Un très grand nombre de Français - 85% d'entre eux - estiment avoir une très bonne maîtrise de l'orthographe.La réalité est bien moins flatteuse, surtout chez les jeunes, rapporte l'Ifop dans une étude publiée ce mardi.
Une impression tronquée. Selon un dernier sondage de l'Ifop paru ce mardi, 85% des Français disent avoir un bon niveau en orthographe. Mieux, 93% se disent sensibles au respect des règles lorsqu’ils écrivent et 88% lorsqu’ils lisent.
Néanmoins, la réalité est bien moins reluisante puisque seuls 58% des interrogés, soit une courte majorité, affichent un niveau convenable (au moins 12/20) à l'issue d'un test. Dans le détail, 22% d'entre eux sont "assez bons" (entre 12 et 14 sur 20), 17% sont "bons" (entre 14 et 17) et 19% sont "très bons" (plus de 17) en la matière. Au contraire, un Français sur trois (31%) possède des capacités "moyennes" (entre 10 et 12) en orthographe et un sur dix (11%) est considéré comme "mauvais" (moins de 10). À noter que les femmes réussissent mieux l’exercice que les hommes (62% à avoir 12/20 ou plus contre 53%). "Les résultats indiquent également un décalage certain entre générations : quand huit seniors de plus de 65 ans sur dix obtiennent a minima 12/20, moins d’un jeune sur deux seulement y parvient", note Hugo Lasserre, chagé d'études à l'Ifop.
Des impacts dans la vie personnelle et professionnelle
Il n'est pas rare que ces difficultés pèsent sur la vie personnelle ou professionnelle des sondés. Ainsi, 26% d'entre eux ont déjà vécu des moments anxiogènes au travail. Certains (16% le disent) ont également vu leur évolution professionnelle freinée pour cette raison. Dans la sphère sentimentale, maltraiter l'orthographe représente un "tue-l'amour" chez 40% des personnes. Pour 9% des répondants, ces carences ont même posé des problèmes dans leur relation amoureuse. "Qu’ils aient ou non un bon niveau, les Français sont très sensibles à ce qu’ils lisent et à ce qu’ils écrivent. C’est le reflet d’un patrimoine culturel partagé, d’une vraie valeur sociétale. Ceci explique pourquoi la faute d’orthographe est génératrice de sanction, dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle", confirme Hugo Lasserre.
Mais loin d'être un accroc ponctuel, ce niveau décevant est le fruit d'un niveau d'enseignement en chute libre, assure une majorité de Français (62 % en sont convaincus). Chez 45% des 35-64 ans et 58% des plus de 65 ans, le système éducatif est défaillant dans ce domaine. Plus largement, près de neuf personnes interrogées sur dix (91%) estiment que la dégradation de l'enseignement du français est une menace sur la pratique de la langue aujourd'hui.
Cette étude vient confirmer la tendance esquissée par une enquête de la Direction de l'évaluation, de la perspective et de la performance (DEPP), diffusée fin 2022 par le ministère de l'Éducation, et selon laquelle les élèves de CM2 actuels font environ neuf fautes d'orthographe de plus que ceux de 1987.
Étude IFOP pour Merci-App.com réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 1ᵉʳ au 6 juin 2023 auprès d’un échantillon de 1006 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée).