Depuis le verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche, en 2018, afin d’empêcher les tentatives de passages de migrants en camion vers le Royaume-Uni, chaque année, ou presque, a connu au moins un naufrage meurtrier de small boat, cette petite embarcation pneumatique dont l’usage a explosé ces dernières années pour les candidats à la traversée du détroit du Pas-de-Calais.
Samedi 12 août, à l’aube, c’est un canot gonflable transportant 65 à 66 hommes tentant d’atteindre les côtes anglaises – Afghans dans leur grande majorité, avec quelques Soudanais et des mineurs – qui a chaviré dans les eaux de la Manche, au large de Sangatte (Pas-de-Calais).
Six Afghans sont morts, et l’incertitude régnait toujours dimanche quant à la possibilité que des passagers soient toujours portés disparus. « On ne sait pas si on recherche vraiment quelqu’un », a précisé la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, qui avait fait état, la veille, d’un ou deux disparus potentiels, alors que les recherches se poursuivaient dans le détroit.
Un canot gonflable crevé
« C’est assez dur, ce sont des humains. (…) On ne s’habituera jamais à ramener des morts », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le patron du canot Notre-Dame du Risban, de la Société nationale de sauvetage en mer, qui a récupéré cinq des six exilés retrouvés morts pour ramener leurs corps à Calais. Mais « il y aura encore d’autres drames », a-t-il prédit : les migrants « veulent passer, ils tentent le tout pour le tout, ils ont tout donné (…), ça ne s’arrêtera jamais ».
Une soixantaine de rescapés du naufrage ont pu être repêchés en vie : trente-six ont été déposés au port de Calais par les gardes-côtes français, et vingt-deux ou vingt-trois ont été déposés à Douvres par les moyens britanniques, a fait savoir dans un communiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Le bateau, un canot gonflable récupéré crevé, sera expertisé, a précisé le parquet de Boulogne-sur-Mer, qui s’est dessaisi de l’enquête, dimanche, au profit de celui de Paris.
La juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) à Paris s’est saisie de cette enquête ouverte pour « homicides et blessures involontaires, aide au séjour irrégulier et association de malfaiteurs », a précisé le parquet de Paris. La Junalco a saisi la police aux frontières, la section de recherche de la gendarmerie maritime et l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants.
2022, année record
Depuis mercredi soir, les tentatives de traversées se sont multipliées avec le retour du beau temps. Londres a ainsi recensé, pour la seule journée de jeudi 10 août, 755 arrivées – un record depuis le début de l’année –, et environ un millier de migrants attendent toujours un passage, selon les autorités françaises.
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