Israël - Hezbollah : une guerre avec le Liban ?

15 octobre 2023 : des volutes de fumée près d'un site militaire israélien situé à la frontière sud du Liban, à la suite d'un bombardement du Hezbollah. ©AFP
15 octobre 2023 : des volutes de fumée près d'un site militaire israélien situé à la frontière sud du Liban, à la suite d'un bombardement du Hezbollah. ©AFP
15 octobre 2023 : des volutes de fumée près d'un site militaire israélien situé à la frontière sud du Liban, à la suite d'un bombardement du Hezbollah. ©AFP
Publicité

Depuis le 7 octobre, les tirs se sont intensifiés à la frontière entre le Liban et Israël, entre le Hezbollah et Tsahal. Les territoires ont été peu à peu évacués de part et d’autre. Le Liban pourrait-il basculer dans une nouvelle guerre avec Israël ?

Avec
  • Aurélie Daher Enseignante-chercheuse à Paris-Dauphine et à Sciences Po Paris

Depuis le 7 octobre, une escalade des hostilités s'est produite à la frontière entre le Liban et Israël, opposant le Hezbollah à Tsahal. Les deux camps ont progressivement vidé la zone de leurs habitants. Existe-t-il un risque que le Liban entre dans un conflit majeur avec Israël ?

Israël, Liban : une frontière complexe

Alors que la frontière entre le Liban et Israël est au cœur de l’actualité, Aurélie Daher rappelle sa singularité : “c’est une frontière complexe. Elle a fait l’objet d’un tracé officiel par l’ONU en 2000, suite à vingt-deux ans d’occupation israélienne. Une 'ligne bleue' a été tracée, sans satisfaire ni le Liban ni la Syrie”.

Publicité

Il existe par ailleurs une sorte de “poche” que constituent les Fermes de Chebaa, un espace agricole extrêmement riche qui fait l’objet de conflits depuis les années 2000 entre Israël et le Hezbollah. “Cette zone frontalière sert un peu de test : on lance une roquette, on attaque un bâtiment, et on voit quelle est la réaction de l’adversaire. Même s’il n’y a actuellement pas de conflit intense, il y a néanmoins 25 000 personnes qui ont été déplacées aujourd’hui“, précise l'enseignante-chercheuse à Paris-Dauphine et à Sciences Po Paris.

Le Hezbollah : une histoire liée à Israël

“Le sud du Liban est un espace où le Hezbollah est présent, mais l’armée libanaise aussi. Il y a aussi les casques bleus, qui eux sont des observateurs neutres et ont plutôt vocation à jouer les intermédiaires”, explique Aurélie Daher. Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah ne sont pas nouveaux dans l’histoire et permettent de rappeler l’histoire de ce groupe : “on associe souvent le Hezbollah à un mouvement islamiste d’origine iranienne. Or, le Hezbollah est une création libanaise et l'ayatollah Khomeini était même contre l’idée d’un Hezbollah iranien. Cependant, l'envoi iranien de quelques centaines d’hommes dans les années 1980 donne lieu à une “résistance islamique au Liban”, qui avait pour seul objectif de renvoyer les Israéliens de l’autre côté de la frontière. Ce groupe avait besoin d’une vitrine civile et d’un réseau d’associations qui le soutiennent et assurent sa communication. Cette annexe civile, c’est le Hezbollah”, ajoute-t-elle.

Une guerre est-elle possible ?

Aujourd’hui, l’agenda du Hezbollah semble flou. Selon Aurélie Daher, “l’armée libanaise ne bougera pas, car elle n’en a pas les moyens. Elle est en sous-effectif et est sous-formée. Du côté du Hezbollah, les choses vont continuer, mais leur action s’arrêtera quand les incidents à Gaza cesseront. Si un conflit important devait avoir lieu, il y a longtemps qu’il aurait eu lieu”, estime l'enseignante-chercheuse.

L'équipe