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Amérique du Nord : le grand retour des bisons a commencé

animaux sauvages
Ce colosse pouvant peser une tonne et mesurer deux mètres au garrot était sacré pour les Amérindiens du Far West. Et essentiel pour leur subsistance.

C’est un puissant symbole pour les peuples autochtones d’Amérique du Nord : après avoir frôlé l’extinction, leur animal totem repeuple peu à peu les Grandes Plaines, pour leur bien et celui de l’écosystème. Mais cette renaissance ne fait pas l’unanimité.

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C’est une après-midi d'octobre venteux dans le ranch de bisons de Wolfcrow. Dan Fox et son employé, Man Blackplume, tentent d’ériger une clôture sous des rafales de 100 km/h. Demain, pour le jour du sevrage, la barrière devra être d’une solidité à toute épreuve afin qu’ils réussissent à garder séparés les petits de leur mère. Dan et Man appartiennent à la Première Nation Kainai, également appelée tribu des Blood ou Gens-du-Sang, l’un des quatre groupes de la confédération amérindienne des Blackfeet (Pieds-Noirs), avec les Siksikas et les Pikunis du Canada, et les Blackfeet du Montana, aux Etats-Unis. Les voilà qui appuient de tout leur poids sur des planches de trois mètres de haut pour essayer de les clouer aux poteaux, mais les panneaux se mettent à flotter dans le vent qui les soulève comme des drapeaux de bois géants. A l’autre bout du pré, trente bovins attendent agglutinés les uns aux autres, sans se soucier de toute cette agitation. Ils font partie du premier troupeau de bisons depuis 150 ans à fréquenter la réserve indienne de Blood, dans le sud de l'Alberta, au Canada, précise le patron du ranch.

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EN IMAGES
Le retour des bisons en Amérique du Nord

Le bison et la culture amérindienne

Dan Fox a 63 ans et il pense que cet animal a peut-être contribué à prolonger son existence. Il y a une vingtaine d’années, il a eu peur d’avoir un cancer et, sur les conseils d'un guérisseur et naturopathe blackfeet, il a modifié son régime alimentaire, remplaçant les produits transformés par de la viande de bison et autres denrées ancestrales, comme des baies ou des racines… Sa santé s'est améliorée, et Dan prétend ne s’être jamais senti en meilleure forme qu’aujourd’hui. Au point d’être convaincu que sa famille et sa communauté ne pourront que tirer profit, comme lui, du retour du buffalo (comme l’appellent désormais la plupart des peuples amérindiens) sur leurs terres et dans leur vie. Plus important encore, dit-il, ces bisons lui permettent de renouer avec sa culture et lui enseignent ce que cela signifie vraiment d'être un Blackfeet. «Les anciens l’avaient prédit, remarque-t-il. Le seul moyen pour les autochtones de regagner du terrain, de retrouver leur mode de vie, c’est le retour des bisons.»

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D’après les historiens, trente à soixante millions de bisons peuplaient l’Amérique du Nord au XVIe siècle. Quatre cents ans plus tard, il n’en restait plus qu'environ un millier -le résultat des politiques gouvernementales encourageant leur abattage, en grande partie dans le but de vaincre les Native Americans en les affamant, puis de les forcer à vivre dans des réserves. Pour leur subsistance, les ancêtres de Dan Fox et Man Blackplume ne dépendaient pas seulement du bison, mais aussi de l’écosystème de Grandes Plaines d'Amérique du Nord tout entier. Aujourd'hui, ce dernier est l'un des plus menacés au monde : selon des estimations publiées en 2020 par l’université du Wisconsin à Madison, depuis la colonisation, environ la moitié de ces prairies ont été converties en champs cultivés ou zones bétonnées -et ce n’est pas terminé. Dès lors, la biodiversité a diminué et les habitats naturels ont été morcelés, ce qui a rendu ces terres moins aptes à résister ou à s’adapter, par exemple, au dérèglement climatique.

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© GEO

C’est au début des années 2000 que Dan Fox a transformé un ancien ranch en élevage de bisons. Son choix s’inscrivait dans un mouvement qui a commencé à toucher l’ouest de l’Amérique du Nord il y a trois décennies et qui vise à réintroduire l’espèce dans certaines portions de son aire de répartition historique pour le bien-être collectif de diverses Premières Nations du Canada et des Etats-Unis. Plusieurs tribus ont ainsi constitué leurs propres troupeaux, souvent sur des parcelles utilisées auparavant pour le pâturage de bovins domestiques. Leur objectif final est de rétablir les hardes paissant en liberté sur des terres tribales et publiques, là-même où les bisons migraient autrefois et, ce faisant, de protéger les dernières prairies existantes. Mais la concrétisation de ce projet est depuis longtemps freinée par divers obstacles sociaux et politiques.

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Grâce aux politiques de conservation déployées au cours du dernier siècle, on compte aujourd'hui environ 500 000 bisons en Amérique du Nord. Mais ils occupent moins de 1 % de leur territoire originel. Toutes les hardes, sauf exceptions comme celles de Yellowstone (Wyoming, Montana et Idaho), des monts Henry (Utah) ou du parc national de Banff (Alberta), vivent derrière des clôtures. Et les troupeaux dits «sauvages», largement minoritaires, ne sont pas les bienvenus en dehors des parcs et zones protégées. Surtout parce que de nombreux éleveurs de vaches ne veulent pas de cette concurrence pour l'espace et l'herbe, et s'inquiètent aussi de la propagation de la brucellose, une maladie qui peut provoquer des avortements chez les bovins, ainsi que chez les cerfs, les élans et autres animaux sauvages.

Ne plus abattre les bisons mais les déplacer dans des réserves

A Yellowstone, les Amérindiens détenteurs des droits issus de traités signés avec les autorités, notamment les Blackfeet du Montana et plusieurs autres peuples premiers, sont autorisés à chasser les bisons lorsqu'ils franchissent les limites du parc national -un bon moyen de gérer la population de l’aire protégée. Jusqu'à récemment, les animaux jugés en surnombre étaient envoyés à l'abattoir. Mais les Premières Nations et l'InterTribal Buffalo Council (une organisation fédérale qui représente soixante-neuf tribus) tentent de changer la donne. Ils proposent que les animaux «superflus» ne soient plus abattus mais restitués aux réserves amérindiennes qui souhaitent constituer leurs propres troupeaux ou compléter les hardes déjà existantes. Les Assiniboine et les Sioux, deux autres tribus des plaines, ont ainsi lancé un programme de récupération des indésirables de Yellowstone : les bisons sont transportés par camion jusqu’à un site de la réserve de Fort Peck, dans le Montana, où ils sont mis en quarantaine le temps de subir des tests rigoureux de dépistage de la brucellose -ce qui peut prendre deux ans.

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Dans le comté de Glacier, où se trouve la réserve des Blackfeet, l'élevage est le moteur de l'économie. De nombreux agriculteurs -natives ou non- possèdent des bœufs, mais au cours de la dernière décennie, de multiples études ont démontré que les bisons représentaient un choix plus avantageux sur le plan écologique. «Certaines petites différences entre les deux espèces ont de grandes conséquences», explique Keith Aune, un biologiste spécialiste du bison, ancien membre de l’ONG de protection de la vie sauvage Wildlife Conservation Society. En particulier, le fait que les bœufs, issus pour la plupart de races européennes habituées aux espaces confinés et humides, ont tendance à rester près des sources d'eau et à moins se déplacer que les bisons. «Tout dépend de ce que vous souhaitez obtenir, insiste Keith Aune. Si vous voulez créer une monoculture très productive en herbe, il faut miser sur les bovins. Mais si vous recherchez des écosystèmes complexes et résilients, aptes à survivre au changement climatique, vous n’avez pas intérêt à y faire paître du bétail classique -ou en tout cas, pas uniquement.» Autre avantage des bisons sur les vaches : leur capacité à ajuster leur métabolisme en fonction des conditions environnementales. En hiver, ils effectuent le même parcours qu’en été, mais en consommant moins de calories. Et en cas de sécheresse, ils arrivent à subsister bien qu’il y ait beaucoup moins de fourrage que d’habitude… «Le retour des bisons est une très belle idée», reconnaît Colleen Gustafson, membre de la Blackfeet Nation Stock Growers Association, qui veille aux intérêts de l’industrie du bétail. Mais cette éleveuse de vaches du nord-ouest du Montana s'inquiète du voisinage des bisons avec certains ranches, dont ils franchissent les clôtures au risque de se mélanger avec le bétail.

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Le retour du bison, tout un symbole pour les autochtones

Le buffalo reste toutefois un puissant symbole pour les tribus des Grandes Plaines, et certains autochtones en ont assez que d'autres leur disent ce qui est approprié ou autorisé de faire sur leurs terres ancestrales. «Cet animal était tellement libre autrefois ! remarque Helen Augare Carlson, une Blackfeet du Montana. Les vaches attendent d'être nourries. Et nous les Amérindiens, qui avons été enfermés si longtemps, nous sommes devenus comme elles : à une époque, nous n’allions plus chasser, nous dépendions des autorités pour nous nourrir. Nous attendions nos rations. Et c’est ce qui nous a tués…» Helen Augare Carlson fait notamment référence au Starvation Winter, l’ «hiver de la famine», de 1883 à 1884, quand des tempêtes glaciales balayèrent les plaines du Montana. Les bisons avaient alors déjà été presque totalement décimés et le gouvernement américain ne put subvenir comme il l’aurait fallu aux besoins du peuple Blackfeet. Quelque 600 hommes, femmes et enfants -plus d'un sixième de la population de la tribu- sont alors morts de faim.

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Un crâne de bison peint décore un mur de la maison d’Helen Augare Carlson, à Browning, dans la réserve des Blackfeet. En regardant par la fenêtre, elle se remémore les histoires de son arrière-arrière-grand-père, qui a participé à la dernière chasse au bison de son peuple, à la fin des années 1800. Un sourire aux lèvres, elle raconte le fameux jour où, en 2016, quatre-vingt-huit bisons sont arrivés dans la réserve. Ces bêtes, originaires du parc national d'Elk Island, dans l’Alberta, côté canadien, descendent des mêmes hardes que celles traquées jadis par son aïeul. «Ils sont comme une famille que nous avions perdue de vue, dit Helen. Ce troupeau, c’est la vie, et la reconnaissance de notre appartenance à tous à la même terre.» Pour l’instant, ces bisons sont cantonnés dans un ancien ranch d'élevage de bétail sous la gestion du Blackfeet Nation Buffalo Program, qui dépend du département de la tribu consacré à l’agriculture. Mais ils font partie d'un projet de plus grande envergure, mené notamment par le peuple Kainai, pour reconstituer une harde en liberté à l'est du parc national de Glacier. L’objectif : laisser ce troupeau se déplacer à sa guise sur les terres tribales et publiques et faire des allers-retours entre les Etats-Unis et le Canada. Mais aussi autoriser les Amérindiens à chasser les buffalos, ce qui permettrait de contrôler leur population et de rétablir la relation traditionnelle entre l’animal et le chasseur, au cœur de la spiritualité des Blackfeet.

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Le Buffalo Treatyn, un traité signé par les tribus

«Le bison, c'est la pierre angulaire de notre culture, insiste Leroy Little Bear, un ancien de la Première Nation Kainai et professeur émérite d'études amérindiennes à l'Université de Lethbridge (Alberta). Nos cérémonies, nos chants, nos histoires, et, bien sûr, notre subsistance même, sont étroitement liées à cet animal.» Une avancée décisive en faveur de l’existence d’un troupeau transfrontalier eut lieu en 2014, lorsque des Amérindiens vivant de part et d’autre de la frontière se sont réunis dans la réserve des Blackfeet du Montana pour parapher le Buffalo Treaty, le «traité du bison».

C'était la première fois depuis 150 ans que des tribus signaient un accord entre elles. Fruit des efforts déployés pendant des décennies par Leroy Little Bear, les Blackfeet et la Wildlife Conservation Society, entre autres, le texte reconnaît l'importance spirituelle, culturelle et écologique de l’espèce et affirme la volonté de rétablir sa population, d'abord dans des réserves, puis sur de plus grandes étendues de terres appartenant aux Etats. «Autrefois, les prairies ont été gravement endommagées par les colons, qui les ont confisquées aux peuples autochtones, les ont plantées d'espèces européennes et bardées de clôtures, et ont décimé les bisons», analyse Cristina Eisenberg, une écologiste autochtone qui participe aux efforts de la Première Nation Kainai pour reconstituer un troupeau se déplaçant librement. «Grâce aux bouses qu’ils laissent ça et là, les buffalos augmentent la biodiversité des prairies ; or la biodiversité est une assurance contre le changement climatique», insiste-t-elle.

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Cristina Eisenberg, qui consacre sa carrière à l'étude des loups et des bisons, s’appuie sur la science «occidentale» et le savoir écologique traditionnel. Les connaissances indigènes sont particulièrement pertinentes pour la restauration du bison, dit-elle, étant donné que les Plains Indians (les «Indiens des Plaines», formule utilisée pour décrire les peuples autochtones qui vivaient dans les Grandes Plaines des Etats-Unis et du Canada) ont compté sur l'animal et son habitat pendant des milliers d'années. «Le bison se déplaçait dans ce paysage en fonction du climat, des incendies, de la présence de prédateurs ou de Native Americans», renchérit le biologiste Kyran Kunkel. Ce professeur à l'université du Montana et chercheur associé au Smithsonian Institute collabore également avec l'American Prairie Reserve, un organisme à but non lucratif qui vise à rétablir les bisons, supprimer les clôtures et à rassembler des parcelles de terrains privés et publics pour restaurer l'écosystème des prairies. «Les migrations de bisons avaient un impact sur l'herbe et créaient un paysage d’une grande hétérogénéité, avec une variété d’oiseaux, de petits et grands mammifères, et d’insectes, ajoute le biologiste. La situation actuelle est due non seulement à la perte des buffalos, mais aussi à notre action sur d’autres espèces -notamment notre lutte contre les prédateurs- et sur les pâturages, avec l’utilisation de clôtures ou la culture du foin.»

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La réintégration du bison ne réjouit pas les éleveurs de bétail

Curtis Freese, biologiste qui a collaboré avec le WWF et l'American Prairie Reserve, l’affirme, on ne pourra mesurer le véritable impact du bison sur les prairies qu’une fois les clôtures et les sources d'eau artificielles retirées. Mais aussi quand les troupeaux pourront à nouveau interagir avec cet élément naturel essentiel qui accélère la décomposition du sol et lui permet de se gorger de nutriments : le feu. Avant l'arrivée des Européens, les autochtones incendiaient intentionnellement la prairie, sachant qu'une fois brûlée, l’herbe repousserait plus vigoureuse en quelques semaines, au bénéfice des bisons qui reviendraient la brouter. «L’écosystème fonctionne bien quand l’animal dominant peut paître comme il le faisait historiquement, créant ainsi un habitat hétérogène crucial pour l’évolution des oiseaux de prairie en particulier», explique Curtis Freese. Le bison est aussi une source précieuse de protéines pour tous les carnivores, depuis les tribus amérindiennes souhaitant réintégrer sa viande dans leur régime alimentaire jusqu’aux animaux sauvages -renards, grizzlis, loups ou aigles royaux, mais aussi coléoptères et vers- qui se repaissent de sa carcasse. «Sans compter qu’une dépouille de bison gisant par terre agit comme un sac d'engrais qu’on aurait déversé sur le sol», ajoute le biologiste.

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Les Premières Nations ne sont pas seules à mener ce combat. Aux Etats-Unis, des associations de protection de l'environnement, tels la American Bison Society, le Boone and Crockett Club et la New York Zoological Society, se battent depuis longtemps pour réintégrer les bisons dans certaines parties de leur territoire d'origine. L'un des programmes les plus prometteurs, mené par la American Prairie Reserve dans le centre du Montana, s’est déjà procuré des terres où faire paître un troupeau d’environ 800 têtes. Mais se heurte aux nombreux éleveurs qui considèrent cette initiative comme une menace pour leur activité. Certes, certains tentent de régénérer la terre en modifiant leurs méthodes de pâturage -autrement dit, en imitant avec leur bétail la manière dont les bisons broutaient et se déplaçaient jadis sur les terres. Mais Book St. Goddard, un Blackfeet issu de la cinquième génération d’une famille d’éleveurs et vice-président de la Blackfeet Nation Stock Growers Association, n’en démord pas. «Les bisons sont une plaie, ils détruisent les clôtures», tranche-t-il, en se lamentant du coût du remplacement des enclos.

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Membre de la même association, Kristen Kipp Preble se montre moins catégorique. Elle admet l’influence positive du bison pour le maintien de la culture de son peuple. Mais craint aussi que l'introduction de hardes en liberté n'ait un impact considérable sur la vie des éleveurs de bétail, qui vont devoir lutter pour la terre et les ressources naturelles dans l'une des régions les plus froides de l'Ouest américain. L’installation de clôtures dans les pâturages à bisons pourrait atténuer certaines tensions, mais, redoute Kristen Kipp Preble, cela risque d’affecter les voies migratoires d'autres espèces sauvages, comme l'élan, que de nombreux membres de la tribu chassent pour nourrir leur famille. Elle en conclut que la réintroduction du bison «doit se faire de manière à ce que tout le monde soit pris en considération». Ce qui implique que le Blackfeet Nation Buffalo Program soit plus clair quant à ses intentions, et garantisse aux éleveurs de bétail qu’ils ne seront pas contraints de déplacer leurs exploitations à cause des bisons. Or la réunion entre les pro-bisons de la tribu et la Stock Growers Association, prévue depuis plusieurs années pour débattre de ces préoccupations, se fait attendre. «Il faut de la transparence : ils doivent dire aux gens ce qu'ils prévoient de faire», souligne Book St. Goddard.

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Retour au Canada. Dans la réserve de Blood, Dan Fox, l'éleveur de bisons kainai, organise, chaque mois d’octobre depuis bientôt vingt ans, une cérémonie au cours de laquelle trois bêtes sont abattues pour nourrir des familles dans le besoin. Les aînés de la communauté viennent alors donner leur bénédiction et enseignent aux plus jeunes comment dépecer l’animal pour en utiliser tous les morceaux, pour la consommation ou à d’autres fins, cérémonielles ou culturelles . «Si vous savez d'où vous venez et que vous perpétuez ce lien, cela vous rend fier, insiste Amanda Weaselfat, qui, à 39 ans, est une fidèle participante aux rituels de Dan Fox. Quand on pense que les bisons étaient très nombreux ici et qu'ils nous permettaient à tous de subsister ! Ils étaient notre force vitale…» Pour Cristina Eisenberg, l’écologiste spécialiste des loups et des bisons, la protection de l’animal ne sera une réussite que si les autochtones y contribuent et que l’on prend en compte leurs savoirs écologiques traditionnels : «Ainsi on donne du pouvoir à ces communautés, on les honore et on les aide à se remettre de certains torts qui leur ont été causés -le génocide et toutes ces choses.» Vers la fin de la journée de sevrage, Dan Fox, debout dans le corral, observe les petits séparés de leur mère : «Au fond, avec cette réhabilitation, la dimension spirituelle du bison s’est imposée, remarque-t-il. Ces animaux ont été réintroduits pour restaurer un élément clé de notre écosystème mais à terme, c’est un pari doublement gagnant, pour l'environnement et aussi pour les hommes.»

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➤ "Le retour du bison", un reportage de Louise Johns à découvrir en intégralité dans le magazine GEO de janvier 2022 (n° 515).

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