Scandale Omegle : pornographie, pédocriminalité... le gouvernement va saisir la justice contre le site de messagerie vidéo

  • Omegle est un site web américain de messagerie vidéo instantanée anonyme qui permet à des inconnus de discuter via caméra interposée.
    Omegle est un site web américain de messagerie vidéo instantanée anonyme qui permet à des inconnus de discuter via caméra interposée. Pixabay
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AFP

l'essentiel Adrien Taquet, secrétaire d'État chargé de l'Enfance, va saisir la justice pour des faits d'exposition des mineurs à la pornographie et à la pédocriminalité sur Omegle, une plateforme de messagerie vidéo américaine.

Le secrétaire d'État chargé de l'Enfance va signaler à la justice des faits d'exposition des mineurs à la pornographie et à la pédocriminalité sur Omegle, une plateforme de messagerie américaine très prisée par les collégiens, a-t-on appris mercredi auprès de son cabinet.

Adrien Taquet va utiliser dans les prochains jours l'article 40 du code de procédure pénale qui impose l'obligation, "pour toute autorité constituée", de signaler au procureur de la République un crime ou délit dont il a connaissance, a indiqué son entourage à l'AFP.

Le site Kool Mag, un magazine en ligne de parentalité destiné aux pères, a publié une enquête dénonçant la présence d'exhibitionnistes d'âge mûr sur cette plateforme très fréquentée par des jeunes. Ce site web américain de messagerie vidéo instantanée anonyme permet à des inconnus de discuter via caméra interposée.

Le fondateur de Kool Mag, Baptiste des Monstiers, raconte avoir surfé sur le site un mercredi après-midi et y avoir rencontré des dizaines d'enfants et d'adolescents âgés de 9 à 15 ans, à la recherche de nouveaux copains. Il y a vu aussi, susceptibles d'entrer en contact avec ces enfants, "des dizaines d'hommes qui se masturbent, qui s'exhibent, certains déguisés en femmes portant des sous-vêtements féminins".

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Accessible sur ordinateur et sur téléphone, le site demande juste à l'utilisateur de confirmer qu'il a plus de 13 ans, sans le vérifier.

Lancé en 2009, Omegle attire depuis le confinement un nombre de plus en plus important de mineurs et compte un million de visiteurs en France par mois, selon Kool Mag. "De nombreux youtubeurs proposent à leurs fans de leur parler directement sur le site Omegle. En gros: 'je me connecte, venez et avec un peu de chance, on va se croiser'. Une sorte de grande roue de la fortune sur laquelle on peut rencontrer des dizaines de détraqués et d'exhibitionnistes qui traînent sur le site", accuse Baptiste des Monstiers.

Dans les "règles de communauté" publiées sur son site en anglais, Omegle affirme que "la nudité, la pornographie et les comportements et contenus sexuellement explicites sont interdits" dans les sections de ses services soumis à modération.

Pour Thomas Rohmer, fondateur de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (Open), cette situation illustre "le besoin de régulation des réseaux sociaux" et notamment la nécessité de faire vérifier la limite d'âge de 13 ans au lieu de se contenter d'une simple déclaration. "Les youtubeurs ne devraient pas donner rendez-vous à des jeunes fans sur ce site, c'est comme donner rendez-vous dans un sexshop ou un site pornographique", a-il-dit à l'AFP.

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"Il y a des comportements pédophiles, exhibitionnistes, des propos inadaptés d'adultes qui se sentent protégés par l'anonymat sur ce site", confirme à l'AFP Samuel Comblez, directeur des opérations du 3018, le numéro national géré par l'association e-Enfance pour lutter contre le cyber-harcèlement. "Ce site nous est signalé depuis plusieurs mois par des jeunes, choqués, qui n'osent pas parler à leurs parents car ils sont allés sur un site interdit aux moins de 13 ans. Ils éprouvent une grande solitude", explique-t-il. "Nous avons été alertés sur des prises de contact de potentiels harceleurs qui incitent les mineurs à les suivre sur d'autres sites où ils subissent cyberharcèlement, tentative de piratage et chantage", ajoute-t-il.