"Entrée partielle" de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'espace Schengen : ce que ça change

par JC avec AFP
Publié le 31 mars 2024 à 11h37

Source : La Matinale LCI

La Roumanie et la Bulgarie sont devenues ce dimanche les 28e et 29e membres du vaste espace européen de libre circulation Schengen.
Les frontières terrestres ne sont toutefois pas concernées et les contrôles sont maintenus sur les routes.
La faute au veto de l'Autriche, seul pays réfractaire dans l'UE par peur d'un afflux de demandeurs d'asile en provenance de ces deux pays, les plus pauvres du bloc.

Après 13 ans d'attente, les voilà enfin dans l'espace Schengen. La Roumanie et la Bulgarie ont officiellement fait leur entrée à minuit, heure locale, dans cette vaste zone de libre circulation. Cette étape a une forte valeur symbolique. "Il s'agit d'un grand succès pour les deux pays", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un communiqué. "Le moment est historique pour l'espace Schengen, le plus grand espace de libre circulation au monde. Ensemble, nous construisons une Europe plus forte et plus unie pour tous nos citoyens", a-t-elle affirmé.

Mais cette adhésion est partielle : elle est limitée aux aéroports et aux ports maritimes. Les frontières terrestres ne sont donc pas concernées. Sur les routes, les contrôles sont ainsi pour l'heure maintenus. À la suite de cette "première étape", la levée des contrôles aux aéroports et aux ports, "une nouvelle décision devrait être prise par le Conseil de l’Union européenne afin de fixer une date pour la levée des contrôles aux frontières terrestres intérieures", indiquait le Conseil de l'Union européenne en décembre 2023.

Colère des transporteurs routiers

La faute au veto de l'Autriche, seul pays réfractaire dans l'UE par peur d'un afflux de demandeurs d'asile. Les transporteurs routiers, les plus affectés par les contrôles aux frontières, ne décolèrent pas. L'attente dure "de 8 à 16 heures" à la frontière avec la Hongrie, "de 20 à 30 heures avec la Bulgarie, avec des pics à trois jours" dans les deux cas, a déploré dans un communiqué l'un des principaux syndicats roumains du secteur, déplorant "des pertes financières" colossales. 

Du côté des patrons bulgares, on se montre également mécontent. "Seulement 3 % des marchandises bulgares sont acheminées par air et mer, les 97 % restants circulant par voie terrestre", affirme Vassil Velev, président de l'organisation BICA (Bulgarian Industrial Capital Association), interrogé par l'AFP. "Nous sommes donc à 3 % dans Schengen et ne savons pas à quelle date nous serons autorisés à adhérer complètement", déplore-t-il.

Une hausse du tourisme attendue

Dans l'aéroport de la capitale roumaine, où la majorité des vols desservent l'espace Schengen, les équipes se sont affairées toute la semaine pour préparer cette petite révolution. Avec la promesse d'un renforcement des effectifs pour mener des contrôles inopinés, notamment à l'égard des mineurs "afin d'éviter qu'ils ne soient la proie de réseaux de traite d'êtres humains", selon le gouvernement. Les agents déployés seront aussi là pour "guider les passagers et identifier ceux qui en profiteraient pour quitter illégalement la Roumanie".

La ministre roumaine de la Justice Alina Gorghiu est persuadée que cette normalisation va attirer les investisseurs et profiter à la prospérité du pays. "L'attractivité de la Roumanie s'en trouve renforcée et à terme, cela va favoriser la hausse du tourisme", a-t-elle affirmé samedi lors d'une conférence. Adhérer enfin, c'est "une question de dignité", note Stefan Popescu, expert en relations internationales basé à Bucarest. "Tout Roumain, quand il empruntait une ligne séparée des autres ressortissants européens, se sentait traité différemment", dit-il à l'AFP.  La Bulgarie et la Roumanie s'engagent par ailleurs à appliquer pleinement le droit européen, qui prévoit que les demandes d'asiles soient prises en charge dans le pays d'arrivée des migrants.

Avec cette double entrée, Schengen, cette zone créée en 1985, au sein duquel plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement, comprendra désormais 29 membres : 25 des 27 États de l'Union européenne ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l'Islande. 


JC avec AFP

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