INTERNET - Qui sont les responsables ? Lors de sa prise de parole à l’issue de la deuxième cellule interministérielle de crise, ce vendredi 30 juin, Emmanuel Macron a indiqué que l’une des mesures prises par les autorités françaises concernait la circulation des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux.
TikTok et Snapchat ont notamment été cités par le président de la République comme vecteurs d’amplification des violences, qui ont conduit à 875 interpellations dans la nuit de jeudi à vendredi. La France a vécu sa troisième nuit de violences après la mort de Nahel, un jeune de 17 ans, tué par un tir de policier.
« Les plateformes, et les réseaux sociaux, jouent un rôle considérable dans les mouvements des derniers jours. Nous avons vu sur plusieurs d’entre elles, Snapchat, TikTok et plusieurs autres, à la fois l’organisation de rassemblements violents se faire, mais aussi une forme de mimétisme de la violence, ce qui chez les plus jeunes conduit à une forme de sortie du réel. Et on a l’impression parfois que certains d’entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués », a déploré Emmanuel Macron lors de sa prise de parole.
« Retrait des contenus sensibles »
« Nous prendrons dans les prochaines heures, et nous avons commencé à l’organiser, plusieurs dispositions. D’abord, en lien avec ces plateformes, d’organiser le retrait des contenus les plus sensibles. (...) Des demandes seront aussi faites, partout où c’est utile, pour avoir l’identité de celles et ceux qui utilisent ces réseaux sociaux pour appeler au désordre, ou exacerber la violence », a indiqué le président de la République, sans préciser si des premières informations ont été récoltées par les autorités françaises à ce sujet.
Dans la foulée des propos d’Emmanuel Macron, on a appris qu’une réunion entre le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, celui du Numérique Jean-Noël Barrot, et les plateformes numériques, doit se tenir à 18h30, afin « d’alerter » ces dernières « sur leur responsabilité » dans les violences urbaines qui secouent la France, a annoncé Matignon.
Ce rendez-vous permettra aussi de demander « l’appui » de ces plateformes, comme Twitter, Snapchat ou Tiktok, « notamment pour identifier les utilisateurs de réseaux sociaux qui participent à la commission d’infractions », ont ajouté les services de la Première ministre.
Dans une déclaration à la presse relayée par BFM peu avant ce rendez-vous, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a de son côté rajouté une couche de pression en déclarant « demander au procureur de la République de saisir les opérateurs de type Snapchat, qui sont les vecteurs entre les jeunes, permettant d’échanger le lieu de rendez-vous, le lieu en réalité des exactions à venir. Et je souhaite que tous ces jeunes sachent que l’on peut parfaitement, sur réquisition judiciaire, trouver leurs adresses IP et leurs identités. Je souhaite qu’il n’y ait pas d’impunité et que les jeunes, une fois encore, se rendent compte qu’on ne peut pas se réfugier derrière le téléphone pour ne pas être poursuivi ».
« Le temps des réseaux sociaux »
Depuis la mort de Nahel mardi 27 juin et les premières violences, de très nombreuses images (photos et vidéos) ont en effet circulé en France, prises pendant des scènes de violences et diffusées sur diverses plateformes, comme l’a raconté par exemple le journal Libération. Les attaques aux feux d’artifice, les pillages de magasins, les scènes surréalistes dans le cadre d’affrontements avec la police sont ainsi répertoriées et diffusées en temps réel, certaines d’entre elles se retrouvant les médias ou d’autres plateformes. Sur Twitter, sur le mot-clé #dinguerie, on trouve par exemple chaque matin, les compilations d’images censées être les plus folles des violences de la nuit passée.
Ces boucles d’images postées et diffusées à partir de TikTok et Snapchat principalement, deux applications sociales parmi les plus utilisées chez les jeunes Français, participent selon de nombreux observateurs aux caractéristiques de la colère et des violences actuelles, qui se sont répandues comme une traînée de poudre.
« Notre temps, c’est celui des réseaux sociaux, c’est toujours plus rapide », explique par exemple le maire d’Aulnay-sous-Bois dans un article du Monde, pour analyser pourquoi la flambée de colère des derniers jours s’est propagée plus rapidement, selon lui, que celle des émeutes de 2005. Dans un article de BFM, on apprend également que les forces de l’ordre se sont dites « surprises » par une « coordination » de certains groupes d’émeutiers, qu’ils relient à des fonctionnalités de diffusions d’images et d’informations permises par des applications comme Snapchat, Telegram ou Whatsapp.
Face à ces phénomènes, « la loi a prévu (...) ces derniers mois des changements et l’exercice d’un contrôle parental, qu’il convient de faire pleinement respecter », a aussi tenté de rappeler le chef de l’Etat ce vendredi, en référence à une loi votée la veille par le Sénat, instaurant le contrôle parental obligatoire avant qu’un jeune de moins de 15 ans puisse s’inscrire, et être actif, sur les réseaux sociaux. Des obligations qui prendront toutefois un certain temps avant d’être mises en place.
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