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Le Canada et l’Arabie saoudite rétablissent leurs liens diplomatiques

Montage présentant des plans rapprochés des deux hommes.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le premier ministre canadien Justin Trudeau avaient eu des discussions en marge du sommet de l'APEC, en novembre 2022, à Bangkok. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne

Radio-Canada

Le Canada et l'Arabie saoudite ont déclaré, mercredi, avoir rétabli l'ensemble de leurs relations diplomatiques, cinq ans après les avoir rompues en raison de désaccords sur les droits de la personne.

Les deux parties ont convenu de rétablir leurs liens diplomatiques sur la base du respect mutuel et des intérêts communs, a écrit Affaires mondiales Canada par communiqué.

Ce réchauffement dans les relations entre les deux pays survient six mois après que le premier ministre Justin Trudeau s'est entretenu avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane Al-Saoud, en marge du sommet du Forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), à Bangkok, en Thaïlande.

Les relations entre les deux pays étaient suspendues depuis 2018, dans la foulée de l’arrestation en Arabie saoudite de la militante pour les droits des femmes Samar Badawi, la sœur de Raif Badawi, lui-même emprisonné dans ce pays depuis 2012.

Ce dernier avait été condamné à 10 ans d’emprisonnement pour ses billets progressistes publiés sur un blogue. Il a également subi 50 coups de fouet, une épreuve douloureuse pour lui comme pour sa famille, qui a été contrainte de quitter le pays et de s’installer au Canada.

Rupture diplomatique

Au moment de l'arrestation de la sœur de Raif Badawi, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, s'était publiquement inquiétée de leur sort, sur Twitter, et avait demandé leur libération.

En représailles, l'Arabie saoudite avait alors annoncé l'expulsion de l'ambassadeur du Canada, rappelé le sien, forcé le départ de milliers d'étudiants et gelé tout nouvel échange commercial ou investissement avec le Canada.

Le royaume dénonçait les diktats du Canada, qui avait critiqué la répression des opposants au régime.

Mercredi, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a indiqué que les deux pays allaient nommer de nouveaux ambassadeurs, et un communiqué de son ministère a indiqué que Jean-Philippe Linteau serait le nouvel émissaire dans le royaume.

Cette annonce de Riyad est la dernière en date d'une série de rapprochements entre l'Arabie saoudite et d'autres pays, notamment l'Iran, la puissance régionale rivale, il y a quelques semaines, puis la Syrie.

Le royaume tente en outre de déployer des efforts pour obtenir un cessez-le-feu au Soudan, où deux généraux se font la guerre depuis le 15 avril.

Un changement de ton à Riyad

Selon Thomas Juneau, professeur d'affaires internationales à l'Université d'Ottawa, c'est la position de l'Arabie saoudite qui a changé au cours des dernières années, et non pas celle du Canada, qui n'a toujours pas présenté d'excuses pour avoir lancé un appel au respect des droits de la personne dans le royaume.

Le spécialiste rappelle qu'entre 2016 et 2019, la politique étrangère saoudienne était très agressive, notamment avec la guerre au Yémen, l’embargo sur le Qatar et l'enlèvement [de l'ancien] premier ministre libanais [Saad Hariri].

Depuis un an ou deux, il y a eu de gros efforts du côté saoudien pour changer complètement sa politique étrangère et se désengager le plus possible de conflits régionaux, ajoute M. Juneau.

Tout cela parce que [le prince héritier d'Arabie saoudite] Mohammed ben Salmane a un programme de réformes sociales et économiques très ambitieux [...] qui n'implique pas une démocratisation [mais qui] veut révolutionner l’Arabie saoudite.

Une citation de Thomas Juneau, professeur d'affaires internationales à l'Université d'Ottawa

Le prince, surnommé « MBS », a compris que ses objectifs de réformes ne fonctionneraient pas si l’Arabie saoudite était empêtrée dans toutes sortes de conflits militaires ou diplomatiques, affirme encore M. Juneau.

Selon lui, la dispute avec le Canada est évidemment marginale dans ce calcul-là, [...] mais ça n’empêche pas qu’en réglant ce conflit, MBS veut envoyer un signal aux pays européens, en espérant attirer de plus en plus d'investissements occidentaux dans le royaume.

Avec les informations de Agence France-Presse et La Presse canadienne

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