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TESLA INC.

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Tesla inc. : Comment l'action Tesla a perdu plus de la moitié de sa valeur sur 2022

samedi 10 décembre 2022 à 07h00
Elon Musk a pris des décisions pénalisant l'action Tesla

(BFM Bourse) - Le spécialiste des véhicules électriques a effacé près de 700 milliards de dollars de capitalisation boursière sur l’ensemble de l’année. Des difficultés sur son site de Shanghaï et la remontée des taux d’intérêt ont pesé sur la valorisation du groupe. Le feuilleton Twitter et les atermoiements de son directeur général, Elon Musk, ont sérieusement enfoncé le clou.

Tesla a clairement calé en Bourse cette année. L'action de la star de Wall Street, dont la valorisation fait rêver les autres constructeurs automobiles, dérape de plus de 50% (*) depuis le 1er janvier, effaçant ainsi plus de 700 milliards de dollars de capitalisation boursière.

Au point de malmener le statut d’homme le plus riche au monde de son directeur général et cofondateur, Elon Musk, dont la participation de 14% dans Tesla reste le principal actif. Le PDG de LVMH, Bernard Arnault, est ainsi passé cette semaine à plusieurs reprises devant le Sud-Africain dans le classement en temps réel établi par Forbes, leurs fortunes tutoyant les 190 milliards de dollars (chacune).

Confinements et problèmes logistiques

Tesla a connu une année 2022 particulièrement éprouvante, avec de nombreux vents contraires. Le constructeur automobile spécialisé dans les véhicules électriques n’a pas été épargné par la politique zéro-Covid en Chine, son deuxième pays en termes de revenus en 2021, derrière les Etats-Unis, avec 13,84 milliards de dollars, soit près d’un quart du total.

Sa "gigafactory" de Shanghai, l’une des six du groupe dans le monde et la plus importante en termes de capacités, a subi de plein fouet les confinements au printemps décrétés dans la ville.

Ce qui a plombé la production du site à hauteur d’environ 40.000 véhicules, selon Bloomberg. Ce site pouvait concevoir jusqu'à 450.000 véhicules par an (soit 37.500 par mois) mais l'usine a été mise à niveau cet été par le groupe afin d'atteindre un maximum de 1 million par an.

Le constructeur a aussi dû consentir des baisses de prix dans la deuxième économie mondiale "face à la concurrence des acteurs locaux [comme BYD ou SAIC Motor, par exemple, NDLR] qui s’intensifie", souligne UBS. Ce qui soulève des interrogations sur le potentiel de croissance du groupe dans le pays.

Au-delà de la Chine, Tesla a, comme bon nombres d’autres constructeurs automobiles, fait face à des perturbations logistiques ainsi qu’à des hausses de coûts des matières premières, d’expédition et de transport. Ce qui l’a amené à publier des livraisons au troisième trimestre à la fois inférieures aux attentes (343.830 unités publiées contre 359.000 attendues) et à sa production, de 366.000 véhicules, un fait rarissime pour le constructeur californien. Son directeur financier, Zachary Kirkhorn, a d’ailleurs indiqué que le groupe pourrait manquer son objectif annuel, c'est-à-dire une hausse de 50% de ses livraisons.

Doute sur la maturité du véhicule autonome

"Il ne faut pas négliger non plus ce qui s’est passé sur la conduite autonome, qui reste un gros morceau du potentiel de valorisation de Tesla à long terme", souligne un analyste spécialiste de l’automobile. La conduite autonome totale ("full self driving", FSD) constitue l’une des grandes promesses d’Elon Musk ainsi qu'une source d’attractivité pour la marque. Mais le logiciel dédié de Tesla n’a pas obtenu les autorisations réglementaires cette année, ne satisfaisant pas les exigences des régulateurs américains.

Surtout, Volkswagen et Ford ont mis fin en octobre à leur coentreprise dans le véhicule autonome, Argo. Cette décision "est venue jeter un doute sur le calendrier qui permettrait de parvenir à un véhicule vraiment autonome [avec un degré d’autonomie] de niveau 5, ce qui a pesé sur Tesla", juge l’analyste précédemment cité.

La remontée des taux d’intérêts due au resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine joue également, via plusieurs phénomènes. Premièrement, elle lamine les valorisations des valeurs de croissance avec des multiples très élevés et donc sensibles à la hausse des taux. Ce qui est totalement le cas de Tesla. Ensuite, ces hausses de taux resserrent les conditions de crédit pour les ménages, et compliquent donc le financement des achats de biens discrétionnaires comme les automobiles.

"Cela n’aide pas, surtout qu’aux Etats-Unis, les Américains utilisent beaucoup les systèmes de leasing (locations avec option d’achat)", juge l’analyste spécialiste du secteur automobile. Ces craintes sur la demande dans un environnement économique mélangeant récession et inflation ont contribué au plongeon de Tesla.

Le dossier Twitter comme source du récent supplice boursier

Il est enfin impossible de parler de la chute du cours de Tesla sans évoquer le feuilleton Twitter, qui a amené Elon Musk à racheter fin octobre le réseau social pour 44 milliards de dollars après moultes péripéties. Le milliardaire a dû puiser dans sa participation dans Tesla pour financer une partie de cette transaction gargantuesque. Le directeur général du constructeur a ainsi procédé à plusieurs cessions - dont la dernière début novembre - pour un total de 19 milliards de dollars depuis le mois d’avril. Ces opérations de ventes pèsent naturellement sur le cours de Tesla.

Selon une information de Bloomberg, vendredi, les banquiers d'Elon Musk réfléchiraient par ailleurs à mettre en place un prêt gagé sur des actions Tesla, pour remplacer un autre prêt au passif de Twitter, de 3 milliards de dollars, pour un taux d'intérêt de 11,75%. Le but étant de réduire les charges d'intérêt payées par le réseau social, évaluées à 1,2 milliard de dollars par an, selon Bloomberg. Des représentants de Musk interrogés par Bloomberg n'ont pas fait de commentaire.

Mais au-delà de ces aspects assez mécaniques, le dossier Twitter pénalise Tesla par d’autres canaux, plus indirects. Depuis son rachat du réseau social, Elon Musk a pris le pouvoir chez Twitter, se nommant directeur général, licenciant de nombreux employés et effectuant toute une série de décisions stratégiques parfois douteuses. Les choix brutaux de Musk ont ainsi fait apparaître au grand jour une culture d’entreprise violente, pouvant ternir l’image de Tesla.

Selon un sondage mené fin novembre par Morgan Stanley, les trois-quarts des investisseurs institutionnels sondés par la banque ont estimé que la situation chez Twitter avait contribué de façon importante à la récente chute de l’action Tesla.

Depuis la finalisation du rachat du réseau social, le titre a perdu 25% tandis que le S&P500 a lui progressé de 1,5% sur la même période.

L’action d’Elon Musk chez Twitter "pourrait affecter la confiance des consommateurs envers Tesla", juge Morgan Stanley. La banque américaine redoute aussi que certains partenaires commerciaux du constructeur réduisent leur collaboration, afin de ne pas voir leur réputation associée indirectement aux polémiques chez Twitter.

"Musk a réussi là où les ‘bears’ [les investisseurs tablant sur une baisse, NDLR] ont échoué pendant des années : briser l’action Tesla", déplorait en novembre, Daniel Ives, analyste de Wedbush, cité par Reuters. "Le cirque Twitter commence à avoir doucement un impact sur la valeur de la marque Tesla jusque-là immaculée", déplorait-il.

Mercredi, Bloomberg s’est même fait l’écho du mécontentement d’un investisseur , Trevor Goodwin, qui a presque soldé entièrement sa position dans Tesla, fustigeant les errements d’Elon Musk avec Twitter. "C'est presque comme s'il nous avait abandonnés au profit de sa nouvelle mission", a-t-il déclaré à l’agence.

Reste que la déchéance de Tesla ne fait pas que des malheureux. Selon la société d’analyses de données S3 Partners citée par CNN, les vendeurs à découvert sur le titre ont réalisé des gains de plus de 11 milliards de dollars depuis le début de l’année.

(*) Cours arrêté vendredi en début d'après-midi

Julien Marion - ©2024 BFM Bourse
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