Droits des femmes : l’égalité entre les sexes pas avant « 300 ans », estime l’ONU

L’Organisation des Nations unies constate que les progrès effectués depuis des décennies en matière de droit des femmes disparaissaient sous nos yeux.

En Afghanistan, où les talibans ont repris le pouvoir en août 2021, "les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique", déplore Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies. (Illustration) AFP/Luana Sarmini-Buonaccorsi
En Afghanistan, où les talibans ont repris le pouvoir en août 2021, "les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique", déplore Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies. (Illustration) AFP/Luana Sarmini-Buonaccorsi

    « L’égalité entre les sexes s’éloigne de plus en plus. Au rythme actuel, ONU Femmes la fixe à dans 300 ans. » Ce constat terrible, c’est Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, qui l’a dressé lundi, à deux jours de la Journée internationale des femmes.



    Dans son discours, à l’ouverture de deux semaines de débats à New York de la Commission de la condition de la femme (CSW), Antonio Guterres a estimé que les « droits des femmes étaient maltraités, menacés, violés à travers le monde » et que « le progrès effectué depuis des décennies disparaissait sous nos yeux ».

    Il a pris l’exemple de l’Afghanistan, où les talibans ont repris le pouvoir en août 2021 et où « les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique ». Il n’a pas cité d’autres pays, mais dans « nombre d’endroits, les droits de reproduction sexuelle des femmes reculent et les filles qui vont à l’école risquent d’être enlevées et agressées ».

    3 % de femmes dans les Nobel scientifiques

    Antonio Guterres n’a pas mentionné l’Iran, expulsé de la CSW le 14 décembre avec effet « immédiat », sous l’impulsion des États-Unis, en raison de la répression d’une révolte conduite depuis septembre par des femmes.



    « Des siècles de patriarcat, de discrimination et de stéréotypes pénibles ont créé un fossé entre les sexes, dans les sciences et les technologies », secteurs dans lesquels les femmes ne représentent que « 3 % des lauréats de prix Nobel ».

    Il a rendu hommage aux chercheuses Emmanuelle Charpentier (française) et Jennifer Doudna (américaine) « qui ont été historiquement la première équipe de femmes à remporter un prix Nobel en sciences il y a trois ans », en chimie en 2020. « Des équipes d’hommes l’ont remporté 172 fois », déplore-t-il.

    « Le patriarcat contre-attaque »

    « Le patriarcat contre-attaque. Nous aussi. Je suis ici pour affirmer clairement et avec force : les Nations unies se tiennent partout aux côtés des femmes et des filles », a conclu le secrétaire général.

    Pour cette 67e session de la CSW, le président de la Confédération suisse Alain Berset a reconnu devant l’Assemblée générale que les femmes étaient « encore sous-représentées dans les filières scientifiques » de son pays, ne comptant « que (pour) 37 % des personnes diplômées dans ces branches », avec un objectif d’égalité en 2030.

    De son côté, Marlène Schiappa, secrétaire d’État française chargé de l’Économie sociale et solidaire, et ancienne secrétaire d’État à l’Égalité hommes-femmes, a également proclamé depuis l’ONU qu’« ensemble, nous avons le pouvoir de faire émerger des leaders féminins et féministes grâce au numérique ».