Face à la recrudescence des actes hostiles aux juifs en France, le président du Sénat, Gérard Larcher, et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ont appelé « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République » à participer dimanche 12 novembre à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme.
Pour permettre aux Français qui souhaitent s’associer à cette initiative partout en France, l’Association des maires de France (AMF) a appelé, jeudi 9 novembre, à un rassemblement devant chaque préfecture de département dimanche à 15 heures, au moment du départ de la marche prévue à Paris – sauf en Ile-de-France où l’AMF exhorte « à participer massivement » au rassemblement prévu dans la capitale. « C’est l’unité même de notre nation qui est en cause et que tous les citoyens doivent défendre », affirme l’AMF dans un communiqué.
Emmanuel Macron doit s’exprimer d’ici dimanche
De son côté, Emmanuel Macron, qui n’a toujours pas annoncé s’il participerait ou non à la marche de dimanche à Paris, s’exprimera sur cet enjeu dans les prochains jours, ont affirmé jeudi des conseillers du camp présidentiel. Le format et le moment précis n’ont pas encore été arrêtés.
Mercredi, dans un discours devant le Grand Orient de France, principale obédience française de la franc-maçonnerie, le président de la République a déjà eu des mots très durs contre le regain d’antisémitisme dans le pays, particulièrement depuis la guerre au Proche-Orient déclenchée par l’attaque sans précédent menée le 7 octobre en Israël par le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Il a épinglé ceux qui « préfèrent rester ambigus sur la question de l’antisémitisme par souci de flatter de nouveaux communautarismes », visant La France insoumise (LFI), qui refuse de s’associer à la marche transpartisane de dimanche.
Mais aussi ceux qui « prétendent soutenir nos compatriotes de confession juive en confondant le rejet des musulmans et le soutien des juifs, en refusant (…) de condamner clairement leur position passée et tous les mots définitifs d’hier », dans une allusion à l’extrême droite.
Le Rassemblement national (RN) a, en effet, annoncé sa participation à la marche, plongeant la gauche et les macronistes dans l’embarras. Mercredi soir, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher ont annoncé sur TF1 qu’ils « défileront en tête de ce cortège », mais « pas à côté du Rassemblement national ». Le lendemain, dans un communiqué commun, ils ont appelé à cesser les « polémiques inutiles », car « marcher dimanche est une démarche individuelle, apartisane et citoyenne. (…) Ce moment d’unité nationale est un devoir ».
Le CRIF « ne souhaite pas » que le RN participe à la marche
Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a dit sur LCI ne pas souhaiter la venue du RN à la marche de dimanche. « Nous ne souhaitons pas que des personnes qui sont héritières d’un parti fondé par des anciens collaborateurs soient présentes », a-t-il déclaré, accusant le RN d’« une forme d’instrumentalisation de cette marche qui est indécente ». « En annonçant qu’il participerait à cette manifestation, le Rassemblement national savait qu’il créerait la polémique, qu’il détournerait la manifestation de son objet principal qui est la lutte contre l’antisémitisme », a-t-il accusé, critiquant « une forme d’instrumentalisation de cette marche qui est indécente ».
Dans la soirée, M. Arfi a toutefois convenu que « le Crif n’est pas organisateur de la manifestation » et qu’il ne lui appartenait « donc pas de lancer ni invitations ni interdictions ».
L’avocat et historien de la déportation Serge Klarsfeld a lui défendu une position inverse, jugeant la présence du RN « tout à fait positive ». « L’ADN de l’extrême droite, c’est l’antisémitisme. Donc, quand je vois un grand parti issu de l’extrême droite abandonner l’antisémitisme, le négationnisme, et marcher vers des valeurs républicaines, je m’en réjouis », a déclaré dans un entretien au Figaro l’ancien chasseur de nazis.
De son côté, le député RN Jean-Philippe Tanguy a laissé entendre que son parti ne défilerait pas au premier rang de la manifestation : « C’est pas plus mal finalement qu’on ne soit pas en tête de cortège », a-t-il affirmé sur BFM-TV et RMC.
Par ailleurs, si LFI a décidé de ne pas participer à la marche parisienne de dimanche, le député François Ruffin a annoncé qu’il se rendrait pour sa part dimanche à une manifestation à Strasbourg. « Avec, là-bas, un appel clair des organisateurs : non, le Rassemblement national, l’extrême droite, n’y sont pas les bienvenus », a-t-il écrit sur X. LFI décidé de se rendre, jeudi soir, à un rassemblement à l’appel de l’association Mémorial 98 et du Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes en mémoire des victimes de la Nuit de cristal, dont c’est le 85e anniversaire.
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