Le président Emmanuel Macron a exhorté vendredi les industriels de défense français à accélérer le passage au "mode économie de guerre" afin de répondre plus vite aux besoins de l'Ukraine.

"Nous continuerons à aider les Ukrainiens" car "on ne peut laisser la Russie penser qu'elle peut gagner (...) Une victoire russe, c'est la fin de la sécurité européenne", a affirmé le chef de l'Etat lors de ses voeux aux armées sur la base navale de Cherbourg (Manche).

Interrogé pour sa part sur la chaîne LCI vendredi soir, le ministre des Armées Sebastien Lecornu a estimé que la Russie était "forcément responsable" de toute "escalade" et des frappes ukrainiennes sur son sol, qui se multiplient.

"S'il y a escalade, c'est condamnable, mais c'est forcément la Russie qui en est responsable. Attention à ne pas faire passer la victime pour l'agresseur", a déclaré M. Lecornu, tout en démentant que les missiles de longue portée Scalp français servent à frapper le territoire russe.

Au moment où Paris a annoncé de nouvelles livraisons d'armes et alors que le chef de l'Etat est attendu en février en Ukraine pour conclure un accord de sécurité avec Kiev, M. Macron a insisté sur une nécessaire "économie de guerre".

"La France a un rendez-vous avec son industrie de défense, une industrie en mode économie de guerre" avec "une capacité de production plus rapide et plus forte", a insisté M. Macron.

Devant un parterre de hauts gradés et d'acteurs du secteur de la défense, il a fustigé la "forme d'engourdissement satisfait" qui avait gagné le secteur avant l'invasion de l'Ukraine.

"Je demande à chaque patron d'être totalement concentré sur les enjeux de production et d'approvisionnement. Il ne faut plus jamais se satisfaire de délais de production qui s'étalent sur plusieurs années", a martelé le président.

Macron veut une "économie de guerre" pour aider l'Ukraine

Paris, critiqué à l'étranger pour la faiblesse de son soutien, a multiplié cette semaine les annonces d'aide militaire à Kiev: une quarantaine de missiles longue portée Scalp supplémentaires, une cinquantaine de bombes AASM (armement air-sol modulaire) par mois pendant un an, une montée en puissance de la production d'obus de 155 mm et le financement de douze canons Caesar supplémentaires.

Le président a délivré vendredi un satisfecit à l'amélioration des cadences de production du canon Caesar, du missile Mistral, de l'avion Rafale ou des radars de Thales.

Mais "d'autres ont tardé à comprendre le changement de contexte stratégique, l'importance de pouvoir livrer vite" et "ont, depuis un an et demi, manqué parfois des contrats et je le regrette", a-t-il glissé.

Jeux olympiques et SNU

Le président est par ailleurs revenu sur le départ des derniers militaires français du Niger fin décembre, "une manoeuvre menée à la perfection" qui a mis fin à dix ans d'opération antijihadiste au Sahel des armées tricolores, poussées auparavant vers la sortie au Mali et au Burkina Faso par des juntes hostiles.

Macron veut une "économie de guerre" pour aider l'Ukraine

"Nous pouvons être fiers du travail fait par les armées françaises, fiers de la France et son engagement dès 2013" face à la menace jihadiste au Sahel, a-t-il assuré.

Il a également évoqué les engagements des armées dans d'autres points chauds du globe: océan Indien et Pacifique, golfe Arabo-Persique ou dans l'est de l'Europe.

Depuis que la guerre entre Israël et le Hamas a embrasé le Proche-Orient, un porte-hélicoptères, le Dixmude, reconditionné en hôpital militaire et envoyé dans les eaux égyptiennes, a soigné "plus d'un millier" de civils gazaouis blessés par les bombardements israéliens sur Gaza, a salué M. Macron.

En mer Rouge, la Marine française s'est aussi illustrée début décembre en tirant des missiles en "légitime défense" face à des attaques des rebelles yéménites Houthis.

Plusieurs pays européens menés par la France et l'Italie sont en discussion pour l'envoi d'une mission européenne dans la zone pour protéger cette voie maritime cruciale pour la sécurité économique de l'Europe.

Macron veut une "économie de guerre" pour aider l'Ukraine

Les armées seront également très sollicitées en 2024 pour les Jeux olympiques qui mobiliseront cet été "plus de 15.000 militaires", selon M. Macron.

Le président avait visité dans la matinée les Constructions mécaniques de Normandie, mobilisées par la commande de deux patrouilleurs dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, en hausse historique de 40% par rapport à la précédente.

Emmanuel Macron a ensuite rencontré des jeunes du service national universel (SNU). L'exécutif vise la généralisation du SNU en classe de seconde d'ici la fin du quinquennat, en 2027, de source gouvernementale.