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Gouvernement

Le collectif écologiste les Soulèvements de la Terre dissous en Conseil des ministres

Olivier Véran a annoncé la dissolution officielle de ce collectif de militants écologistes radicaux. Dans les tuyaux depuis près de trois mois, les affrontements entre des activistes et les forces de l'ordre ce week-end sur le chantier de la ligne Lyon-Turin ont accéléré la donne. Cette décision, très contestée à gauche, devrait faire l'objet d'un recours devant le Conseil d'État.

Une nouvelle désormais officielle. Le porte-parole du gouvernement a confirmé ce mercredi matin la dissolution des Soulèvements de la Terre en Conseil des ministres.

"On peut manifester, on peut revendiquer, on peut appeler à changer la loi. Mais (...) il faut distinguer les comportements de militantisme et les comportements violents. Cette tentative de dire que la violence est légitime, on doit la contester", a expliqué Olivier Véran pour justifier cette dissolution.

Déjà annoncé ce mardi par Gérald Darmanin lors des questions au gouvernement ce mardi, la manœuvre vise à mettre fin à l'existence de ce collectif écologiste qui rassemble des associations très implantées comme la Confédération paysanne ou Attac et d'autres nées plus récemment comme Extinction Rebellion.

Une procédure engagée depuis des semaines

Cette procédure de dissolution est engagée depuis le 28 mars dernier, dans la foulée des affrontements entre gendarmes et opposants au projet de méga-bassines de Sainte-Soline.

Mais restée bloquée depuis, elle a finalement abouti après une nouvelle manifestation soutenue par les Soulèvements de la Terre le week-end dernier contre le projet de train Lyon-Turin, jugé dangereux pour la biodiversité par ses opposants.

Le collectif a dénombré une "cinquantaine" de blessés graves côté manifestants contre douze blessés dans les rangs des forces de l'ordre d'après le ministère de l'Intérieur.

Ce rassemblement était "interdit" par la préfecture, a souligné Gérald Darmanin ce mardi devant les députés pour justifier sa décision, avançant que cette interdiction avait été "confirmée à deux reprises par la justice de notre pays".

"Aucune cause ne justifie que l'on blesse des policiers et des gendarmes", a encore défendu le locataire de la place Beauvau.

Une dissolution très contestée à gauche

Les Soulèvements de la Terre ont été créés en janvier 2021 depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Le collectif est soutenu par plusieurs grandes figures des luttes climatiques comme le réalisateur Cyril Dion, l'écrivain de science-fiction Alain Damasio, l'activiste canadienne Naomi Klein ou encore Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du GIEC.

Lancé en janvier 2021 dans l'ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes, ce collectif revendique des actions d'occupation ou parfois de sabotage au nom de la défense de l'environnement et de l'accélération du réchauffement climatique.

Depuis Sainte-Soline, le rassemblement a multiplié les actions, de Rouen contre un contournement autoroutier, à une manifestation contre l'exploitation du sable à des fins industrielles dans la région nantaise.

Vers un recours devant le Conseil d'État

Les Soulèvements de la Terre, dont la dissolution est contestée par la gauche, devraient déposer un recours devant le Conseil d'État pour tenter de casser cette décision. Des personnalités sont attendues devant l'institution à Paris en fin de journée tandis que des appels aux rassemblements sont lancés devant les préfectures.

Ce mardi, quatorze personnes, proches des Soulèvement de la Terre ont été placées en garde à vue dans l'enquête concernant une action menée en décembre 2022 contre la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air par des activistes du climat, accusé d'être un gros "pollueur" au niveau mondial.

Les Soulèvements de la Terre avaient salué cette action "contre le géant écocidaire du béton" sans pour autant la revendiquer.

La patronne d'Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier a dénoncé ce mercredi matin sur Public Sénat "les moyens surdimensionnés de répression" et "d'intimidation" mis en place contre les écologistes. Elle a également promis de s'opposer à la dissolution des Soulèvements de la Terre par "tous les moyens légaux".

Marie-Pierre Bourgeois