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Climat : le retour du gel met les agriculteurs et les arboriculteurs sur leurs gardes

Un agriculteur observe ses récoltes gelées, au printemps 2022.
Un agriculteur observe ses récoltes gelées, au printemps 2022. VALENTINE CHAPUIS/AFP

Depuis mardi, la France connaît des gelées matinales sur quasiment tout le territoire. L'épisode, qui devrait durer jusqu'à jeudi, sera moins ravageur que celui de 2021, mais pourrait entraîner des dégâts de certaines récoltes.

Depuis quelques années, à la même période, l'inquiétude revient dans le monde agricole. Au mois d'avril, les douceurs printanières reviennent réchauffer une bonne partie du pays. Un retour réjouissant pour bon nombre de Français, mais qui se fait souvent au détriment des cultures. En effet, entre les mois d'avril et mai, les coups de froids à l'aube se multiplient dans certaines régions. Et annoncent la transition progressive entre la fin de l'hiver et l'arrivée du printemps. Comme en 2022, la France connaît un épisode de gelées matinales du mardi 4 au jeudi 6 avril, a annoncé lundi Météo-France. Un climat qui concernera «quasiment tout le territoire, du nord au massif central, avec des descentes dans l'arrière-pays méditerranéen.» «Peu de régions seront épargnées.»

En plaine, les températures pourraient d'ailleurs descendre jusqu'à -6 mercredi. Une tendance que confirme La Chaîne Météo *, qui ajoute que «les gelées matinales s'étendent en direction de l'ouest et du sud.» Si les températures redeviennent positives en journée, elles resteront sous les moyennes de saison. Une baisse rapide des degrés qui devrait avoir des conséquences non négligeables sur les récoltes, alors que les premières floraisons viennent plus tôt avec le réchauffement climatique. Si le pays est loin du désastre d'avril 2021, - pire épisode de gel depuis 30 ans -, les professionnels restent prudents quant à leurs vignes ou leurs cultures fruitières. Ces derniers mettent d'ailleurs en place des mesures de protections. Parmi celles-là, des tours antigel en forme d'éoliennes qui brassent de l'air parvenant à protéger trois à cinq hectares. Mais aussi des installations d'irrigation afin que les cultures ne descendent pas en dessous de 0. Ou encore des bougies brûlées sur des bouts de parcelle, comme l'avait relaté Le Figaro il y a deux ans.

«C'est catastrophique pour tout le travail qui a été fait. Une plante a besoin d'heures de froid et se réveille dès que la chaleur arrive. Là, on est sur plusieurs années où on a un printemps un peu plus précoce que d'habitude, a détaillé mardi Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA. On a des fleurs qui arrivent plus tôt, et donc on n'est plus vulnérable aux gelées.» Et ce, d'autant que des records de chaleur ont été battus la semaine dernière, dépassant même 30 degrés dans plusieurs villes du Sud-Ouest. «Comme on a eu des épisodes de douceur qui ont déjà commencé, cela pourrait entraîner des dégâts, notamment concernant les cultures fruitières, comme l'abricot, les prunes ou les pêches où la végétation est déjà en partie sortie», a précisé, de son côté, Christelle Robert, prévisionniste chez Météo-France.

Perte du rendement

Une inquiétude que tempère néanmoins Daniel Sauvaître, président de l'Association nationale Pommes Poires : «C'est surtout mercredi matin que ce sera le plus froid. Ceux qui ont des moyens de protection restent sur le qui-vive, car il peut y avoir des dégâts. Mais ayant connu des années épouvantables, avec des températures vraiment basses, les - 1 ou les 0 annoncés font que nous n'avons pas de grosses craintes.» Si les fortes pertes agricoles en 2022 avaient justement conduit le premier ministre d'alors Jean Castex à débloquer un fonds d'aide d'urgence de 20 millions d'euros, l'arboriculteur Daniel Sauvaître considère toutefois que le printemps 2023 ne sera pas aussi mauvais qu'il y a deux ans. Ce que confirme le docteur en agro climatologie Serge Zaka, qui se veut rassurant dans une interview au Bien Public : «On ne craint pas de pertes aussi importantes qu'en 2021 et 2022, mais on est sur des “petites” pertes journalières qui risquent de s'accumuler.»

Dans le Loir-et-Cher, le viticulteur Cyril Desloges, qui espère «une récolte correcte cette année», relativise également : «Le gel arrive quand même tôt en saison. Les bourgeons, qui ne sont pas tous sortis ou pas énormément, résistent quand même. Mais des pertes sont possibles.» Alors qu'il a connu une hausse des prix de ses ventes après l'épisode de 2021, Cyril Desloges affirme qu'avec un «marché plutôt porteur», les prix devraient «rester corrects» malgré le «manque de volume». Et d'ajouter que le risque de gel pèse bien sur tout le mois d'avril, avec une envolée possible des prix en cas de forte baisse des températures. «On va croiser les doigts, mais moralement, c'est difficile, surtout quand c'est récurrent», déplore-t-il. Si le littoral méditerranéen, la Corse, et la vallée du Rhône doivent être épargnés par le phénomène, le spécialiste Serge Zaka évalue qu'une baisse de «2,5°C» des températures aboutirait à «une perte de rendement d'environ 10 à 15%.»

La Chaîne Météo est une propriété du groupe Figaro*.


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12 commentaires
  • hibiscus soleil

    le

    Tout les ans, le moyen découvre qu’en avril c’est le printemps et qu’il peut faire froid la nuit. L’adage bien connu : en avril ne te découvre pas d’un fil, ne date pas d’hier et a sa raison d’être J’attends les cris d’orfraies en juillet/août lorsqu’il fera chaud en été en France

  • Maciste75

    le

    Les printemps de plus en plus précoces ont un rapport direct avec le réchauffement climatique. Vous parlez de confusion avec la météo parce que vous êtes climatosceptiques, c'est tout. Avouez-le et tout sera plus clair…

  • anonyme 53394

    le

    Cette nouvelle n'a rien à voir avec le climat, elle concerne la météo.

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