Les Français boivent moins d’alcool, mais les excès augmentent chez les femmes

D’après une étude des autorités sanitaires parue ce mardi, la consommation d’alcool des Français a significativement diminué depuis 2000, même si l’« alcoolisation ponctuelle importante » est en hausse chez les femmes de plus de 35 ans.

Des bouteilles d’alcool vides sur un trottoir, à Paris, le 22 novembre 2023.

Des bouteilles d’alcool vides sur un trottoir, à Paris, le 22 novembre 2023.  JOEL SAGET / AFP

Les Français boivent toujours beaucoup d’alcool, mais moins qu’avant, et les femmes ont tendance à rattraper les hommes lorsqu’il s’agit de « consommation ponctuelle excessive », révèle une étude des autorités sanitaires publiée ce mardi 23 janvier.

Selon la dernière enquête de Santé publique France qui porte sur 2021, les tendances à long terme révèlent « une baisse très marquée de la consommation quotidienne déclarée au cours des dernières décennies », qui se traduit dans les chiffres de vente.

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Depuis des dizaines d’années, les consommations hebdomadaires et quotidiennes des Français diminuent.

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La part de consommateurs hebdomadaires, qui était de 62,6 % en 2000, n’était plus que de 39 % en 2021. Et la proportion d’adultes consommant de l’alcool tous les jours a été quasiment divisée par trois, passant de 21,5 % en 2000 à 8,0 % en 2021, selon cette étude qui s’appuie sur des données déclaratives.

Les jeunes consomment moins souvent, mais plus en quantité

La baisse de la consommation quotidienne perdure ces dernières années et s’observe aussi bien chez les hommes (15,2 % en 2017 et 12,6 % en 2021) que chez les femmes (5,1 % en 2017 et 3,8 % en 2021).

Portée par la diminution de la consommation de vin, la tendance est le résultat d’évolutions culturelles et de la mise en place de politiques publiques, telles que la loi Evin de 1991 qui a limité très fortement la publicité en faveur de l’alcool, explique Santé publique France.

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Comme cela s’observait déjà en 2017, la consommation moyenne d’alcool diffère encore fortement selon l’âge. Ainsi, les plus jeunes consomment moins souvent, mais lorsqu’ils le font, ils ingèrent des volumes de boissons alcooliques plus importants que leurs aînés.

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Concrètement, les 18-24 ans consomment en moyenne 3,2 verres par jour et ont 64,3 jours de consommation par an, tandis que les 65-75 ans consomment 1,6 verre, 123,7 jours par an.

Une « forte alcoolisation » chez les femmes plus fréquentes

Autre tendance « que l’on constate depuis plusieurs années, en France comme à l’étranger, c’est un rapprochement des comportements entre hommes et femmes », dit à l’AFP Raphaël Andler, coauteur de l’étude.

Plutôt en diminution parmi les jeunes hommes, le phénomène des « alcoolisations ponctuelles importantes » (autrement appelé « binge drinking ») (qui est défini par la consommation d’au moins 6 verres d’alcool en une seule occasion), tend notamment à augmenter parmi les femmes de plus de 35 ans.

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Plusieurs hypothèses ont pu être avancées pour expliquer ces évolutions : l’augmentation de la part de femmes participant au marché du travail ou le recul de l’âge du premier mariage sont mentionnés par certains chercheurs, ou encore le marketing de l’industrie de l’alcool visant le public féminin.

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« Cette hausse est un point d’alerte mais le problème des alcoolisations ponctuelles importantes reste toujours plus répandu chez les hommes », nuance Viêt Nguyen-Thanh, coautrice de l’étude.

Pour l’agence de santé publique, « la mise en place d’actions de prévention pour réduire les risques induits par la consommation d’alcool » demeure ainsi « nécessaire ».

La consommation d’alcool est responsable d’environ 41 000 décès par an et fait partie des premiers facteurs de risque de décès prématuré, rappelle l’agence sanitaire, mais la France n’est « pas dotée d’un plan national de lutte ».

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Le « Dry January » séduit plus

Parmi les initiatives mises en place pour réduire la consommation des Français, le « Dry January », ou « Défi de janvier », qui consiste à ne pas boire pendant le premier mois de l’année, a été importé de Grande-Bretagne il y a cinq ans. Soutenu par diverses associations, il ne l’est pas officiellement par l’Etat.

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« Plus de la moitié des adultes ont entendu parler du défi en 2020 et 2021 », se félicite Guillemette Quatremère, coautrice d’une seconde étude sur le sujet publiée ce mardi.

Quelque 4,5 % des 18-75 ans ont déclaré avoir modifié leur consommation en janvier 2020 et 2021 (diminution ou abstinence), en raison du Dry January, soit environ 2 millions de personnes chaque année.

En 2022 et 2023, les inscriptions au défi sur le site internet géré par les associations étaient en augmentation (plus de 16 000 inscrits en 2023, contre 8 000 deux ans avant).

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« Les données du baromètre montrent qu’un renfort, un soutien, une promotion plus renforcée du défi, notamment chez certaines sous-populations comme les plus défavorisées, les jeunes, serait bienvenu », souligne Viêt Nguyen-Thanh.

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