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Retraites : Elisabeth Borne fait une importante concession à LR sur les carrières longues

A la veille du début des débats sur la réforme des retraites dans l'hémicycle à l'Assemblée et avant une nouvelle journée de mobilisation, la Première ministre, annonce dans le « JDD » qu'elle accepte de « bouger en étendant le dispositif de carrières longues pour ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans. »

Jusqu'à ce dimanche, interrogée sur les demandes de la droite sur les carrières longues, Elisabeth Borne n'avait pas fait d'ouverture.
Jusqu'à ce dimanche, interrogée sur les demandes de la droite sur les carrières longues, Elisabeth Borne n'avait pas fait d'ouverture. (Emmanuel DUNAND/AFP)

Par Isabelle Ficek

Publié le 5 févr. 2023 à 08:44Mis à jour le 6 févr. 2023 à 09:15

Il y a deux semaines, lors de ses voeux à la presse , la Première ministre, Elisabeth Borne, avait assuré que le débat sur les salariés ayant commencé à travailler tôt et qui devraient cotiser 44 ans et non pas 43 ans n'avait pas été soulevé par les partenaires sociaux lors des concertations. Jeudi soir encore, lors de l'émission « L'événement » sur France 2 , interrogée sur les demandes de la droite sur les carrières longues, la cheffe du gouvernement n'avait pas fait d'ouverture et renvoyé au débat parlementaire.

Mais ce dimanche, dans un entretien au « Journal du dimanche », la veille de l'ouverture des débats sur la réforme des retraites dans l'hémicycle à l'Assemblée et avant une nouvelle journée de mobilisation mardi , Elisabeth Borne fait une importante concession à la droite.

Ne pas recourir au 49.3

La Première ministre annonce, dès avant les débats donc, que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans et non 64 ans, ce qui faisait partie d' une des demandes insistantes des députés LR mais suscitait aussi des interrogations au sein de la majorité.

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« J'entends leur souhait concernant ceux qui ont commencé à travailler tôt. Nous allons bouger en étendant ce dispositif de carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans. Ils pourront ainsi partir à 63 ans, conformément aux règles prévues par le dispositif », déclare Elisabeth Borne. Et la Première ministre d'insister, alors que le gouvernement a absolument besoin des voix des députés LR pour faire passer la réforme sans recourir à l'article 49.3 : « Vous le voyez, nous entendons leur demande. »

Un coût de 600 millions à 1 milliard d'euros par an

Cette concession coûtera, assure-t-elle, entre 600 millions et 1 milliard d'euros par an et concernera, chaque année, jusqu'à 30.000 personnes. Elisabeth Borne, qui rappelle au passage que le gouvernement mène cette réforme des retraites pour « assurer l'équilibre du système à horizon 2030 », indique toutefois qu'il faudra « trouver des voies de financement » pour cette mesure, sans, à ce stade, donner aucune précision sur les pistes envisagées.

De quoi, espère en tout cas Elisabeth Borne, emporter le vote du maximum de députés LR et faire passer une réforme toujours très contestée par les Français. « Je suis convaincue que le groupe LR sera cohérent avec ce qu'il a toujours porté », veut-elle croire.

Dans un entretien ce dimanche au « Parisien », le président de LR, Eric Ciotti, reçu mercredi encore à Matignon par la Première ministre avec le chef de file des députés LR, Olivier Marleix, assure d'ailleurs que si le gouvernement satisfait les demandes de LR sur les carrières longues, « cela permettra d'emporter une très large majorité dans le groupe LR. »

Encore faut-il que tous estiment que cette concession répond bien à leur demande, quand la cheffe du gouvernement ferme la porte à l'amendement du député LR du Lot Aurélien Pradié sur les carrières longues, affirmant qu'il « n'a pas mesuré toutes les conséquences de son amendement » car il coûterait « 10 milliards d'euros ».

Unification des prélèvements sociaux

La Première ministre répond aussi favorablement à une demande du groupe LR et du groupe Modem sur une clause de revoyure en 2027 , se disant d'accord pour « un bilan d'étape à mi-parcours de la réforme ». Elle confirme également que le gouvernement souhaite, ainsi que l'a demandé le parti Renaissance, étendre « progressivement » l'index seniors aux entreprises de plus de 50 salariés mais aussi instaurer des sanctions financières pour les grandes entreprises qui ne mettraient pas en place des « plans d'action pour s'améliorer » sur le sujet.

Elle indique enfin que les prélèvements sociaux des indemnités de rupture conventionnelle et de départ à la retraite seront unifiés, « en les fixant à 30 % ». « Il ne doit plus y avoir d'incitations à se séparer des seniors ».

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La cheffe de gouvernement ne fait en revanche aucune allusion à une demande portée entre autres par la CPME ou Eric Ciotti dans son entretien au « Parisien » d'une baisse des cotisations pour les emplois des seniors. Aucune ouverture nouvelle, non plus, sur les femmes.

Au sein du gouvernement ces derniers jours les débats allaient bon train sur le moment de céder ou pas à certaines demandes de LR. « Il ne faudrait pas qu'on ait eu des manifestations, que l'on ait fait des concessions et qu'à la fin, nous n'ayons ni le vote de LR, ni une réforme efficace », prévenait un conseiller de l'exécutif.

Elisabeth Borne a donc fait le choix d'ouvrir sur les carrières longues dès avant le début des débats dans l'hémicycle qui risquent quand même d'être houleux, qui plus est avec un ministre du Travail, Olivier Dussopt, affaibli par des accusations de « favoritisme » dans un marché public passé en 2009, qu'il récuse.

Isabelle Ficek

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