Tous les élèves de 6e auront une heure de soutien à la rentrée

Des cours obligatoires de soutien en français ou en mathématiques seront mis en place dès septembre pour tous les élèves. Ils seront assurés par des professeurs de collège, mais aussi des écoles, détaille une circulaire publiée ce jeudi.

Les cours de soutien seront dispensés par les professeurs du collège mais aussi les instituteurs des écoles environnantes, une première. (Illustration) LP/Marine Legrand
Les cours de soutien seront dispensés par les professeurs du collège mais aussi les instituteurs des écoles environnantes, une première. (Illustration) LP/Marine Legrand

    Une heure obligatoire de soutien ou d’approfondissement en français ou mathématiques pour l’ensemble des élèves de 6e, dispensée par les professeurs du collège mais aussi — ce sera une première — les instituteurs des écoles environnantes. Voilà ce qui sera annoncé ce jeudi dans une circulaire portant sur un ensemble de mesures concernant les CM1, CM2 et 6e, avec pour objectif d’améliorer le niveau général des élèves jugé trop faible.

    Ces cours se dérouleront dès la rentrée dans l’enceinte du collège et feront partie de l’emploi du temps de tous les élèves de 6e. Pour les mettre en place, le ministère a annoncé la suppression d’une heure de technologie. Ils porteront, d’après la circulaire du ministère, sur certaines compétences fondamentales comme la « fluence (lecture fluide à l’oral), la maîtrise de l’orthographe, l’écriture, la syntaxe, le vocabulaire, la numération, les fractions, le calcul, les grandeurs, mesures, espaces et géométrie ». Ils devraient être proposés « à la carte » selon les compétences de chaque élève et se tenir par petits groupes, avec des élèves issus de plusieurs classes, dont la taille et la composition varieront selon l’établissement et la progression de chaque élève.

    Une réévaluation à la fin de chaque trimestre

    « Nous voulons coller aux besoins de chacun, éclaire-t-on rue de Grenelle. Par exemple un enfant qui a des difficultés à lire lors de son entrée en 6e pourra d’abord être orienté vers un cours de lecture. Au bout de trois mois, il aura fait des progrès et il pourra alors suivre, le trimestre suivant, un cours sur les fractions. En mars enfin, en fonction de son niveau, il pourra rejoindre un cours de géométrie. »

    Des mesures qui suscitent déjà de multiples interrogations et une certaine méfiance de la part des enseignants concernés. « Ce sera sans doute efficace pour des élèves qui ont de légères difficultés mais ça ne changera pas le monde, redoute Françoise (le prénom a été changé), directrice d’école élémentaire et enseignante en CM2 dans les Côtes d’Armor. Avec certains, on rame sérieusement et ce n’est pas une heure en plus dans le programme qui va changer », assure cette femme qui s’interroge aussi sur l’intérêt pour les professeurs des écoles d’aller chaque semaine enseigner au collège. « Les trajets ne sont jamais défrayés par l’Éducation nationale et certains vont devoir faire des kilomètres pour rejoindre le collège du secteur », s’agace-t-elle.



    « Il faudra que les professeurs des écoles prennent sur leur temps personnel pour se concerter avec l’enseignant de la classe de 6e », abonde Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, majoritaire dans le premier degré. La syndicaliste s’étonne de l’annonce soudaine d’une mesure qu’elle considère « comme un pansement sur une jambe de bois » : « Il faudrait régler les difficultés des élèves avant leur entrée en 6e », martèle-t-elle. « Mettre en place ces cours en interclasses va être un vrai casse-tête », renchérit Jean-Rémi Girard, du Snalc, un autre syndicat d’enseignants.

    Cette mesure est inspirée du dispositif de « 6e tremplin », expérimenté depuis septembre dans plusieurs collèges de l’académie d’Amiens, où des professeurs des écoles aident les élèves en difficulté à l’entrée au collège. Ironie de l’histoire, « là-bas, ça commence à râler sérieusement car personne n’a été payé de ses heures supplémentaires depuis la rentrée. Certains veulent abandonner l’année prochaine », glisse Guislaine David.