En mai dernier, le journal britannique The Guardian mettait en lumière les émissions de méthane “hallucinantes” du Turkménistan. Un pays dont “les deux principaux champs d’hydrocarbures ont davantage contribué au réchauffement climatique en 2022 que la totalité des émissions carbone du Royaume-Uni”, soulignait le quotidien.

Entre 2019 et 2022, des données satellitaires ont permis de détecter 840 événements de “superémissions” issus de fuites de puits, de sites de stockage ou de conduites sur le territoire du Turkménistan, un record mondial, rapportait The Guardian.

Ce 13 juin, le même quotidien informe que le président turkmène “a lancé deux initiatives destinées à réduire les fuites de méthane colossales du secteur national des hydrocarbures”.

“En cas de succès, ce serait une avancée majeure pour limiter la crise climatique.”
Fuites de méthane en 2022
Fuites de méthane en 2022 Courrier International

Feuille de route

Le président, Serdar Berdymoukhammedov, a approuvé le 10 juin “une feuille de route”, explique The Guardian, “ouvrant la voie à la nation d’Asie centrale pour rejoindre les 150 pays qui ont déjà signé l’engagement mondial sur le méthane visant à réduire de 30 % en 2030 les émissions de méthane”.

“En outre, une commission gouvernementale transversale se consacrera à la réduction des émissions de ce gaz à effet de serre très puissant”, en particulier à court terme.

La feuille de route prévoit notamment une coopération avec des partenaires étrangers et avec l’Observatoire international des émissions de méthane (Imeo) des Nations unies. “Il est très encourageant qu’une action mondiale soit engagée afin d’aider le Turkménistan à diminuer ses émissions de méthane”, souligne le directeur de l’Imeo, Manfredi Caltagirone.

Des annonces suivies d’effet ?

“Les investissements étrangers pourraient se révéler cruciaux pour mettre fin à ces fuites”, note en effet The Guardian, qui cite une récente chronique parue dans Eurasia Review, selon laquelle le gouvernement turkmène est “allergique à consentir lui-même des dépenses”.

“Après les annonces, cependant, le véritable travail commence pour réduire effectivement les émissions”, prévient le patron de l’Imeo. Le président Berdymoukhammedov avait déjà assuré par le passé que son pays faisait des efforts pour réduire ses émissions, rappelle The Guardian, sans évolution notable des fuites de méthane observées par satellite au Turkménistan.