CapitalePourquoi Bourges est-elle désignée capitale européenne de la culture en 2028 ?

Mais pourquoi Bourges a-t-elle été désignée capitale européenne de la culture en 2028 ?

CapitaleLa plus petite des quatre communes françaises, encore en lice, sera l’une des trois capitales européennes de la culture en 2028. Un choix à taille humaine
La culture dans le Cher, ce n'est pas que le Printemps de Bourges.
La culture dans le Cher, ce n'est pas que le Printemps de Bourges. - SADAKA EDMOND / SIPA
Jérôme Diesnis

Jérôme Diesnis

L'essentiel

  • La ville de Bourges (66.071 habitants) a été désignée comme capitale européenne de la culture en 2028. Elle a été préférée à trois métropoles, Clermont-Ferrand, Montpellier et Rouen, autres finalistes de cette édition.
  • En optant pour Bourges, le jury a validé la stratégie de la préfecture du Cher de mettre les villes « à taille humaine » au cœur du projet européen, plutôt que les grandes métropoles, et valorisé un programme tourné vers un faible impact carbone.
  • Les retombées sont importantes pour les villes ayant obtenu le label ces dernières années. Il avait permis de modifier l’image de communes comme Lille ou Marseille, les précédents lauréats, dont les chiffres liés au tourisme ont, depuis, décollé.

Ce n’était pas la favorite sur la ligne de départ, mais c’est elle qui rafle la mise au final. Plus petite des quatre communes encore en lice pour devenir la capitale européenne de la culture en 2028, Bourges a finalement été préférée à Clermont-Ferrand, Montpellier et Rouen. Ces quatre villes étaient encore en course à l’issue d’une première vague de sélection qui avait laissé sur le flanc, en mars, les cinq autres candidates (Amiens, Bastia, Nice, Reims et Saint-Denis).

La capitale européenne de la culture, c’est quoi ?

Chaque année, deux à trois villes sont désignées comme capitale européenne de la culture. A tour de rôle, les états de l’Union européenne se voient décerner cette possibilité de désigner la cité qui représentera ensuite leur pays. En 2028, ce sera donc au tour de la France, mais aussi de la Macédoine du nord, qui avait déjà désigné sa capitale Skopje pour porter ce projet culturel, et de la République tchèque, dont le choix s’est porté sur la commune de České Budějovice. Un choix semblable à celui de Bourges de confier à une ville, peu connue à l’international, l'occasion de rayonner au niveau européen.

C’est en 1985 qu’est née l’idée de désigner une capitale européenne de la culture. Les ministres de la culture de la Grèce, Melina Mercouri, et de la France, Jack Lang, en sont à l’origine. Ils souhaitaient rapprocher les Européens en mettant en avant la richesse et la diversité des cultures du continent. Symboliquement, Athènes (en 1985), berceau de la culture européenne, puis Florence, l’année suivante, principal foyer de la Renaissance, avaient été les deux premières communes mises en avant.

Etre la capitale européenne de la culture, ça apporte quoi ?

Une vraie reconnaissance à l’internationale et un coup de fouet sur de nombreux projets, culturels, mais pas uniquement. Clermont-Ferrand, qui défendait une vision décentralisée et rurale de la culture, souhaitait ainsi « créer des passerelles entre les espaces ruraux et urbains, respectueux des hommes et des paysages. » Rouen, qui avait axé sa candidature sur la Seine, souhaitait notamment profiter de cet élan pour redynamiser les friches industrielles autour du fleuve. Pour Montpellier (associé à Sète), il s’agissait d’affirmer la place de la culture dans la septième ville de France. « La dépense de la métropole de Montpellier et de ses trente et une communes en faveur de la culture est la plus importante en France par habitant », expliquait notamment Michaël Delafosse, son maire, au moment de lancer la candidature.

Derrière ces ambitions sociales et culturelles, ce sont aussi les retombées économiques et touristiques qui ont motivé ces neuf communes à tenter de décrocher le pompon. Avant la nomination de Bourges, Paris en 1989, Avignon en 2000, Lille en 2004 et Marseille en 2013 ont tour à tour été nommées comme capitales européennes de la culture. Avec de véritables explosions économiques à la clé.

Onze millions de touristes s’étaient pressés dans la cité phocéenne en 2013, avec un quart de touristes étrangers, 60 % plus nombreux qu’en 2012. Même chose à Lille, où neuf millions de personnes s’étaient rendues en 2004. « On s’aperçoit que les villes vont faire face l’année du titre à un afflux de visiteurs, et que leurs institutions culturelles accueillent davantage de public que les années qui précèdent », résume Sylvain Pasqua, chef d’équipe coordination Capitale européenne de la culture à la Commission européenne. « Un changement d’image s’est opéré avec l’année du titre ».

Un changement qui perdure puisque les chiffres du tourisme et de ses retombées économiques, sont bien supérieurs à ceux précédant les années de capitale européenne. Selon la CCI Marseille Provence et Bouches-du-Rhône Tourisme, le Mucem, premier musée d’Etat construit hors de Paris et inauguré en 2013, génère 129,4 millions d’euros de retombées économiques sur le département. Plus généralement, obtenir ce label est « une opportunité presque unique de catalyser les meilleures intelligences, idées, talents, ressources d’une ville et de réimaginer et régénérer une ville et son territoire sur dix ans », évoque l’économiste italienne Rossella Tarantino, présidente du jury. C’est elle qui avait conduit la candidature de la petite ville de Matera, devenue capitale européenne de la culture en 2019, après une bataille acharnée parmi 21 candidatures.

Pourquoi Bourges a-t-elle été désignée capitale de la culture européenne en 2028 ?

« C’est une ville de taille moyenne, de taille humaine, mais avec de grandes ambitions », estime Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, à propos de Bourges. Le comité composé de douze membres européens (dont deux Français), a porté « une attention particulière à la contribution du projet au développement à long terme de la ville ». Ainsi qu’à « son contenu culturel et artistique, sa dimension européenne, l’implication de la société civile dans la définition et la préparation du projet présenté ou encore son budget. »

« Le programme culturel Bourges 2028 s’engage fortement en faveur d’un faible impact carbone et suit les objectifs climatiques et sociétaux 2030 de l’Union européenne », expliquait la ville pour valoriser les points forts de son projet. Une candidature « à taille humaine » également, qui souhaitait « recentrer l’Europe ». « En France, les financements ont été concentrés sur les périphéries des métropoles plutôt que sur les villes petites et moyennes », rappelle la ville. « Nous étions quelque part le Petit poucet, la ville à taille humaine, de moins de 100.000 habitants [66.071 habitants] face à des métropoles qui ont déjà gagné parce qu’elles ont toutes les trois une influence et une attractivité que Bourges n’avait pas », évoque le maire Yann Galut (DVG).

« Les villes petites et moyennes sont des territoires d’avenir et sont la colonne vertébrale de l’Union européenne ». L’humain y est présenté comme étant au cœur du projet. Un vrai engagement politique à l’heure de l’Intelligence artificielle et de ses conséquences sur les œuvres artistiques notamment. « Bourges 2028 a voulu mettre l’artiste et l’auteur au centre de son projet ». Devenir « un véritable pôle ressources pour les artistes et les auteurs en proposant notamment des services supports dans les domaines juridiques de la propriété intellectuelle, des droits intellectuels et droits d’auteur ».

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