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En Géorgie, plusieurs milliers de manifestants défilent contre la loi sur les « agents étrangers »

Le texte critiqué prévoit que les organisations financées à plus de 20 % de l’étranger soient obligées de s’enregistrer en tant qu’« agents de l’étranger ».

Le Monde avec AFP

Publié le 08 mars 2023 à 19h51, modifié le 09 mars 2023 à 05h55

Temps de Lecture 3 min.

La police géorgienne utilise un canon à eau pour disperser des manifestants devant le Parlement lors d’un rassemblement contre un projet de loi sur les « agents étrangers », à Tbilissi, le 8 mars 2023.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Tbilissi, mercredi 8 mars, contre un projet de loi controversé visant médias et ONG, dont l’adoption en première lecture par l’Assemblée géorgienne, mardi, avait déjà provoqué des heurts entre opposants et policiers.

La police a ordonné aux manifestants réunis devant le Parlement de se disperser, puis a fait usage de gaz et de canons à eau, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. Un face-à-face tendu régnait en fin de soirée.

Dans le centre-ville, des drapeaux de la Géorgie et de l’Union européenne (UE) étaient brandis par les manifestants, rassemblés devant le Parlement national. « Non à la loi russe ! », scandait la foule rassemblée à l’appel de plusieurs ONG et formations d’opposition. Ce texte prévoit que les organisations recevant plus de 20 % de leur financement de l’étranger soient obligées de s’enregistrer en tant qu’« agents de l’étranger », sous peine d’amendes.

Selon ses détracteurs, ce projet est calqué sur une loi adoptée en Russie en 2012 et que le Kremlin utilise depuis pour réprimer les médias et les voix critiques. La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, a demandé que la loi soit « abrogée », promettant d’y apposer son veto. Celui-ci pourra toutefois être surmonté par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, qui contrôle plus de la moitié des sièges au Parlement.

Dans son allocution quotidienne, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dit vouloir « le succès démocratique » pour les manifestants en Géorgie. « Il n’y a pas un Ukrainien qui ne souhaite le succès à notre Géorgie amie. Succès démocratique. Succès européen », a-t-il déclaré. « Toutes les nations libres d’Europe méritent » de faire partie de l’Union européenne, a-t-il appuyé, alors que Kiev et Tbilissi ambitionnent de rejoindre l’UE.

« Nous appelons le gouvernement de la Géorgie à respecter la liberté de rassemblement et les manifestations pacifiques », a déclaré le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price, réitérant la « forte préoccupation » des Etats-Unis face à cette loi.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Géorgie ouvre la chasse aux « agents étrangers »

Rejoindre l’UE et l’OTAN

La Géorgie, une ex-république soviétique marquée par une guerre contre la Russie en 2008, ambitionne de rejoindre l’UE et l’OTAN. Plusieurs récentes mesures du gouvernement ont toutefois jeté le doute sur ces aspirations. « Cette loi est absolument anticonstitutionnelle et elle va à l’encontre de la volonté du peuple géorgien de devenir membre de l’UE », fustige Badri Okoujava, un jeune historien de 26 ans.

« L’idéologie de ce gouvernement est déconnectée de celle de la civilisation occidentale », déplore aussi Giorgi Labouchidzé, 33 ans. « Nous ne leur permettrons pas de faire en sorte que la Russie définisse notre avenir », appuie auprès de l’AFP Elène Ksovréli, une adolescente de 16 ans. Les chiffres du nombre de manifestants donnés par la police et l’opposition n’étaient toutefois pas disponibles dans l’immédiat.

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Plus tôt mercredi, plus de 1 000 protestataires avaient remonté dans l’après-midi la principale avenue de Tbilissi, jusqu’au bâtiment du Parlement, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Manifestations dès mardi

Dans le cortège contre l’adoption de la loi visant les « agents étrangers », à Tbilissi, le 8 mars 2023.

L’adoption du projet de loi sur les « agents de l’étranger » en première lecture avait entraîné le rassemblement de milliers d’opposants à Tbilissi dès mardi soir, des protestations dispersées à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Le ministère géorgien de l’intérieur a affirmé mercredi qu’au moins 77 personnes avaient été interpellées et cinquante policiers blessés. Selon cette source, certains des manifestants interpellés « transportaient des objets destinés à des actions violentes ».

Mardi, le parti d’opposition Girch avait indiqué dans un communiqué que son chef, Zourab Japaridze, avait été violemment matraqué « à la mâchoire » par des policiers lors des protestations, puis interpellé et placé en détention. Le président du parti au pouvoir Rêve géorgien, Irakli Kobakhidze, a dénoncé l’action de « radicaux » et fait un parallèle entre ces protestations et la révolution proeuropéenne de Maïdan, en Ukraine, en 2014.

« L’Ukraine, au final, a perdu 20 % de son territoire » après cette révolution, a-t-il affirmé, en référence aux régions conquises par Moscou depuis l’annexion de la Crimée et l’invasion russe en février 2022. Selon M. Kobakhidze, la deuxième et la troisième lecture du texte ne pourraient toutefois avoir lieu qu’en juin, après la revue du projet de loi par la Commission de Venise, un organe consultatif du Conseil de l’Europe.

Ces dernières années, les autorités géorgiennes ont dû faire face à des critiques internationales croissantes sur un recul présumé de la démocratie, qui a porté atteinte aux liens de Tbilissi avec Bruxelles. La Géorgie a déposé sa candidature pour l’UE avec l’Ukraine et la Moldavie quelques jours après l’invasion russe du territoire ukrainien, le 24 février 2022. En juin, l’UE avait accordé un statut de candidat à l’Ukraine et à la Moldavie, mais elle avait demandé que la Géorgie procède à plusieurs réformes avant d’obtenir un statut similaire.

Signe de l’inquiétude grandissante des pays européens, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a condamné mercredi le projet de loi, le jugeant « incompatible » avec les valeurs de l’UE et l’objectif de rejoindre le bloc européen.

Le Monde avec AFP

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