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Guerre en Ukraine : comment se situe la France en termes de livraisons d'armes ?

Un canon Caesar français sur le front ukrainien.
Un canon Caesar français sur le front ukrainien. ARIS MESSINIS / AFP

EN CHIFFRES - Depuis le début de la guerre, le Kiel Institute tient à jour l'aide militaire officiellement apportée à l'Ukraine par l'Occident.

Depuis plusieurs jours, la France multiplie les annonces concernant de nouvelles aides militaires à l'Ukraine. Le 7 octobre dernier, Emmanuel Macron a révélé la création d'un «fonds spécial de 100 millions d'euros», qui permettra à l'Ukraine «d'acheter, en cas de besoin, des matériels dont elle a le plus besoin». Selon une information de nos confrères du Monde, la France pourrait également fournir de nouveaux canons Caesar, prélevés sur une commande danoise, après en avoir déjà livré 18.

L'État français se félicite de participer activement à l'effort de guerre depuis plusieurs mois. Outre les Caesar, l'Hexagone a livré des missiles Milan et Mistral, des dizaines de véhicules avant blindés (VAB), des mines antichars et différents matériels de protection. Elle a également fourni un appui logistique, en assurant des capacités de maintenance, ainsi que du carburant et des munitions.

Mais il reste délicat de comptabiliser précisément la liste des matériels envoyés depuis le début du conflit, puisque contrairement aux autres partenaires de l'Ukraine, la France la garde secrète. Pour autant, le Kiel Institute for the World Economy (IfW Kiel) place la France à la traîne en matière d'aide militaire. Depuis le début du conflit, le think-tank allemand répertorie et quantifie l'aide militaire, financière et humanitaire promise à l'Ukraine grâce à son outil baptisé Ukraine Support Tracker. Il s'appuie sur des sources gouvernementales officielles et des informations provenant de médias internationaux. Impossible, donc, de comptabiliser l'envoi de matériel qui ne fait l'objet d'aucune communication, comme c'est le cas pour la France.

La France derrière la Norvège, la République Tchèque, la Lettonie et l'Estonie

Dans son dernier rapport, qui prend en compte une mise à jour sur la période du 4 août au 3 octobre, l'institut place la France en fâcheuse position, derrière des pays beaucoup plus modestes, comme l'Estonie, la Lettonie ou encore la République tchèque. Ainsi, en matière de livraisons d'armes et d'aide financière à visée militaire, l'Hexagone se place seulement au 13e rang, avec un apport de 230 millions d'euros. À titre de comparaison, le Royaume-Uni chiffre son aide militaire à quasiment quatre milliards d'euros, la Pologne à 1,8 milliard d'euros et l'Allemagne à 1,2 million. Les États-Unis sont hors catégorie, avec une aide de presque 27 milliards d'euros.

Proportion de l'aide militaire par pays. Kiel Institute for the World Economy

Mais les autorités françaises réfutent ces chiffres. «Les classements ne reflètent pas toute la réalité», a estimé début octobre le ministre des Armées Sébastien Lecornu, déplorant que la contribution financière de la France à la Facilité européenne pour la paix, à hauteur de 450 millions d'euros, soit 20% du fonds, ne soit pas prise en compte. «Ces classements tiennent compte de ce qui est promis, pas de ce qui a été livré», a-t-il affirmé, insistant en creux sur le fait la France tenait, elle, ses engagements contrairement à d'autres pays.

Un autre graphique de l'IfW Kiel semble d'ailleurs lui donner raison. Il différencie le matériel promis et le matériel effectivement délivré à l'Ukraine. À ce jeu-là, la France remonte au 8e rang, et peut se targuer d'avoir livré 100% du matériel promis, alors que les États-Unis n'en ont envoyé que... 16%. Mais la Pologne, l'Estonie ou encore la Lettonie sont dans la même situation que la France, quand l'Allemagne a, elle, presque atteint son objectif (81%).

La part d'aide promis et la part d'aide effectivement envoyée. Kiel Institute for the World Economy

Des limites évidentes de stocks

La France remonte en revanche franchement au classement si l'on prend en compte toutes les aides : militaire, humanitaire et financière. Elle se classe 8e, avec un total d'un peu plus d'un milliard d'aide. Mais elle reste toujours derrière certains pays plus modestes, comme la Norvège ou la Pologne.

Aide générale de chaque pays. Kiel Institute for the World Economy

Cette différence est encore plus éloquente rapportée au PIB de chaque pays. La France n'occupe alors que le 30e rang (0,04% du PIB) et se trouve même devancée par le Luxembourg. Si l'on ajoute sa participation à l'effort européen, l'Hexagone remonte légèrement au 23e rang (0,15% du PIB). À titre de comparaison, la Lettonie et l'Estonie investissent respectivement 1,01% et 0,95% de leur PIB pour aider l'Ukraine, en comptant leur part européenne.

La participation de chaque pays en fonction de leur PIB. Kiel Institute for the World Economy
La participation de chaque pays, en comptant la part allouée au fonds européen, en fonction de leur PIB. Kiel Institute for the World Economy

Ces différents graphiques, s'ils doivent être abordés avec prudence puisque la France ne communique que rarement sur le matériel employé, démontrent les limites de stocks de l'armée française et de certains de ses voisins européens. Notamment en matière d'armes lourdes. Selon l'IfW Kiel, les livraisons représentent environ 2% des stocks totaux de chars dans les pays de l'Otan et de l'UE, 4% des obusiers et 5% des systèmes de lance-roquettes multiples (MRLS). Parmi les principaux pays de l'UE, deux pays ont désormais fourni des parts importantes de leurs stocks à l'Ukraine : l'Allemagne, avec 12% de ses obusiers et MRLS, et la France, avec 15% de ses MRLS.

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52 commentaires
  • alain 40

    le

    Nous allons donc intensifier notre financement de l'Ange de Kiev, ce roitelet qui nous donne des ordres, nous injurie, nous pompe des milliards. Premier contributeur de l'effondrement de notre économie. Merci Mr Macron.

  • C RIBINN

    le

    La seule alternative au puissant soutien à l'Ukraine était de considérer que Poutine, une fois renforcé par son annexion, en serait resté là pour ne pas rentrer en conflit nucléaire avec l'Otan. Qui peut en être certain ?

  • Anonyme

    le

    Avec une dette à plus de 120% du PIB il est déjà scandaleux qu’on dépense autant d’argent en faveur d’un pays étranger engagé dans une querelle de voisinage. Les impôts des français doivent servir aux français.

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