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Nettoyage social

JO de Paris : le maire d’Orléans dénonce le déplacement dans sa ville de migrants exclus de Paris, la préfecture dément

Migrants, l'hécatombedossier
Dossiers liés
Le maire d’Orléans Serge Grouard (ex-LR) a dénoncé lundi 25 mars l’arrivée de quelque 500 migrants sans abri, selon lui «déplacés» en province «en catimini» pour faire «place nette» à Paris avant les Jeux olympiques de cet été. Un lien démenti par la préfecture.
par LIBERATION et AFP
publié le 26 mars 2024 à 10h09
(mis à jour le 26 mars 2024 à 12h11)

Le maire ex-LR d’Orléans (Loiret) Serge Grouard a déclaré lors d’un point presse lundi 25 mars que selon les chiffres qu’il aurait lui-même «recueillis auprès d’associations et du Centre communal d’action sociale de la ville d’Orléans», environ 500 migrants SDF auraient été transférés de Paris vers sa ville depuis un an, sans qu’il en ait été informé par les services de l’Etat. «Faute de renseignements officiels, j’ai donc croisé quelques chiffres», et «il est ainsi avéré que, toutes les trois semaines, un car arrive à Orléans de Paris, avec à son bord entre 35 et 50 personnes», a détaillé l’édile. Faute d’hébergements d’urgence disponibles, ces personnes seraient «installées pendant environ trois semaines dans des hôtels» et il est ensuite difficile «de savoir ce qu’elles deviennent».

Toujours selon le maire, «tout cela se fait en catimini», et ce dispositif semblerait «fonctionner depuis mai 2023». La préfecture du Loiret n’a pour l’heure pas réagi à ces déclarations. Serge Grouard – épinglé en 2022 par l’Humanité pour sa politique municipale visant à «faire fuir les sans-abris» – a également tenu à déclarer qu’«Orléans n’a pas vocation à accueillir la colline du crack de Paris».

En fin de matinée ce mardi, la préfecture du Loiret a toutefois démenti que l’arrivée de migrants à Orléans venant de Paris était liée à la tenue des JO olympiques. Ce dispositif «est sans lien avec l’organisation des Jeux Olympiques comme cela a été déjà expliqué en mai 2023», a martelé l’administration qui représente l’Etat dans le département.

«En vue de répondre à l’ampleur des besoins d’hébergement d’urgence en Ile-de-France, dix sas d’accueil temporaire régionaux ont été mis en place par l’Etat à l’échelle nationale pour y orienter une partie des personnes prises en charge dans le cadre d’opérations de mise à l’abri conduites chaque semaine dans cette région», a rappelé la préfecture du Loiret.

D’autres villes concernées

Orléans fait en effet partie des nouveaux «sas d’accueil temporaire régionaux» demandés par le gouvernement aux préfets en mars 2023 dans l’objectif de «désengorger» l’Ile-de-France. Répartis dans toute la France, comme à Angers ou à Geispolsheim (à côté de Strasbourg), ils visent à créer environ 500 places dans toutes les régions, à l’exception des Hauts-de-France, de l’Ile-de-France et de la Corse, pour y «orienter des personnes prises en charge lors des opérations de mise à l’abri conduites en Ile-de-France».

Selon Floriane Varieras, adjointe à la maire écologiste de Strasbourg, chargée de la ville inclusive, «on n’a pas du tout été concerté, ni pour l’implantation, ni informé de la population qui y transiterait. C’est en cela que je rejoins le maire d’Orléans, le côté un peu opaque de ce qu’il se passe». L’élu regrette également «le fait qu’on ait «zéro info» et pas de moyens supplémentaires à proprement parler dans les territoires.» Elle pointe du doigt le risque de «déplacer le problème» plutôt que de «le régler», même si elle déclare comprendre le besoin de «solidarité territoriale».

Le 30 octobre 2023, plus de 70 organisations, dont Médecins du monde ou Emmaüs France, avaient adressé une lettre ouverte au comité d’organisation des JO de Paris, aux athlètes et aux fédérations pour dénoncer les démantèlements des campements informels en région parisienne, les évacuations de foyers de travailleurs immigrés, les interdictions de distributions alimentaires, et in fine le risque d’un «nettoyage social» de la capitale et de la région francilienne.

Mise à jour : à 12h11, avec la déclaration de la préfecture du Loiret.

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