan bien plus lourd de 400 morts. Un chef de village rohingya a notamment déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que plus d’une centaine de personnes étaient portées disparues dans son seul village à la suite du cyclone. Un autre chef de village près de Sittwe a déclaré à l’agence de presse qu’au moins 105 Rohingya étaient morts dans les environs de la ville, et que le décompte n’était pas terminé.

La junte qualifie vendredi ces informations de « fausses » et menace de censurer les organes de presse les relayant. Depuis son coup d’Etat il y a plus de deux ans, cette dernière a arrêté des dizaines de journalistes et fermé les médias jugés critiques à l’égard de son régime.

Au Bangladesh voisin, également touché par le cyclone, des responsables ont déclaré à l’AFP que personne n’avait péri dans le cyclone. Mais ce dernier est passé à proximité d’immenses camps de réfugiés abritant près d’un million de Rohingya qui ont fui la répression militaire en Birmanie en 2017.

Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, au pouvoir depuis le coup d’Etat du 1er février 2021 et qui était à la tête des forces armées lors de la répression, a qualifié l’identité des Rohingya d’« imaginaire ».

Reprise des vols

Certaines agences d’aide internationale, dont le Programme alimentaire mondial, travaillaient sur le terrain dans la ville de Sittwe cette semaine, selon des correspondants de l’AFP sur place. Interrogé par l’AFP, un porte-parole de la junte n’a pas immédiatement répondu à la question de savoir si les agences de l’ONU avaient accès aux camps de déplacés situés à l’extérieur de la ville.

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Les vols ont, eux, repris normalement à l’aéroport de Sittwe jeudi, selon le journal officiel birman Global New Light of Myanmar.

Les cyclones, parfois appelés ouragans dans l’Atlantique et typhons dans le Pacifique, sont une menace régulière sur les côtes du nord de l’océan Indien, où vivent des dizaines de millions de personnes.

En mai 2008, le cyclone Nargis avait fait au moins 138 000 morts ou disparus en Birmanie, la pire catastrophe naturelle de l’histoire du pays. La réaction de la junte de l’époque à la catastrophe avait été critiquée par la communauté internationale, l’avait accusée de bloquer l’aide d’urgence.

Le Monde avec AFP

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