Super Tuesday : ce qu’il faut retenir de la nuit électorale des primaires républicaines et démocrates aux Etats-Unis

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Donald Trump a remporté les caucus républicains organisés mardi en Alaska, dont les habitants étaient les derniers à se prononcer dans le cadre du Super Tuesday, rapporte l’agence de presse américaine Associated Press (AP).

La Virginie a été la première à tomber dans l’escarcelle de Donald Trump. Puis les Etats se sont succédé, mardi 5 mars, au cours d’un morne Super Tuesday. Les chaînes d’information américaines essayaient d’animer cet apogée traditionnel des primaires à grand renfort de cartes, de bandeaux dramatiques et de données actualisées. Mais l’issue était claire : Joe Biden et Donald Trump volaient vers l’investiture, chacun dans son couloir dégagé.

Donald Trump, qui devait compter sur le soutien de 893 délégués au terme de cette nuit, pourrait atteindre le seuil de 1 215 délégués vers la mi-mars. La perspective d’un nouveau duel entre le président démocrate, 81 ans, et son prédécesseur, 77 ans, ne peut plus être sérieusement contestée dans les urnes, au regret d’une majorité claire d’Américains.

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La candidate républicaine Nikki Haley, seule encore en lice à défier Donald Trump, ne s’est pas exprimée mardi soir, alimentant les spéculations sur son avenir. Elle n’a remporté que le Vermont lors de ce Super Tuesday, qui s’ajoute à sa victoire à Washington, la capitale fédérale.

Dans un communiqué, son équipe de campagne a toutefois estimé qu’il existait encore « un grand nombre d’électeurs républicains exprimant de profondes inquiétudes vis-à-vis de Donald Trump ». Elle pourrait être contrainte de jeter l’éponge, faute de soutiens, à l’issue de cette journée, au cours de laquelle elle n’a gagné qu’une poignée de délégués.

Dimanche, lors de l’émission « Meet the Press », de NBC, elle a déclaré qu’elle « ne se sentait plus liée par le serment du comité national républicain de soutenir Trump s’il gagne » les primaires.

Le représentant démocrate Colin Allred, ancien joueur de football américain à la NFL, a remporté la primaire démocrate et affrontera le sénateur sortant, le républicain Ted Cruz, en novembre.

Colin Allred a battu son principal rival démocrate, Roland Gutierrez (élu au Sénat texan), qui s’était fait connaître pour avoir réclamé des régulations plus strictes des armes à feu après le massacre d’Uvalde, en mai 2022.

Dans un discours à ses supporteurs, Allred a déclaré : « Avoir honte de notre sénateur n’est pas une fatalité (…) On peut en élire un autre. » Le sénateur sortant, Ted Cruz, s’était notamment attiré les foudres de ses opposants lorsque, en pleine vague de froid inédite et meurtrière au Texas, il s’était envolé pour Cancun, au Mexique, en février 2021. Allred a également déclaré qu’il protégerait le droit à l’avortement afin que des « gens comme Ted Cruz ne puissent pas forcer les femmes à fuir leur Etat pour obtenir les soins dont elles ont besoin ».

Ted Cruz, de son côté, a remporté la primaire républicaine, n’ayant pas de candidat face à lui. En 2018, Cruz avait battu de peu son opposant démocrate Beto O’Rourke, par moins de 3 points.

Dans un message posté sur X, le président américain a salué la mobilisation des électeurs en ce Super Tuesday, manière de « riposter au dessein réactionnaire de Donald Trump ». « Chaque génération se trouve confrontée à un moment où elle doit défendre la démocratie. C’est notre combat. »

Le scénario du Michigan s’est reproduit dans le Minnesota pour le président américain. Si Joe Biden l’emporte largement réunissant 70,4 % des voix, alors que près de 90 % des bulletins ont été dépouillés, il fait face, comme dans le Michigan la semaine dernière, à un fort vote uncommited (« non engagé ») qui dépasse 19 %.

Dans cet Etat qui compte une importante communauté musulmane, cela peut être interprété comme un nouvel avertissement adressé à Joe Biden, dont la politique de soutien à Israël dans la guerre menée contre le Hamas irrite nombre de ses électeurs.

Adam Schiff a donc réussi à évincer sa rivale démocrate Katie Porter, également candidate au siège laissé vacant par la sénatrice Diane Feinstein, morte en septembre. Dans cette primaire ouverte où les deux candidats arrivés en tête se qualifient pour l’élection de novembre, c’est un républicain, l’ancien joueur de base-ball Steve Garvey, qui affrontera le démocrate Adam Schiff, jusqu’ici élu à la Chambre des représentants.

Joe Biden a beau avoir raflé l’ensemble des Etats en jeu mardi lors des primaires démocrates du Super Tuesday, un petit territoire lui a résisté : les Samoa américaines, archipel du Pacifique remporté par un certain Jason Palmer.

Selon les projections des médias américains, c’est cet homme d’affaires qui, avec 51 voix, contre 40 pour Joe Biden, a gagné la majorité des six délégués qui étaient en jeu pour l’investiture du candidat démocrate à la présidentielle de novembre. « J’ai appris que j’avais gagné parce que mon téléphone a commencé à bipper dans tous les sens, avec les textos de mes amis et de mon staff de campagne », a dit Jason Palmer.

En raison du statut de territoire et non d’Etat des Samoa américaines, les quelque 40 000 habitants de cet archipel ne pourront pas voter lors de la présidentielle.

La primaire républicaine des Samoa américaines aura lieu vendredi. Après la capitale fédérale Washington et l’Etat du Vermont, cela pourrait bien être l’une des dernières occasions pour Nikki Haley d’enregistrer une victoire face à Donald Trump.

Dans ces primaires, il n’est pas seulement question de la course à la Maison Blanche. Elles font également office de « premier tour » pour de nombreuses élections. En Californie, la candidature pour le siège au Sénat américain de Dianne Feinstein, morte en septembre, était ainsi en jeu mardi. Sans surprise, le représentant démocrate Adam Schiff arrive en tête de cette primaire ouverte dans laquelle concouraient deux autres démocrates, Katie Porter et Barbara Lee, mais aussi un républicain.

L’ancienne star des Dodgers, l’équipe de base-ball de LA, Steve Garvey, compte bien jouer les trouble-fêtes. Il a bénéficié de la campagne d’Adam Schiff, qui en a fait son meilleur ennemi, dans le but d’évincer la progressiste Katie Porter. Le leader démocrate est parti du principe qu’il serait plus facile de battre en novembre un républicain dans la progressiste Californie qu’une autre démocrate, plus marquée à gauche que lui.

A ce stade du dépouillement, Steve Garvey semble bien parti pour se qualifier dans cette primaire, où les deux candidats arrivés en tête peuvent se maintenir.

Le site Internet Library of Congress dit qu’il faut remonter à… 1892 pour trouver un tel cas de figure. Le seul de l’histoire américaine.

En 1888, le président sortant, Grover Cleveland, se présente à sa réélection et perd face à Benjamin Harrison (dont le grand-père, William Henry Harrison, est connu pour avoir eu la présidence la plus courte de l’histoire : le 9^e président américain a été inauguré le 4 mars 1841, il est mort le 4 avril de la même année).

En 1892, Cleveland retente sa chance et bat le président sortant Harrison.

Sur le site officiel de la Maison Blanche, Grover Cleveland est donc listé comme étant le 22^e et le 24^e président des Etats-Unis.

D’après Associated Press, Donald Trump l’emporte en Californie, où 169 délégués étaient en jeu. A ce stade, il n’est pas possible de donner des chiffres précis sur son avance sur Nikki Haley, un trop faible nombre de bulletins ayant été dépouillés, mais la primaire républicaine en Californie fonctionnant sur le principe du winner takes all (« le gagnant remporte tout »), Donald Trump faite le plein de délégués.

De son côté, Joe Biden sort aussi sans surprise victorieux de cette primaire, qui comporte 424 délégués, mais ne fonctionne pas sur le même principe que la primaire républicaine. Les délégués sont distribués en fonction du résultat des différents candidats.

Bonjour Curieux,

Contrairement à la France, où le ministère de l’intérieur donne au fur et à mesure les résultats validés lors des élections, aux Etats-Unis, ce sont les annonces d’Associated Press qui font foi. Or l’agence de presse américaine donne dans un premier temps seulement les vainqueurs sans chiffres précis.

Nous nous basons, de notre côté, sur les estimations du New York Times que nous ne donnons que lorsque la quasi-totalité des bulletins est dépouillée. Une manière d’éviter des erreurs – qui ne sont pas rarissimes lors les élections américaines –, même si ce soir le suspense est tout relatif.