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Ecole Stanislas : la culture homophobe sévit de longue date, contrairement à ce qu’affirme Amélie Oudéa-Castéra

De nouveaux documents attestant de la tenue de propos à caractère homophobe dans l’enceinte de l’établissement au début des années 2010 ont été publiés par «Mediapart» mercredi 17 janvier. La ministre de l’Education a pourtant nié mercredi la remontée de «faits d’homophobie».
par LIBERATION
publié le 18 janvier 2024 à 11h36

De quoi battre en brèche la défense des autorités sur l’école privée Stanislas. Un enregistrement publié par Mediapart mercredi 17 janvier démontre bien la culture homophobe qui sévit depuis longtemps dans cet établissement sélect du VIe arrondissement de Paris. Le journal en ligne révèle que jusqu’en 2015, l’école faisait notamment intervenir Philippe Arino, «homosexuel, catholique et abstinent et promoteur des thérapies de conversion».

Dans un audio, Mediapart publie une partie de deux de ses interventions les 5 et 19 novembre 2011 devant des classes de 1re, interventions «qui étaient disponibles sur le site de l’école jusqu’en 2013» d’après le média. Le thème du cours : «l’homosexualité». On y entend par exemple que «le désir homosexuel est le désir de viol», «les cercles lesbiens, c’est des harpies» ou «80 % des personnes homos, c’est pas très profond, c’est plutôt une mode». Mediapart écrit également que Philippe Arino est intervenu lors des cours de religion des classes préparatoires de Stanislas de 2012 à 2014, ou lors de retraites spirituelles de l’établissement à Rocamadour (Lot) devant des élèves de 2nde.

Après la publication du rapport au vitriol du ministère de l’Education sur l’établissement Stanislas, trente pages et un condensé de propos homophobes, anti-avortement ou faisant la promotion des thérapies de conversion, Amélie Oudéa-Castéra a semblé minimiser les faits mercredi 17 janvier. Tout en annonçant un «plan d’action», la ministre de l’Education a assuré que l’enquête administrative commandée à l’Inspection générale «ne remonte aucun fait d’homophobie, ni aucun cas de harcèlement».

L’Enseignement catholique de Paris a pris la suite de la ministre, en affirmant qu’«à l’exception d’un seul cas» qui «a été traité en mettant fin aux fonctions de la personne concernée», il n’a «pas été fait état de sanctions possibles dans nos échanges avec l’administration ou d’irrégularité grave qui mettrait l’établissement en contradiction avec ses obligations de manière générale comme l’ont suggéré certains médias».

IVG, homosexualité, viol…

Pourtant, dans le fameux rapport, publié in extenso par Mediapart, on retrouve une série de dérapages. «Les classes de 4e par exemple, apprennent dans des livrets de catéchèse que ‘‘l’avortement signifie […] toujours tuer volontairement une personne humaine (sic) innocente’’», y est-il par exemple écrit.

Autre témoignage recueilli, à propos d’un catéchiste du collège, parent d’élève : «Il nous a parlé de l’homosexualité comme d’une maladie, et que si l’on se sentait homosexuel, il fallait se faire soigner dans une structure religieuse au Canada, que l’homosexualité venait du fait que quand la mère enceinte trompe son mari ou que son mari trompe sa femme, le bébé ressent tout et a le cœur brisé. Il nous a parlé de sodomie également. Il nous a parlé de viol, en disant qu’il fallait pardonner au violeur et que c’était difficile.»

Le directeur de l’école Stanislas, Frédéric Gautier, s’est dit mardi «étonné» de la publication du rapport mais a affirmé «prendre acte des 14 préconisations du rapport». Celles-ci «doivent faire l’objet d’un travail approfondi avec le rectorat de Paris», a-t-il précisé dans un second communiqué mercredi. L’établissement a «en interne commencé à travailler» sur celles qui dépendent de sa «responsabilité».

L’enjeu pour l’établissement est de conserver les avantages financiers qui régissent le privé sous contrat avec l’Etat, alors que la mairie de Paris a déjà annoncé mercredi soir la suspension de ses financements dans l’attente de «clarifications».

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