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L’Ukraine est loin d’être le seul pays à importer massivement des armes. C’est ce que dévoile le rapport annuel de l’Institut International de recherche sur la paix, basé à Stockholm qui fait autorité sur le sujet. Le commerce des armes fonctionne à plein en Europe, en Asie et au Moyen-Orient.
Bien sûr, il y a l’Ukraine. Ses importations d’armes ont été multipliées par 60 en un an !
Mais Kiev importe surtout du matériel de seconde main. Conséquence : même avec la guerre, l’Ukraine n’a été, l’an dernier, que le 3ème importateur d’armes au monde, en valeur, pas le premier.
D’abord, il y a le boom du commerce en Europe. Les importations d’armes des pays européens ont quasiment doublé en 2022 : + 93%.
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Le retour de la guerre sur le sol européen et la menace russe poussent quasiment tous les pays du continent à se réarmer. Et le rapport le souligne, tout y passe : avions, chars, sous-marins, navires, drones, missiles, anti-missiles.
Exemples les plus spectaculaires : la Norvège (importations en hausse de 285%), les Pays-Bas (hausse de 300%), l’Allemagne (100 milliards d’investissement).
Et le plus impressionnant, la Pologne, qui entend posséder la première armée d’Europe d’ici 2030 et porter à 5% la part de son PIB consacrée à la défense (en France c’est 2%).
La Pologne, tenez-vous bien, a passé commande depuis 2018, de 1394 tanks, 672 canons, 298 lance-roquettes, 80 avions, 96 hélicoptères. Principal fournisseur : la Corée du Sud.
A ces pays importateurs, il faut ajouter les pays qui ont leur propre industrie de défense et qui font aussi un effort considérable : la France ou le Royaume-Uni.
Ce rapport est catégorique : la course aux armes va continuer en Europe.
Le Qatar et l'Inde devant l'Ukraine
Ça c’est pour l’Europe. Et il y a aussi l’Asie et le Moyen-Orient, certains pays en particulier.
En tête de liste : l’Inde et surtout le Qatar. Voilà les deux plus gros importateurs d’armes en 2022, devant l’Ukraine, seulement troisième.
Parce que le Qatar et l’Inde, contrairement à l’Ukraine, investissent dans du matériel neuf qui coute cher.
Et ces deux pays ont beaucoup acheté auprès de qui ?
De la France, désormais solidement placée au 3ème rang des exportateurs avec 11% du total mondial. La vente des sous-marins et des avions (les Rafale) porte cette stratégie.
Soit dit en passant, les États-Unis écrasent ce ‘palmarès’ des vendeurs d’armes.
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Mais revenons-en aux pays importateurs : le Qatar et l’Inde ne sont pas les seuls à dépenser sans compter dans leurs régions respectives.
Au Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite et les Émirats, fournis essentiellement par les États-Unis, talonnent le Qatar.
En Asie, l’Indonésie, le Japon et la Corée du Sud enregistrent également une hausse spectaculaire de leurs importations. + 60% pour la Corée du Sud, + 170% pour le Japon, qui mi-décembre a annoncé un doublement de son budget de défense.
Et là encore, c’est comme pour l’Europe, cette étude ne parle pas des pays qui produisent eux-mêmes leurs armes : en particulier la Chine, production de plus en plus locale, 2ème budget militaire au monde.
Des zones de tension nombreuses
Tout ça est le reflet de zones de tension multiples et comme aurait dit Boris Vian, le petit commerce des marchands de canon se porte bien.
Au total, les dépenses militaires dans le monde dépassent les 2000 milliards par an, un chiffre vertigineux.
Ce phénomène a précédé la guerre en Ukraine : même la pandémie de Covid à son plus fort en 2020 n’avait pas ralenti ce phénomène. La récession mondiale n’avait pas touché les ventes d’armes.
Cette évolution devrait s’accentuer dans les années qui viennent. Avec davantage de production locale, en Chine comme en Europe.
C’est le reflet d’un monde à cran.
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En Europe, c’est la crainte d’une extension du conflit ukrainien, par exemple dans les marges de la Russie, en Moldavie, en Géorgie.
En Asie, c’est le risque toujours présent d’un conflit entre l’Inde et le Pakistan, la rivalité entre l’Inde et la Chine en zone Indopacifique, la forte tension avec la Corée du Nord et sa menace nucléaire.
Au Moyen-Orient, la menace est également nucléaire, c’est celle de l’Iran. Israël et l’Arabie Saoudite ne pourront rester immobiles en face.
Ça fait donc beaucoup de lignes de fractures.
La course aux armements n’implique pas nécessairement qu’il y aura plus de conflits. Elle peut aussi créer des situations de dissuasions mutuelles.
Mais elle témoigne quand même d’un climat d’inquiétude général.
Désolé pour la tonalité pessimiste de ce soir, mais tout ça ne dessine pas un monde très rassurant !
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