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Pollution plastique : début des négociations à Paris sur un futur traité international

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  • France Bleu

Les négociateurs de 175 pays se retrouvent à partir de ce lundi à Paris afin de tenter d'avancer vers un traité historique pour mettre fin à la pollution plastique. Mais les Etats sont divisés sur la manière d'y arriver.

Sur la plage de Barbâtre, à Noirmoutier, en janvier. Sur la plage de Barbâtre, à Noirmoutier, en janvier.
Sur la plage de Barbâtre, à Noirmoutier, en janvier. © AFP - Maylis Rolland/Hans Lucas

En finir avec les déchets plastiques : c'est l'objectif ambitieux des 175 pays réunis à partir de ce lundi à Paris. Les négociateurs vont débattre toute la semaine, pour tenter d'avancer sur la rédaction d'un traité juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution engendrée par ce matériau devenu omniprésent.

Il y a un peu plus d'un an à Nairobi (Kenya), un accord de principe a été trouvé pour mettre fin à la pollution du plastique dans le monde, avec l'ambition d'élaborer d'ici à la fin 2024 un traité sous l'égide de l'ONU. Cinq sessions de négociations sont prévues, celle de Paris n'est que la deuxième, mais ses enjeux sont de taille.

Réduire ou recycler ?

Si les Etats participant aux négociations sont d'accord sur l'objectif, la manière d'y parvenir fait débat. Une cinquantaine de pays, dont la France, souhaitent une diminution de la production de plastique"Si on augmente nos taux de recyclage, mais qu'en parallèle on augmente notre production, on aura reculé dans la résolution du problème. Donc, premièrement on réduit, deuxièmement on majore la part de recyclage", a déclaré le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu samedi 27 mai, avant une première session de discussions avec les ministres des pays participants. .

Cette solution est également soutenue par les ONGs et les scientifiques, mais provoque la réticence de plusieurs pays asiatiques producteurs de plastique, dont l'Inde et la Chine, et des Etats-Unis. Ils préfèrent mettre l'accent sur le recyclage et la gestion des déchets. "Chaque pays doit être clair sur l'objectif" de réduire à zéro les rejets dans l'environnement d'ici à 2040, a déclaré le ministre américain Jose W. Fernandez, qui mène la délégation à Paris des négociateurs états-uniens. Mais "nous devrions laisser le soin à chaque pays de tracer sa route" pour remplir cet engagement. Actuellement, seuls 10% des déchets plastiques sont recyclés, et 22% du plastique produit finit dans la nature.

"Tout est jonché de plastique"

Le trajet risque d'être long : en effet, le monde est loin de pouvoir se passer de plastique. Sa production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait encore tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait. D'où l'urgence, soutiennent les ONGs.

"Quand j'ai commencé à naviguer, il n'y avait pas de plastique sur les plages. C'était quelque chose qui était rarissime", témoigne Isabelle Autissier, navigatrice et présidente d'honneur du WWF ce lundi sur franceinfo. "Aujourd'hui, quand je vais dans des endroits comme le nord du Spitzberg, le nord du Groenland, des endroits théoriquement complètement vierges, où il n'y a pas d'humains, tout est absolument jonché de plastique. C'est vraiment une horreur et ça fait mal au cœur."

"On n'a pas d'autre solution que de diminuer la production de plastique. C'est devenu un enjeu absolument colossal et absolument mondial", souligne Isabelle Autissier. "Il va falloir convaincre que c'est l'intérêt de tous les États de se débarrasser de ce fléau", ajoute-t-elle. En effet, la pollution au plastique coûte cher. "Aujourd'hui, pour les Etats, un kilo de plastique coûte dix fois plus cher en dépollution qu'en production", rappelle Isabelle Autissier.

Soutenir les pays en développement

"Il y a un consensus sur les enjeux et la volonté d'agir", constate Diane Beaumenay-Joannet, responsable plaidoyer de l'ONG Surfrider Foundation. Elle se dit "plutôt optimiste sur le fait qu'on avance sur une ébauche de traité" mais juge que "sur le contenu précis des obligations, ça va être compliqué, notamment sur la partie réduction de la production". De nombreuses ONGs seront présentes lors des débats, mais également des représentants de l'industrie du plastique.

Les débats devraient également porter sur les rapports entre pays en développement producteurs de plastique, et pays développés consommateurs"Ce sont les pays développés les plus consommateurs qui sont les plus pollueurs, et c'est aussi ceux qui vont faire produire dans d'autres pays et renvoient leurs déchets dans d'autres pays", pointe Diane Beaumenay-Joannet.

Le sujet s'est invité aux discussions préliminaires ce week-end. "Nous avons abordé la question d'une meilleure collecte et du recyclage, et notamment l'accompagnement des pays en développement qui rencontrent parfois plus de difficultés à collecter", a souligné samedi la secrétaire d'Etat à l'écologie Bérangère Couillard.

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