La gestion de l'eau doit devenir une priorité. C'est en somme le message que veut faire passer l'UFC-Que Choisir avec sa Fédération et ses Associations locales alors que le gaspillage d'eau est considérable en France, dans certaines localités plus que d'autres. La faute à des fuites de canalisations qui représente une "gabegie économique et environnementale", des mots de l'association de consommateurs, d'autant que la sécheresse de l'année dernière, et celles à venir pourraient encore plus faire peser le risque de tension sur l'approvisionnement en eau. La sécheresse pourrait être encore plus importante que prévu selon les experts, avec des effets sur les nappes phréatiques, celles-ci pourraient d'ailleurs voir leur niveau baisser de 10 à 25 %, selon le rapport Explore 70 du Bureau de recherches géologiques et minières.

En outre, les débits estivaux des fleuves pourraient être réduits de 30 % à 60 %. À cette sécheresse, il faut donc ajouter le problème des fuites, pourtant réglementé par le Grenelle de l'Environnement (2012) qui fixe à 12 % maximum les fuites autorisées par agglomération. Sauf que certaines sont largement au-dessus de ce seuil, indique l'UFC-Que Choisir, à plus de dix points. C'est le cas d'Évreux (35,5 %), Aix-les-Bains (30,5 %), Cavaillon (30,3 %), Amiens (30,3 %) ou encore Sens (30 %). La situation est encore pire dans les petites communes, dont le seuil a été relevé à 35 % afin de tenir compte de leurs budgets limités ou de leurs réseaux ramifiés. Problème : près d'un quart des communes de moins de 1.000 habitants dépasse ce taux autorisé, avec, en moyenne, un litre sur deux de perdu.

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Des aides insuffisantes

Au total, dans l'Hexagone, un litre sur cinq est perdu à cause de fuites. L'association de consommateurs détaille que cela représente 1 milliard de m3 chaque année, soit la consommation cumulée de Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux et Nice (18,5 millions d’habitants). Heureusement, certaines villes font figure de bons élèves. C'est le cas de Bussy-Saint-Georges (2,8 %), Fréjus (2,1 %), Saint-Brieuc (1,3 %), Saint-Malo (0,9 %) et surtout de Cholet (0 %). Pour quelles raisons y a-t-il autant de fuites ? Essentiellement à cause de matériaux fragiles (plus de 55 %) sur le réseau alors qu'ils auraient déjà dû être remplacés. Et le problème, c'est que le renouvellement du réseau ne suit pas.

Selon l'UFC-Que Choisir, alors qu'il faudrait faire des travaux sur 1 % du réseau national chaque année, ce n'est le cas que sur 0,67 % aujourd'hui, ce qui correspondrait au total à 150 années pour tout faire ! Avec des matériaux à remplacer tous les 50 à 80 ans, le compte n'y est pas. Par exemple, Évreux avec ses 35,5 % de fuites ne renouvelle que 0,2% de son réseau chaque année. L'autre problème est la disparition des aides de l'État, en particulier pour les petites communes, désormais responsables seules de l'entretien. Et les aides financières des agences de l'eau sont trop limitées. À ce titre, la contribution de l'agriculture intensive est famélique par rapport à ses consommations en eau : redevance de 2 % à 15 % contre 48 % de consommation. Et les annonces faites par le chef de l'État dans le cadre du plan Eau ne suffiront pas, déplore encore une fois l'UFC-Que Choisir.