L’année 2024 promet d’être chargée pour Donald Trump. La juge fédérale Tanya Chutkan a annoncé lundi 28 août que l’ancien président américain serait jugé à partir du 4 mars par un tribunal fédéral de Washington pour avoir tenté de faire inverser sa défaite face à son rival démocrate Joe Biden lors de la présidentielle de 2020. “C’est une date qui entre directement en conflit avec la campagne présidentielle de Trump de 2024 et plusieurs autres dates clés dans des affaires criminelles dans lesquelles il est jugé”, remarque le Washington Post.

Le 4 mars tombe notamment “la veille du Super Tuesday, date à laquelle 15 États américains doivent organiser des primaires ou des caucus républicains”, rappelle le New York Times. Donald Trump a d’ailleurs rapidement dénoncé lundi la date fixée par la juge, qualifiant cette décision d’“ingérence électorale” dans la présidentielle de 2024.

Les avocats de Donald Trump réclamaient un procès en avril 2026 afin d’avoir, selon eux, le temps d’éplucher les quelque 12 millions de pages détaillant les preuves récoltées par le gouvernement américain contre leur client. Mais la juge a estimé lundi qu’un délai aussi long n’était pas nécessaire. “Le public a le droit à une résolution rapide et efficace de cette question”, a-t-elle dit lundi.

“Conflit d’agenda catastrophique” ou “aubaine majeure” ?

“Selon la stratégie adoptée par Trump”, le 4 mars “pourrait représenter soit un conflit d’agenda catastrophique, soit une aubaine majeure pour la campagne de l’ancien président”, analyse le magazine de gauche Mother Jones.

“Lors du Super Tuesday, certains électeurs républicains verront probablement leur vote comme une occasion de protester contre ce qu’ils considèrent être un traitement injuste”, a réagi le quotidien conservateur The Wall Street Journal dans un éditorial. Voter pour Trump “sera leur manière de faire un doigt d’honneur à l’establishment”.

Mother Jones remarque de son côté que “Trump avait demandé que le procès commence en avril 2026, suggérant qu’il ne doit pas être content à l’idée de devoir jongler entre ses obligations juridiques et ses obligations professionnelles”.

“C’est bien beau d’affirmer que personne n’est au-dessus des lois et que les affaires ou les obligations personnelles d’un accusé ne peuvent pas déterminer le calendrier de son procès”, note l’éditorial du Wall Street Journal. Mais la décision de la juge Chutkan “aura forcément une incidence sur l’élection présidentielle de 2024” car “on ne peut pas prétendre” que la salle d’audience est “hermétiquement fermée”, remarque le comité de rédaction du quotidien financier.

Pour le Wall Street Journal, il revient maintenant “aux opposants républicains de M. Trump de tenter de convaincre les électeurs du parti qu’ils ne doivent pas prendre de risques” en votant pour l’ancien président. “S’ils veulent restaurer une justice impartiale, il leur faudra nommer un candidat capable de battre un président Biden vieillissant et politiquement vulnérable”, estime le journal conservateur. “Organiser la revanche de M. Trump en 2024 – que celui-ci risque de perdre auprès des électeurs indépendants et de nombreux républicains – n’aboutirait à rien.”