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Amérique Latine

Équateur: des hommes armés font irruption en direct sur le plateau d'une télévision publique

Plusieurs journalistes et autres employés d'une télévision publique équatorienne ont été pris en otage en direct par des hommes armés.

Des hommes armés et cagoulés ont fait irruption mardi après-midi sur le plateau d'une télévision publique à Guayaquil (sud-ouest de l'Équateur), prenant en otage des journalistes et d'autres employés, selon les images diffusées en direct par cette chaîne.

"Ne tirez pas, s'il vous plaît, ne tirez pas!", crie une femme au milieu des coups de feu, tandis que les assaillants, munis de pistolets, fusils à pompe et certains de grenades, forcent les personnes terrorisées à se mettre au sol.

"Les unités de la police nationale (...) ont été alertées de cet acte criminel et sont déjà sur les lieux", a déclaré la police dans un message à la presse.

"Protégez-nous"

L'un d'entre eux est encagoulé, d'autres portent capuches et casquettes. D'autres encore ont le visage à découvert ou se filment avec leur téléphone portable, tandis que plusieurs d'entre eux font avec les doigts des deux mains les habituels signes de reconnaissance des bandes criminelles liées au narcotrafic qui font régner la terreur en Equateur.

Des soldats équatoriens patrouillent le 9 janvier devant les locaux de la chaîne de télévision équatorienne TC
Des soldats équatoriens patrouillent le 9 janvier devant les locaux de la chaîne de télévision équatorienne TC © MARCOS PIN / AFP

"Ils sont entrés pour nous tuer, mon Dieu protégez-nous", a envoyé à un correspondant de l'AFP, dans un message WhatsApp, l'un des journalistes captifs. Des plaintes sont audibles en bruit de fond.

Au milieu des coups de feu, la diffusion de ces images surréalistes se poursuit en direct pendant de longues minutes, malgré l'extinction des lumières sur le plateau et la caméra qui se fige. Jusqu'à apparemment l'intervention de la police aux cris de "Police, police".

Crise sécuritaire dans le pays

Évasion spectaculaire d'un dangereux chef de gang, mutineries en cascade dans les prisons, proclamation de l'état d'urgence et policiers enlevés : le président équatorien Daniel Noboa, élu en novembre sur la promesse de juguler l'insécurité, est confronté depuis deux jours à sa première vraie crise.

Ce dernier a décrété lundi l'état d'urgence pendant 60 jours dans l'ensemble de son pays, y compris dans les prisons, avec un couvre-feu entre 23 heures et 5 heures.

Ces mesures ont été prises au lendemain de l'évasion d'Adolfo Macias, alias "Fito", 44 ans, le chef des "Choneros". Un gang d'environ 8.000 hommes, selon les experts, devenu le principal acteur du trafic de drogue florissant en Equateur.

Souvent décrit comme l'ennemi public numéro 1, l'homme s'est volatilisé dimanche d'un établissement de haute sécurité dans le vaste complexe de Guayaquil (sud-ouest) où il purgeait depuis 2011 une peine de 34 ans de privation de liberté pour crime organisé, trafic de stupéfiants et meurtre. Il s'était déjà évadé, en 2013, d'une prison de haute sécurité et avait été repris trois mois après.

T.P. avec AFP